Les Alpes Mancelles

Conciliate­ur de justice : Sillé l’accapare

- Propos recueillis par Chafik AOUNI

Roland Contrel est conciliate­ur de justice depuis 2012, notamment en Pays de Sillé et en Champagne conlinoise. Les conflits sont à la hausse dans le secteur de Sillé. Désormais, il se consacre uniquement aux affaires de la région de Sillé-leGuillaum­e. Entretien. Comment devient-on conciliate­ur de justice ?

Tout d’abord, il faut aimer le contact et régler des conflits à l’amiable avant que ça dégénère. Ce n’est pas toujours facile ! Le conciliate­ur judiciaire est le dernier rempart avant que l’affaire aille devant la justice.

Personnell­ement, je ne voulais surtout pas rester inactif après une carrière passée essentiell­ement dans le commerce. Dans les années 90, j’étais directeur d’un supermarch­é à côté de Bourges. J’ai lu dans un journal qu’il y avait un manque de conciliate­urs de justice, j’ai donc posé ma candidatur­e auprès du président du Tribunal de grande instance.

Après une convocatio­n et une enquête de moralité, j’ai été nommé conciliate­ur de justice le 1er octobre 2012 par ordonnance de la Cour d’Appel d’Angers.

Quels sont les principaux litiges auxquels vous faites face ?

Comme tous les ans, les baux d’habitation arrivent largement en tête. J’interviens pour régler les litiges entre les propriétai­res et les locataires. Je suis régulièrem­ent confronté aux loyers impayés, aux dépôts de garanties non restituées, et ce, parfois d’une façon abusive. Il y a toujours des habitation­s indécentes, voire insalubres, il faut le voir pour le croire. Une fois, j’ai vu dans le Pays de Sillé les racines d’un arbre qui ont fait éclater le carrelage dans le salon ! J’ai dû faire 70 visites en 2017 en Pays de Sillé et en Champagne conlinoise.

La consommati­on de tous genres est bien située à l’échelle des impayés qui opposent régulièrem­ent fournisseu­rs et clients. D’ailleurs, on a des conciliate­urs SFR qui facilitent les négociatio­ns. Ainsi, les litiges se règlent plus vite.

Outre les interventi­ons pour des affaires courantes -achat d’un appareil électromén­ager qui ne fonctionne pas, voiture qui tombe régulièrem­ent en panne après un achat récentje fais face aux nombreuses escroqueri­es à l’image des mutuelles complément­aires. Des opérateurs appellent les particulie­rs à leur domicile, le midi.

Ils prennent rendez-vous et se déplacent chez les gens pour leur faire signer un contrat sur tablette et annulent le contrat actuel. C’est de la vente forcée que subissent généraleme­nt des personnes vulnérable­s. Il y a 14 jours pour se rétracter. Après, c’est plus difficile de faire marche arrière. On arrive cependant à intervenir en obtenant finalement gain de cause.

Il y a aussi les affaires de voisinage à régler. Il s’agit de bruit, de fumée, de tapage nocturne, de murs mitoyens, de droits de passage et, surtout, de haies qui ne sont pas taillées. J’ai actuelleme­nt un cas comme ça à gérer à Mont-Saint-Jean. Il faut fixer un rendez-vous et voir exactement ce qui ne va pas : qui doit tailler ? à quelle hauteur ? quand ? à qui revient le bois ? Bref, on pose tout sur la table et on discute une fois pour de bon !

Il peut s’agir aussi de chiens qui aboient ou tout simplement de voisins qui ne peuvent pas se sentir. J’interviens parfois pour des dégradatio­ns de maisons par des chiens (parfois 4 chiens dans une habitation, je vous laisse imaginer les dégâts qu’ils peuvent causer) et des chats. Bref, les conflits ne manquent pas, tant à la ville qu’à la campagne.

Combien de visites en 2017 ?

Je compte 200 visites en 2017 contre 170 en 2016. Le nombre d’affaires définitive­ment conciliées est de 85 en 2017 contre 71 en 2016. La répartitio­n sur les territoire­s de vos interventi­ons ?

Le Pays de Sillé a nécessité 165 visites. Le reste est à mettre à l’actif de la Champagne conlinoise.

La ville de Sillé-le-Guillaume arrive en tête des litiges à régler (80 %). Saint-Rémy-de-Sillé, Parennes et Mont-Saint-Jean arrivent après, dans cet ordre. Suivent, en retrait, les communes du Grez, de Rouessé-Vassé, de Neuvillett­e-en-Charnie et de Crissé. J’ai peu d’interventi­ons à Rouez. Qu’est ce qui vous marque en 2017 ?

D’abord l’augmentati­on globale des dossiers, puis les visites de logements indécents et insalubres. J’ai fait une visite aussi dans un logement où i y a 3 gros chiens. Ils pissent sur les radiateurs. Je vous laisse, là aussi, imaginer l’état de la maison.

J’ai dû régler une affaire à Sillé-le-Guillaume entre voisins. Deux familles ne se supportent pas mais le fils de l’une fréquente la fille de l’autre. C’est

une affaire où se mêlent haire, amour, sexe et drogue. Il faut le voir pour le croire. Où et comment se passent les prises de rendez-vous ?

Tout d’abord, je tiens à remercier les deux maires de Sillé-leGuillaum­e et de Conlie qui font tout pour faciliter ma mission. Les secrétaire­s de ces deux mairies font un travail remarquabl­e. C’est elles qui prennent en charge la prise de rendez-vous.

Pour Sillé-le-Guillaume, je viens tous les 1ers mercredis de chaque mois, de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30. Pour

prendre rendez-vous, il suffit de téléphoner à la mairie de Sillé au 02 43 52 15 15.

En 2018, il y a du changement concernant la Champagne conlinoise. Compte tenu de l’augmentati­on des litiges en Pays de Sillé, je ne m’occuperai plus du secteur de Conlie.

Je viens de passer la main, le 19 janvier 2018, à Jean-Luc Fleury. Il est issu de la gendarmeri­e. Il aura, a priori, à gérer quelque trois dossiers par mois.

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 ??  ?? Roland Contrel se consacre désormais aux dossiers de Sillé-le-Guillaume et de sa région.
Roland Contrel se consacre désormais aux dossiers de Sillé-le-Guillaume et de sa région.

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