Mont St Jean coupé du monde
« C’est la première année que la commune ne présente pas de voeu sur la question de la téléphonie mobile au congrès des maires car on finit par se faire moquer ». Cette mise en sourdine de l’équipe municipale de Mont-Saint-Jean n’est une bonne nouvelle pour personne. Elle est en effet le signe qu’à la colère, s’ajoute maintenant le ressentiment. Une décennie, « il y a au moins une décennie » qu’elle dit qu’il n’y a pas de réseau mobile sur son territoire, sans que la situation change. « On a toujours des réponses, mais jamais la solution ». Le maire Daniel Lefèvre a le sentiment détestable que, non seulement on abandonne Mont-Saint-Jean, mais qu’en plus, on lui avance de bonnes raisons pour le faire.
Sous la barre
« Même le référent tempête – le deuxième adjoint Jean-Luc Viau- ne reçoit aucun message sur son téléphone mobile ! ». Une enquête avait fini par être diligentée sur le territoire de Mont-Saint-Jean, en 2015. A entendre le premier adjoint Jean-Claude Garnier, les choses étaient déjà mal engagées, laissant accroire que les dés étaient pipés. « Les élus n’ont pas été conviés » à suivre son déroulement. Aïe, voilà de quoi piquer. « Les mesures ont concerné un périmètre de 500 mètres autour du bourg hors habitations car il arrive qu’on capte dans les cours… mais pas au-delà ». Cinq communes de la Sarthe ont été considérées comme ayant une réception du réseau « déficiente à 50 % » par la préfecture : Vezot, Liveten-Saosnois, Saint-Rémy-du-Val, Surfonds et Saint-Pierre-desBois. Mais, à Mont-Saint-Jean, ce pourcentage a été estimé à 25 %. C’était passer sous la barre du seuil à partir duquel les autorités compétentes agissent.
Et les éleveurs ?
« Pour rappel, dans une commune rurale, tout le monde n’habite pas à 500 mètres du bourg ! ». Les élus touchés par ce défaut de réseau mobile ont été réunis à la sous-préfecture de Mamers la semaine dernière. Jean-Claude Garnier en était. « La réponse qu’on nous fait est standard : il faut attendre ». Le maire Daniel Lefèvre pointe déjà deux conséquences à cet attentisme forcené. « Si l’immobilier se vend mal en campagne, c’est aussi parce que le téléphone mobile ne passe pas ». Il y a également le travail des agriculteurs, aujourd’hui « toujours connectés via leurs applications mobiles », qui est impacté. Et de citer l’exemple des éleveurs de Loué, nombreux sur la commune, chez qui cette connexion permanente est une obligation.
Question de rentabilité ?
« J’ai toujours en tête cet édito de janvier 2017 du rédacteur en chef du Chasseur français qui appelait chez lui, en France, depuis la Sibérie… ». Pour Jean-Luc Viau, le Père Ubu n’arrête pas là ses facéties. Le désamour des opérateurs pour Mont-Saint-Jean, il l’explique en une phrase et demie. « S’il n’y a pas un nombre de clients importants, ils ne posent pas d’antenne ». 683 habitants ne suffiraient donc pas à les convaincre. Sachant que la peuplade habite « un vaste territoire mouvementé, avec une zone boisée ». Et tant pis – troisième impact- pour les quelques télétravailleurs de Mont-SaintJean qui ont dû jeter l’éponge puisqu’avec le réseau mobile, Internet rame aussi.
L’interco pointée du doigt
« Nous sommes aussi déçus sur la fibre. La Région nous avait dit que les communes les plus éloignées et les moins couvertes en téléphonie mobile seraient prioritaires ». Or, force est de constater que là encore, ce n’est pas d’abord le tour de Mont-Saint-Jean. Parmi les communes élues, il y a plusieurs sources d’étonnement, comme Sillé-plage. « C’est desservi alors qu’il s’agit d’un site de loisirs… ». Pas sûr en y pensant bien que ce soit d’ailleurs surtout à la Région qu’on en veuille.
« Elle n’est pas décideur, c’est l’intercommunalité qui l’est ». Daniel Lefèvre est d’autant plus surpris que sa commune soit là encore oubliée, que « les fourreaux sont déjà posés sous la forêt. C’est donc la plus gros qui est fait ».