Le président d’Eiffage promet de nouvelles mesures mais…
A l’occasion d’une réunion provoquée par le Préfet et les maires des communes traversées par la LGV, le président d’Eiffage s’est engagé à faire de nouvelles mesures mais…
Le Mans. « SNCF halte au massacre de nos vies ». Devant la grille de la Préfecture, Sylvie et Alain Sirquin, un couple de riverains de la LGV, habitant Chantenay-Villedieu, brandissent un carton affichant leur détresse. Ils attendent que les parlementaires et les maires sarthois des communes traversées par la LGV sortent de leur réunion avec le Préfet, Nicolas Quillet, et le président d’Eiffage, Marc Legrand. Les riverains n’étaient pas conviés.
Une rencontre provoquée, ce lundi 18 septembre, par le Préfet sur demande du sénateur Jean-Pierre Vogel et des maires sollicités par les voisins de la LGV excédés par le bruit.
Pas question de mesurer les pics
« En Sarthe, certains maires ont plus de 200 réclamations et ce sont les communes les plus rurales qui font remonter le plus ces réclamations », fait savoir Marie-Christine Morice, présidente de l’association des communes traversées par la LGV Bretagne Pays de la Loire. « Le plus gros des réclamations sont faites par des riverains qui ne pensaient pas être concernés par le bruit, qui sont à 200 - 400 - 500 mètres de la ligne, d’où l’importance des doléances », constate-telle.
Lors de la réunion, Marc Legrand, président d’Eiffage s’est engagé à « vérifier les calculs et les confronter avec une campagne de mesures pour vérifier si les seuils sont dépassés. S’il s’avère que c’est le cas, nous prendrons des mesures ».
100 mesures de bruit seront prises par la Serama sur des sites choisis par les maires. Seul bémol et de taille, Eiffage conserve « le mode de calcul sur lequel il s’était engagé : de 22 hà 6 h et de 6 h à 22 h ». Pas question de mesurer le bruit lors de chaque passage mais bien de faire une moyenne sur ces créneaux de huit heures.
Les membres de l’association n’en attendent rien. « Aujourd’hui Eiffage reste dans ce qui avait été proposé au départ. Sous la pression des parlementaires et des communes, l’audit va être avancé pour savoir si la LGV est dans le spectre prévu. Ils restent sur ces tests réglementés. Ils démontreront que l’on reste dans la moyenne acceptable. Nous, on parle de pics sonores qui peuvent être très intrusifs dans la vie des riverains. On est sceptique ».
« Il y a les chiffres et il y a l’humain »
Régis Cerbelle, le maire de Chantenay-Villedieu, autre commune très impactée, l’est tout autant. « Le sénateur Jean-Pierre Vogel est venu avec moi, nous avons fait deux matinées de prise de son dans sept communes. Je suis allé chez un de mes concitoyens très impacté, de 6 à 9 h et de 17 h à 22 h pour me rendre compte ce que représentent les fameux pics. C’est invivable, c’est quelque chose qui risque de déboucher sur des drames humains. Eiffage répond qu’elle est en phase et conforme. Il y a les chiffres et il y a l’humain ». Il estime que ses « concitoyens ont le sentiment d’être des condamnés à perpétuité pour le seul délit d’avoir voulu vivre dans un territoire rural ». Les élus ne baissent pas les bras pour autant « peut-être que l’on sera amené avec les riverains à réfléchir à d’autres méthodes d’action ».
La présidente estime que les riverains devront à leur tour créer leur association. « Notre association ne représente que des communes, il va falloir que les riverains se constituent en collectif pour avoir ce poids qui pourra les porter vers le tribunal administratif s’ils peuvent démontrer que ces tests ne correspondent pas aux nuisances qu’ils subissent ». Dans l’immédiat, les élus de l’association vont déterminer les 100 points de mesure tout au long de la ligne « sans se faire aucune illusion ». A la différence de Pierre Dubois, maire de Lavardin. « La réunion a été plutôt constructive mais il y a une différence majeure entre les mathématiques et le ressenti. On se sent assisté, l’ensemble de nos politiques sont du côté de ceux qui souffrent. On attend maintenant la suite ». Julie HURISSE. N.B. La même réunion se tenait à Laval, avec les élus et les maires des communes concernées mardi 19 septembre et aura lieu à Rennes le 3 octobre.