Joël Balandraud entre pédagogie politique et cabotinage
Il a fait fort, le maire d’Evron Joël Balandraud quand il a souhaité la bonne année, jeudi 11 janvier. De la pédagogie politique à l’échelle universelle… et du cabotinage.
« Tout ce que nous entendons n’est qu’une opinion, pas les faits ; tout ce que nous voyons n’est qu’une perspective, pas la Vérité ! ». Ah, il avait du souffle, le maire d’Evron, Joël Balandraud, quand il a formulé ses voeux pour 2018, jeudi 11 janvier, devant une salle des fêtes archi comble. Ils sont peu d’élus à convoquer Marc Aurèle pour cet exercice plaisant, même s’il est obligé. Et comment avoir l’idée de reprocher au 1er élu d’Evron de saisir l’opportunité d’un rendez-vous fréquenté pour tirer le discours politique vers le haut ?
« Des risques plus mortels que d’autres »
« Prononcer des voeux pour s’ouvrir au monde ». C’est le dessein que s’était assigné Joël Balandraud pour encourager à lutter contre la propension de tous à « avoir toujours une vue très autocentrée », en étant « accroché à son clocher ». Sur les moyens qu’il a employés, le premier magistrat n’a pas lésiné. Ce sont les trends (c’est-à-dire les tendances) que le cabinet KPMG a dégagées pour faire le point sur… la planète qu’il a énumérées et expliquées, en professeur soucieux de vulgariser les connaissances qu’il dispensait. Préoccupé aussi de soutenir l’attention de son auditoire. « Le monde vieillit… Pas la France, ni la Mayenne ». Or, les trends en question avaient de quoi un peu lester le moral. Et c’est là que Joël Balandraud voulait en venir. « Mais on peut faire quelque chose, on va le voir […] et il y a des risques plus mortels que d’autres ». Ah, celle-ci, Joël Balandraud n’a pas pu s’en empêcher, smiley.
Petits effets dans les grands
« Notre département, il est petit… ». Est-ce parce que la liaison pour raccrocher au local avait été brusque que Joël Balandraud a fait mine de tomber dans l’escalier qui permettait l’accès à l’estrade ? Si l’on n’opte pas pour la métaphore du rétrécissement du périmètre, c’est direction l’obscurité, l’ignorance. « Aujourd’hui, l’élu, c’est Monsieur Rubik’s […] Il y a une demande qui ne fait qu’augmenter et on a moins ». Le maire d’Evron avait décidément mis les petits effets dans les grands. Et, manifestement, il avait mis dans la confidence le Président du Département UDI Olivier Richefou, qui s’est empressé d’entrer en scène, en tendant généreusement au comédien Balandraud… un rubik’s cube.
« En juin, on va se faire du bien »
« La commune, c’est là que s’exerce la solidarité qui consiste à récupérer les gens qui s’agrippent. A Evron et dans les Coëvrons, il n’y a personne qui dorme dehors ». Cette fois, l’auditoire allait entendre parler de son territoire. Et ce n’était pas de reconstituer en même temps le rubik’s cube qui allait disperser Joël Balandraud. Ni de son propos… ni de sa préoccupation de parler le langage des gens. « Le maire se fait des cheveux avec la sécurité. Nos gendarmes, ils font le boulot. On va se rassurer au mois de juin, on va se faire du bien ». C’est bien sûr l’installation prochaine de caméras de vidéoprotection dans le coeur de ville d’Evron et dans son tour de ville que le premier magistrat a voulu rappeler. Il a aussi défendu la conscience que la Mayenne avait de la nécessité de son implication dans les questions de développement durable, en citant le projet de méthaniseur à Chammes.
La « collectivité de demain »
« Les carrières de 40 ans dans la même boîte, ça sera maintenant difficile… ». Une nouvelle commission sera mise en place en début d’année pour dessiner la « collectivité de demain ». Elle permettra d’absorber les changements liés à la digitalisation. « On ne paie plus les agents qui tamponnent les chèques… Elle est bien celle-là ». Hep, smiley. Mais elle prévoira aussi de rendre les bâtiments plus confortables et plus fonctionnels. Et chasse au gaspi à l’horizon. « Le hall du foirail à Evron est ouvert à tous vents et c’est chauffé ! ». Or, chauffer dehors, voilà qui assomme rudement Joël Balandraud. Est alors venue l’heure du triomphe du duo Joël Balandraud-Olivier Richefou. C’est que, sans jamais s’interrompre, le maire avait remis son rubik’s cube d’équerre. C’est le Président du Département qui a voulu l’annoncer à l’assistance. Les nerfs du triomphateur n’ont pas lâché : il a repris le fil de son discours, qui, précisément, se terminait. « L’esprit donne moins de confiance que la confiance ne donne d’esprit ». Avec le bonheur de citer Joseph Michel Antoine Sorvan, Joël Balandraud avait aussi un tremplin pour diffuser le message qu’il voulait voir retenu. « Elus, je vous demande d’avoir confiance ».
F.A.