Les Alpes Mancelles

Pierre Hellier, défenseur des maisons médicales dotées de médecins libéraux

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Sur la question ancienne de la pénurie de médecins, Pierre Hellier * fait preuve d’une vision politique que sa qualité de médecin nourrit.

Il y tient, Pierre Hellier, au concept de maison médicale, qu’il a largement contribué à faire naître. Il avait en effet pointé la volonté des médecins de « travailler ensemble, pouvoir s’entraider, se remplacer et bénéficier d’un secrétaria­t commun ». Et puis, il était animé par la conviction que « c’était la meilleure chance d’attirer les médecins ». Enfin, Pierre Hellier jugeait qu’il était hautement préférable que les élus paient leurs propres infrastruc­tures, au lieu des docteurs, qui, en échange, s’acquittaie­nt d’un loyer.

Ré-enchanter le métier

« Le métier de généralist­e, il faut le promouvoir. Le généralist­e, c’est la base ». Et qu’on cesse de porter – CPAM comprise- un regard suspicieux sur la profession. Au contraire, elle a, selon Pierre Hellier, besoin d’être aidée. Il pointe d’ailleurs que « cette médecine générale commence à être revalorisé­e ». Il est temps qu’on réalise que c’est un métier « fatigant », d’autant qu’il oblige à vivre avec « l’angoisse permanente de l’erreur », qui est un fardeau. Et ce n’est pas la tendance procéduriè­re actuelle qui arrange les choses. Il y a là déjà assez pour expliquer que la profession de généralist­e ne soit pas attractive.

Non à l’achat des médecins

« C’est vrai que les gens ont été surpris de découvrir la taille de la maison médicale de Beaumont ». Mais il ne faudrait rien y voir d’autre qu’une maladresse politique. Car, au total, si cette structure « est peutêtre trop grande, elle en est d’autant plus accueillan­te ». Et l’idée de bâtir une pièce et de ne pas l’aménager ne serait pas mauvaise, loin de là.

« Ce qui me gênerait, c’est d’acheter les médecins. En revanche, qu’on leur apporte tout le confort nécessaire à l’exercice de leur métier, d’accord ». Pierre Hellier n’est pas pour aller au-delà de la dispense de loyer, le temps qu’un docteur nouvelleme­nt installé se fasse sa clientèle.

Non au salariat

« Je suis contre le salariat total ». Pierre Hellier estime que celui qui ne se crée pas sa clientèle peut avoir envie de partir. Au contraire, il croit qu’entre les deux parties, s’instaure « un échange de fidélités ». « Quand une commune salarie son médecin, c’est comme s’il allait au bureau et je n’entends détruire ni les fonctionna­ires, ni le salariat ». Le recours aux stagiaires ne trouve guère plus de grâce à ses yeux. « On peut conforter une équipe pendant un moment, mais il faut garder le lien charnel qui unit le médecin à sa clientèle ».

« Pression folle » sur les maires

« Je préfèrerai­s ne pas faire appel aux cabinets de recrutemen­t, mais comment ? ». Pierre Hellier juge que les élus sont parfois quand même « contents de les trouver », sachant que « la pression de la population sur les maires est folle, ils se font insulter quand le médecin manque ».

Effet domino ?

« Les pharmacies ne sont pas si à l’aise qu’on le croit, sauf si la parapharma­cie les aide ». La pénurie de médecins laisse craindre que les pharmacies soient mises en danger, quand ce n’est pas déjà fait. Reste qu’en zone rurale, il est plus difficile d’écouler des produits courants, comme le shampoing, à des prix soutenus. Pourtant, « si elles ne vendent pas des produits autres que ceux des prescripti­ons, ce n’est plus possible ».

F.A.

* P. Hellier a été député de la 1ère circonscri­ption de la Sarthe jusqu’en 2007 et VicePrésid­ent du Conseil général jusqu’en 2001. Sa profession était médecin.

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