Pénurie médicale : le pire est à venir

Le territoire perd peu à peu ses médecins, malgré tous les efforts des élus pour faciliter leur installation. Et le pire est à venir, à 3 ans.

Pour le Président Philippe Martin et le 7ème Vice-Président Yves Gérard, impossible de dresser un état des lieux de l’offre de soins sur le territoire de la CdC Haute Sarthe Alpes Mancelles (CCHSAM) sans convoquer l’histoire. Sauf à vouloir taire que, si cette offre est globalement très déficitaire, la grande CdC elle-même ne peut faire qu’avec ce qu’on lui a laissé en héritage, au moment de la fusion, le 1er janvier 2017. Ce n’est surtout pas désigner les élus des trois ex-CdC (Portes du Maine normand ; Alpes Mancelles, Pays Belmontais) comme responsables de cette carence. Au contraire, c’est démontrer que, malgré une politique fort volontariste, ils ont été piégés dans la même souricière : la pénurie de médecins. Résultat : C’est à un agrégat de manques que la CCHSAM doit faire face.

Désert annoncé

Dans l’ex-CdC des Portes du Maine normand, les élus avaient réussi à faire tourner une maison médicale à Fyé, avec 2 médecins libéraux. Aujourd’hui, l’un d’eux a fait valoir ses droits à la retraite… et le second cessera son activité en février 2018. L’exCdC s’était adjointe les services d’un cabinet de recrutement, dès mars 2016. « Pour l’instant, celui-ci a fait chou blanc ». Oui, 18 mois de recherche, en vain. Le cabinet de recrutement a « l’obligation de réussir » pour être rétribué, exceptée une somme forfaitaire de 5 000 €, qui lui est acquise. Ce secteur territorial risque de devenir le désert du paysage médical de la CCHSAM.

Façon puzzle

L’offre médicale a été au centre des préoccupations de l’ex-CdC des Alpes Mancelles à partir de 2009. « On a essayé à plusieurs reprises de mettre en place une maison médicale avec des médecins libéraux ». A force que leurs efforts patinent, les élus ont finalement décidé de construire des locaux à Fresnay, qui ont ouvert fin 2015. Maintenant qu’on avait les murs, il n’y avait plus qu’à. Et des pro-fessions paramédicales se sont en effet installées… mais de mé-decin, point. « Nous avons alors décidé d’ouvrir un centre de santé dans ces locaux, avec des médecins salariés ». L’af-faire a démarré fin février 2016 avec des docteurs vacataires. En novembre de la même année, le premier médecin permanent les a rejoints, à temps partiel. Il a été embauché en CDD, pour 3 ans. Pas question, pour Yves Gérard, de s’appesantir sur le côté puzzle du remplissage du centre. « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a une offre médicale 60 heures sur 5 jours et pendant toutes les vacances ».

Pas question non plus pour le 7ème Vice-Président de rabaisser le niveau de ses objectifs. « Bien sûr qu’on espère étoffer, en augmentant la possibilité de salariat ! Si un docteur vient et accepte 35 heures sala- més ! ». En revanche, il serait injuste d’alarmer la population, en oubliant des lignes au bilan. « Sur Fresnay, on a aussi un couple de médecins libéraux formidables, qui font par-tie de cette offre médicale. Nous sommes complémen-taires ». Comme il serait injuste de taire qu’aujourd’hui, faute d’offre médicale suffisante, des patients vont consulter à Sillé-le-Guillaume. Il est cependant « impossible » de les quanti-fier. « Le centre de santé, ce n’est pas un SAMU. Libé-raux, salariés, tout le monde fait au mieux, mais il y a un moment où il n’est plus rai-sonnable d’accueillir. Le lundi matin, tout est complet pour la semaine ». Et… un médecin vacataire va s’en aller.

Sur l’ex-CdC du Pays Belmontais, la maison de santé pluridisciplinaire en construction à Beaumont devrait être livrée en janvier 2018. Un projet qui est le fruit d’une initiative commune à ses élus et aux professionnels de santé. Janvier 2018, c’est demain. Reste que 4 des 8 médecins qui vont consulter dans cette nouvelle structure vont cesser leur activité « dans les 2 à 3 ans ». C’est presque après-demain. Les élus auront-ils assez de temps pour éviter que, comme autour de Fyé, les terres belmontaises s’assèchent ? Sachant que le vide dans une maison de santé de la taille de celle de Beaumont aurait encore plus d’écho.

F.A.