Gouvernance en trompe-l’oeil pour la communauté de communes ?
Ah, décidément, elle en a passé en revue, cette assemblée de la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles du 15 janvier. Même en marge de la GEMAPI.
La question de « l’étude de la création » d’une « structure de coopération » entre communautés de communes « concernées par le même bassin versant » était aussi à l’ordre du jour. Pour comprendre d’où surgit l’idée, il faut se souvenir que la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles (CCHSAM) est, depuis le 1er janvier de cette année, la collectivité compétente pour la GEMAPI*.
Les ingrédients du commandement
« L’idée, c’est de se demander ce qu’on peut faire ensemble, à Neuville ou Saint-Léonard-des-Bois ou à Saint-Symphorien, ce n’est pas plus que ça. Si l’on peut travailler ensemble comme ça, ok, sinon, on créera une structure ». Le maire de Ségrie Francis Lépinette a cherché à rassurer son homologue de Fresnay-sur-Sarthe Fabienne Labrette-Ménager, qui n’a pas gardé pour elle l’inquiétude que cette 6ème délibération de la soirée faisait naître : demandait-on, sans le dire explicitement, que la CCHSAM prenne en charge l’embauche d’une personne pour procéder à cette coordination ? Le pare-feu qu’installait M. Lépinette ne suffisait cependant pas à étouffer dans l’oeuf tous les embrasements potentiels. « Et pourquoi c’est nous le chef de file ? ». Le premier magistrat de Ségrie a alors invoqué le fait que la CCHSAM était dans « le coeur technique ». Autrement dit, au beau milieu du réacteur. Cette relation causale risquait-elle d’être insuffisante ? Impossible de le déterminer, mais Francis Lépinette a tenu à convoquer un 2ndmotif qui, à ses yeux, légitimait la position leader de la CCHSAM dans cette affaire. « Parce qu’il vaut mieux commander que d’être commandés ». Sauf que l’argument était à peine énoncé… qu’il vacillait du point de vue du maire de Fresnay. « Tu peux commander quand tu paies et quand tu as le pouvoir… Mais quand tu n’as pas le pouvoir et que tu ne paies pas, je ne suis pas très sûre qu’on écoute ton commandement… ».
Une gouvernance de façade ?
« On s’est toujours battu pour que la gouvernance revienne au rural. Même si là, c’est vrai qu’on n’aura que deux voix comme les autres… ». C’est sur le terrain des symboles que décidait alors de se se déplacer Francis Lépinette. Sur celui des confidences, en même temps. « Pour moi, c’est dur de présenter des choses qui ne correspondent pas à ce que je suis, il n’empêche que je pense sincèrement que quand on est dedans, on fait voir qu’on s’intéresse à notre territoire ». Entretemps, le 1er élu de Ségrie avait opéré un parallèle entre le sujet de la GEMAPI et celui de la pénurie de médecins. « J’ai changé sur la GEMAPI comme j’ai changé sur les médecins : avant, je trouvais qu’on leur donnait trop de fric, maintenant, je dis : quand il faut les aider, on les aide ». Petit à petit, M. Lépinette allait parvenir à toucher le fond de sa pensée. « Moi, je préfère que nous ayons encore un peu la main plutôt que de se faire encore imposer des choses par des gens qui ne voient que du haut, que du haut ». Avant de, sachant qu’il y a obligation d’appliquer la loi, revendiquer la mission de « demander à ce que les habitants soient considérés ». Et, que son interlocutrice privilégiée ne s’y trompe pas : « « On ne propose pas ça pour demander de l’argent en plus, des impôts en plus… bien au contraire, c’est pour protéger nos villages, quelle que soient leur taille ». Total : celle-ci s’est surtout un peu perdue sur le chemin du raisonnement de Francis Lépinette. C’est ce que faisait penser un sybillin « C’est bien dit, c’est peut-être de l’utopie, je ne sais pas… », qui laissait croire à ce dernier que le maire de Fresnay était perdu… tout court. Aussi entendait-il lui rafraîchir la mémoire « On est petit… ». La réplique n’a pas tardé, levant définitivement l’ambiguïté qui avait pu naître sur la question de la qualité de la réception. « On est même tout petit . Et deux pauvres, ça n’a jamais fait un riche (…) Ce qui me gêne, c’est qu’on mette la défense contre les inondations. Dans ce grand bassin, on va se retrouver avec des territoires qui n’auront pas les mêmes visions que nous et qui vont nous imposer de toute façon des choses. On risque d’être noyé dans des décisions qui viendront d’ailleurs ».
Sur les 55 élus communautaires, 2 ont voté cette délibération contre et 14 se sont abstenus.