La légende du samedi soir
Il est surnommé le David Guetta sarthois, tant son talent de DJ est apprécié. Qui soupçonne que Jean-Noël a, chaque semaine, le trac avant de se mettre aux platines ?
« Un jour, la neige a empêché l’orchestre de venir alors on m’a proposé d’être derrière la platine » . Jean-Noël Faure a 26 ans. Il croit que, ce soir, à Saint-Jean-d’Assé, il ne fait que dépanner. Sauf qu’il vient de s’inscrire pile poil dans son époque, la veille des années 80. Les orchestres sont peu à peu poussés vers la sortie par des DJ’s. Or, son père organise des bals. Il comprend que Jean-Noël peut lui permettre de négocier cette révolution. C’est l’avenir des célèbres bals Faure qui est en jeu.
Le roi rencontre sa princesse
« Carré d’As avec JeanNoël » . Le père parie sur le fils. Il se met à publier chaque semaine une annonce dans les journaux pour donner rendez-vous au public au Cyclope, une disco- thèque mobile qui sillonne le département. Et, chaque semaine, c’est l’étincelle. Que Jean-Noël soit annoncé à Tennie, à Cures, à Neuvy-en-Champagne, à Silléle-Guillaume… et les candidats à la fête s’enflamment. Le phénomène dure 10 ans. « D’un coup, j’en ai eu marre d’être au Cyclope » . En revanche, pas question de raccrocher. Le « roi des platines » a rencontré Lili : toutes les planètes sont alignées. C’est tous les deux qu’ils vont continuer l’aventure.
« Allez, les copains, les copines ! »
« C’est Jean-Noël, donc on y va » . En 10 ans, le DJ a imposé son nom. C’est sur lui seul qu’on compte pour que la fête soit réussie. Et la fête l’est immanquablement. Qui sait qu’il n’y a pourtant pas une soirée sans que Disco Jean-Noël soit arrivé l’estomac serré dans la salle polyvalente du village ? « Je suis toujours stressé, je ne veux pas décevoir » . Le premier morceau de musique est déterminant. « Là, on sait si ça accroche » . Reste qu’un public hameçonné est d’autant plus exigeant. Alors Disco JeanNoël commence à le porter littéralement. « Allez les amis, les copains, les copines, tapez dans vos mains ! » . Et c’est une forêt de bras qui se lèvent. Il est 22h. Il n’y aura pas un blanc jusqu’au petit matin.
Les yeux de Lili
« Je suis avec mon public, je ne fais pas le fier derrière ma platine. Je ne me prends par pour une vedette » . Cette notoriété, Disco Jean-Noël la prend simplement comme « la récompense de tout le travail qu’il a fait » . Lili sait peut-être aussi que son DJ préféré mène d’autant mieux sa carrière qu’il la déroule sous ses beaux yeux. Que c’est son regard qui exerce la plus forte pression sur le « David Guetta sarthois » . Une pression motrice : voilà maintenant 38 ans que le succès accompagne tous les rendez-vous que fixe Jean-Noël aux candidats à la fête. Dans la salle, Lili danse. « Et elle danse bien, Lili… » .
Au coeur des familles
« C’est toi qui nous a mariés ! » . Dans combien d’histoires de familles du Pays de Sillé, Disco Jean-Noël s’est-il invité durablement ? Parmi tous les hommages qu’on lui rend, ce sont les témoignages de reconnaissance qui touchent le plus le DJ… et Lili. C’est elle qui range soigneusement les petits mots ou les longues lettres dans un album. Lili collectionne aussi les objets souvenirs de toutes les soirées dans une vitrine. « On est fait pour être ensemble » . Ça n’est pas plus compliqué que ça.
Sans pub
« Toutes nos soirées sont complètes jusqu’à fin novembre » . Après, ce sera l’heure du réveillon qu’organisent JeanNoël et Lili depuis 6 ans. « Il ne reste que 30 places… sans aucune pub ! » . Le téléphone de Lili chauffe tout seul, en somme. « On aime les gens » . Le voilà, le secret de la recette du tandem. Ah non, il y en a un autre. La petite respiration de 8 jours au soleil que s’octroie le binôme, sous le soleil et les pieds dans l’eau, en janvier, loin de l’hexagone.