Qui accueillera la gendarmerie taille XXL ?
De 3 gendarmeries, la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles est bien partie pour passer à 2. Sans baisse d’effectifs des militaires.
« J’ai reçu le Colonel Jérôme Delhez, commandant de la gendarmerie de la Sarthe -je précise : à sa demande- le 29 novembre. Il m’a fait part de certaines choses… ». Oui, des choses, le Président de la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles (CCHSAM) Philippe Martin en avait quelques-unes à annoncer aux élus, lors du conseil communautaire qui se tenait à Beaumont-sur-Sarthe, lundi 15 janvier. Et oui aussi, il savait qu’il n’était pas inutile qu’il allume un contre-feu, en glissant sa « précision », même si la suite allait démontrer que, pour d’aucuns, grosso modo… si finalement, puisque c’est sur un autre plan qu’ils allaient monter un tantinet au créneau.
La gendarmerie veut savoir où construire en mars
« Le projet est de faire une gendarmerie unique sur notre territoire, sachant qu’il y en a aujourd’hui 3 – Beaumont-sur-Sarthe, Oisseau-lePetit et Fresnay-sur-Sarthe- et que Beaumont, qui est très récente, n’est pas concernée ». Voilà, le résumé de l’information qu’a transmise le Président Martin (voir la description du projet en encadré). Lundi, les élus étaient amenés strictement à dire si, oui ou non, ils étaient partants sur l’idée que ce soit la CCHSAM qui porte l’investissement. Le choix du lieu d’implantation, lui, serait débattu lors du conseil communautaire du mois de mars, date à laquelle la proposition de la collectivité est espérée par le Colonel Delhez, au regard de la longueur du traitement administratif qui suivra.
Hep, attention au Plan local d’urbanisme !
« Les gendarmeries de Oisseau et de Fresnay sont en mauvais état, mal isolées. Certains gendarmes entendent chez eux tout ce qui se passe pendant les auditions ». Sur ce constat, aucun élu n’a jugé bon de barguigner, au contraire. Aussi la proposition du maire de Fresnay-sur-Sarthe Fabienne Labrette-Ménager de gagner en exactitude, en préférant qualifier l’existant de « piteux » plutôt que de « mauvais » a-t-elle été aussitôt adoptée par Philippe Martin. Il y a bien unanimité sur la nécessité que les militaires travaillent dans des locaux neufs. Le Colonel attend qu’il soit implanté dans un lieu qui tienne compte de l’activité opérationnelle, de la facilité d’accès au réseau routier principal et, « pour fixer les gendarmes », du cadre de vie : présence d’écoles, irrigation par la fibre, existence d’un assainissement collectif… « Toutes les communes peuvent déposer un dossier. Elles ont jusqu’au 5 mars ». C’est une compétition décidément très ouverte qu’a lancée le Président de la CCHSAM. « Si le Plan local d’urbanisme (PLU) est conforme ! ». Le rappel, par Fabienne LabretteMénager, que mieux valait être entraîné pour y participer a permis de raccrocher à la réalité.
Rendez-vous tenu secret
« On peut être plutôt content que ce projet aboutisse… au bout de 10 ans ! […] Mais excuse-moi, M. le Président […], je trouve quand même franchement incroyable que les deux maires - Patrick Goyer et moi- apprennent en conseil communautaire que, quoi qu’il arrive, une des 2 gendarmeries fermera, voire les deux* ! ». Le maire de Fresnay a alors donné une idée de l’impact de la perte d’une des 2 gendarmeries pour ces communes : le départ de 9 familles avec, parfois, des enfants scolarisés, une baisse de la dotation globale de fonctionnement (les gendarmes sont des habitants)… « C’est à toi que je le dis ». Philippe Martin s’est retranché derrière « l’ordre du colonel de ne pas communiquer sur ce rendez-vous », après s’être défendu d’avoir cédé à la tentation d’« une rétention d’information ». Pas de quoi convaincre sa contemptrice, pour qui mettre les deux maires concernés au courant en temps réel était « de la transparence » tout bonnement.
« Il faut être opérationnel dans l’heure »
« On vient voir l’intercommunalité pour une compétence dont elle n’a pas fait le choix. C’est dommage car on a, en effet, besoin des gendarmes ». Fabienne LabretteMénager a donc aussi tenu à rappeler à l’assemblée communautaire que cela ne signifiait rien d’autre que de demander à la grande collectivité de porter l’investissement -celui qui est projeté est de 3,4 M €. « Alors, c’est vrai que, dès lors qu’elles sont en fiscalité professionnelle unique, les communes ne peuvent plus porter seules un investissement pareil car, derrière, leur taux d’endettement plomberait les futurs projets ». La seule solution alternative serait de faire porter cet investissement par un bailleur, comme c’est le cas à Sablé-surSarthe, à Conlie ou à Montfortle-Gesnois. Et le premier magistrat de Fresnay de résumer la conséquence du choix, par la communauté de communes, de prendre en charge le projet de la construction d’une nouvelle caserne. « Ça ne va pas être simple et, en plus, il faut être opérationnel dans l’heure ».
Le « risque Arçonnay » : info ou intox ?
« L’Etat n’investit plus dans les casernes de cette taille. Le risque, si l’on attend, c’est Arçonnay ». Philippe Martin revenait carrément par conséquent sur un détail… de taille, qu’il avait livré en apprenant aux élus qu’il avait rencontré le Colonel Delhez. « Si Arçonnay s’est positionnée depuis un certain temps, la Colonel s’est montré très réservé sur l’idée de positionner cette future gendarmerie à Arçonnay ». Le maire de Beaumont-surSarthe et 1er Vice-Président de la CCHSAM François Robin a fait part de son avis, lui dont la commune vient juste somme toute de bénéficier d’une gendarmerie flambant neuve. « L’opération s’autofinance au plan économique, il n’y a pas de problème. Attention, on propose, mais répondre, c’est ce qui est important et Fabienne Labrette-Ménager a raison : il faut regarder le PLU ».
* Dans l’hypothèse, peu probable, où ce serait la ville d’Arçonnay qui serait retenue par la gendarmerie pour implanter la nouvelle caserne.