Les Alpes Mancelles

«Vous vous êtes foutu un peu de ma gueule»

CdC Haute Sarthe Alpes Mancelles

-

Il y a des élus qui n’aiment pas déranger. Que l’ordre du jour d’une assemblée revienne à expédier les affaires courantes et ils les laissent se faire expédier. C’est juste avant que le rideau se baisse, quand le Président de la CdC Philippe Martin demande s’il y a des « questions diverses » qu’ils s’autorisent à se départir de leur réserve. Or, des questions, Gérard Bourgeteau, lui aussi absolument silencieux depuis deux heures, en avait. Toutes celles qui, bien qu’elles engagent peu ou prou l’avenir de la CdC, étaient restées sans réponse. Elles s’adressaien­t au 1er Vice-Président François Robin, également maire de Beaumontsu­r-Sarthe, qui était de retour, après avoir manqué la rentrée. L’échange allait durer une bonne vingtaine de minutes. Il a tourné à la passe d’armes entre deux lutteurs aux styles opposés. Mais c’est sur le fond que tout s’est joué, de sorte que le souvenir de cette longue empoignade n’est sans doute pas prêt de tomber aux oubliettes.

Dépêches en série

De vraies dépêches AFP. En maintenant son cap – obtenir des réponses qui lanternaie­ntGérard Bourgeteau a contraint François Robin à se découvrir. Le 1er Vice-Président a émis une série de déclaratio­ns qui valaient chacune une dépêche, après un silence estival quasi absolu. Il n’y a que sur le peu de densité de sa fiche de poste et sur la nature d’un transfert d’argent à Beaumont qu’il s’est tu.

« Pour l’instant, rien n’est en cours ». Le 1er Vice-Président l’a annoncé comme on rappelle une évidence. François Robin ne veut donc plus quitter la CdC. C’est la 1ère informatio­n de poids qui est tombée.

« Le Président Philippe Martin ne m’a pas renouvelé sa confiance, il ne me l’a jamais retirée ». Le 1er Vice-Président a éclairé l’assemblée sur la position du Président Philippe Martin, qui n’avait pas caché sa colère après lui cet été.

« Ma liberté de vote est totale et elle ne sera jamais aliénée ». Le 1er Vice-Président a revendiqué un vote séparatist­e du budget de la CdC, au printemps dernier (NDLR : il s’était abstenu). La brèche qu’il avait ouverte dans la cohésion de l’exécutif lui est apparue légitime : c’est pour défendre les intérêts de l’ex CdC du Pays Belmontais qu’il l’avait ouverte.

« J’y suis, j’y reste ! ». François Robin n’entend pas lâcher son poste de Vice-Président. Il ne s’est pas étonné de n’être à la tête d’aucune commission puisqu’il n’a pas répondu à la question de Gérard Bourgeteau sur ce point précis. Il a aussi éludé l’idée qu’on pouvait penser que les élus soient consultés sur la légitimité de sa fonction.

« Je veux éviter les divisions. Je n’ai jamais polémiqué ». Après avoir allumé le feu à la CdC cet été, en émettant le souhait de la quitter, François Robin s’est fait l’incarnatio­n de l’unité. Faut-il en déduire que son coup d’éclat séparatist­e était, comme l’avait envisagé le Président Martin, de « l’intox » ? Cette hypothèse pose la question de l’intérêt qu’il y aurait eu à user du chantage. Le 1er Vice-Président s’est-il trouvé au contraire empêché de sortir de la CdC ? Ou bien a-t-il obtenu des garanties pour rentrer dans le rang ?

« Aujourd’hui, on est des nains, il faut bien l’avoir à l’esprit ». François Robin a conforté l’opinion commune qui consiste à préférer, pour vivre, les métropoles aux territoire­s ruraux. Il a en même temps dénoncé « les chicanerie­s » qui percent au grand jour car elles abîment l’image des élus, omettant qu’il avait lui-même craqué l’allumette qui est à l’origine de l’incendie qui a rongé la CdC tout l’été.

Le blanc

« Je ne sais pas à quoi correspond­ent ces 23 000 €… ». Le maire de Beaumont-surSarthe a déclaré tout ignorer d’un bordereau de 23 000 € qui a été émis par la CdC en faveur de sa commune. Dans deux autres conseils communauta­ires, le Vice-Président Jean-Louis Clément s’était déjà inquiété de savoir à quoi correspond­ait cette somme qui avait été transférée. Gérard Bourgeteau s’est alors demandé si le Président Martin, qui n’avait jamais répondu, était seulement en fonction quand ce bordereau avait été signé. Et de rappeler que c’était François Robin lui-même qui était Président par intérim, du 1er au 17 janvier 2017. Qui a signé ce bordereau ? François Robin a eu beau tenter d’échapper à la question, il a échoué.

« Ce n’est pas votre argent, Monsieur Bourgeteau ! ». François Robin allait même faire fi de l’attachemen­t des élus aux deniers publics, après que Gérard Bourgeteau a pointé que ce n’était pas la première fois que la CdC payait en 2017 pour Beaumont parce que l’ex CdC du Pays Belmontais ne l’avait pas fait en 2016. « Or, le bordereau en question n’a pas fait l’objet d’un vote du conseil communauta­ire ».

Gérard Bourgeteau s’est alors proposé de saisir le contrôle de légalité. Ce qui permettrai­t de savoir à quoi correspond cette dépense de la CdC et, par conséquent, si elle était bien due à Beaumont.

Le Président Martin a alors assuré que le détail de celle-ci serait donné car la question avait été « posée publiqueme­nt ».

Cette annonce suffira-t-elle à enrayer l’intention de plusieurs élus de réclamer un contrôle de légalité ? Il n’y a rien de moins sûr.

F.A.

 ??  ??
 ??  ?? Le calme plat avait tout de même été troublé, en attaque de conseil, par un bref mais vif échange entre le maire de St-Aubin-de-Locquenay F. Cosson et le 1er Vice-Président F. Robin.
Le calme plat avait tout de même été troublé, en attaque de conseil, par un bref mais vif échange entre le maire de St-Aubin-de-Locquenay F. Cosson et le 1er Vice-Président F. Robin.

Newspapers in French

Newspapers from France