Il est urgent de freiner le train de vie
Gros morceau, ce conseil communautaire, à Fyé, lundi 19 février où il fallait approuver des comptes administratifs… qui accusent un déficit de taille.
L’épreuve de réalité, c’était tout bonnement l’épreuve de réalité, lundi 19 février, pour l’exécutif de la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles (CCHSAM). Avait-il, en 2017, autrement dit pour la première année d’existence de la CCHSAM, dépensé l’argent comme il était prévu qu’il le fasse ? Et, si ce n’était pas toujours le cas selon les postes, avait-il, à chaque fois, une explication béton ?
D’emblée, on était invité à ne pas s’alarmer de voir la chaise du 1er Vice-Président François Robin, également maire de Beaumontsur-Sarthe, vide, alors que commençait une séance cruciale. Elle n’allait pas le rester longtemps, parole de 8ème Vice-Président au développement économique et maire de Piacé Benoist Bouix.
Déjà, il fallait que la kyrielle de chiffres qui permettaient de mesurer si l’exécutif avait suivi sa feuille de route, et alors comment, soit énoncée à haute et intelligible voix. C’est le 3ème VicePrésident aux finances et maire de Juillé Jean-Edouard Lemasson qui s’est attelé à cette tâche de bénédictin. Il a juste demandé aux élus de bien vouloir retarder la communication de leurs observations au moment où il arriverait au bout de la kyrielle. Et dès que l’éternité relève du simple sentiment, ce moment-là finit par arriver.
Gros déficit de fonctionnement
« Moi, au regard des éléments qui ont été fournis, je suis très inquiète ». Son weekend, le maire de Fresnay-surSarthe Fabienne Labrette-Ménager l’avait en partie consacré à éplucher la litanie des chiffres. Or, qu’on prenne le budget principal à l’endroit ou à l’envers, la CCHSAM avait bel et bien terminé 2017 avec un déficit de fonctionnement de taille : 579 000 €, même si l’on admettait que 300 000 € de restes à réaliser en faisaient partie. Or, la CCHSAM avait attaqué 2017 en petit écureuil. Des réserves, elle en avait. Et cela faisait une belle somme : 1 674 000 €. « C’étaient les excédents de fonctionnement des 3 ex communautés de communes ». Fabienne Labrette a alors fait part de son étonnement : tous ces 1 674 000 € avaient été affectés au budget de fonctionnement. Un peu comme si, dans un foyer, on destinait ses économies à expédier les affaires courantes. « Dans nos communes, on en affecte une partie en budget d’investissement ». Première conclusion de la première élue fresnoise : « On savait qu’on allait faire des emprunts ». Rebondissement au 1er janvier 2018 : le tas de noisettes du petit écureuil a bien baissé. « Les réserves ont fondu de 36% ». La belle somme initiale a perdu de son lustre : elle est retombée à 1 094 641 €.
Hausse de la dette
Sur la dette qui a grimpé audelà du seuil de 3M€ et inévitablement, le ratio d’endettement qui a bondi à 0,70 contre 0,40 à fin 2016, Fabienne Labrette a juste fait comprendre que la CCHSAM se situait dans des sphères (ou des abîmes) dans lesquelles les communes évitaient vraiment de s’aventurer. Sur la structure de cette dette, il y avait encore un sacré souci pour le premier magistrat fresnois. « Il y a deux emprunts qui ont été contractés pour 1,1 M€ ». Sauf que ce ne sont pas forcément des emprunts comme on peut se les imaginer. En effet, ils ont été contractés in fine. « C’està-dire que, pour l’instant, on ne rembourse que les intérêts. Le capital, on ne le remboursera qu’à la fin ». Et celle-ci va arriver dare dare : en queue des mois 2018 ou en 2019. Et la question du tas des noisettes qui avait baissé de niveau se reposait, c’était fatal. « Avec quelles réserves ? Puisque de toute façon, les subventions ne couvriront pas 5,1M € ».
Au bord de la zone rouge en un an
Ultime constat de Fabienne Labrette-Ménager : « Un déficit de fonctionnement de 579 672 € pour cette 1ère année, cela correspondait à 5,80% des recettes de fonctionnement ». Et là aussi, il y avait à ses yeux un sérieux problème. Ce n’était pas elle qui le disait… mais un article du Code général des collectivités territorial : au-delà de 5%, la Commission générale des comptes serait saisie. Où on allait reparler du tas des noisettes que le petit écureuil surveille toujours de près. Et, si la CCHSAM n’avait pas eu celui-ci (donc les réserves des 3 ex communautés de communes)… elle serait déjà « dans le rouge ». Faute d’un ressaissement opéré sans attendre, l’élue fresnoise pronostiquait tout de go qu’après 2019 -le temps d’épuiser tout le tas des noisettes« ça ne passait plus ». Si Fabienne Labrette-Ménager s’interdisait de faire son François Fillon, elle pensait tout de même très fort à emprunter un terme qu’il reste le seul à avoir prononcé au sujet des finances de la France : la faillitte.
« Difficile aujourd’hui et… difficile demain »
Restait à rappeler ce qu’il fallait retenir de cette première année d’existence de la CCHSAM. « Augmentation des taux d’imposition, augmentation de la dette, baisse des réserves, déficit de fonctionnement ». C’était assez pour motiver Fabienne Labrette à faire comme elle n’avait jamais fait « en 17 ans » : s’abstenir sur un compte administratif. Autant le budget de la CCHSAM lui avait paru intéressant, autant là, elle ne serait pas de ceux qui approuveraient « un déficit aussi important ». Le 4ème Vice-Président au Patrimoine et maire de Saint-Ouende-Mimbré Jean-Louis Clément avait fait, de son côté, grosso modo la même analyse. En affichant en outre du pessimisme. « On voit que c’est difficile… et que ça va être difficile de retrouver un niveau d’équilibre ». Sauf que ses conclusions n’en étaient pas le reflet. « Je vais essayer de vous soutenir quand même ». Sans surprise, le Président Philippe Martin, lui, ne semblait pas rongé par le tourment. En revanche, son irritation était patente. « Il ne faut pas non plus semer la peur ». A ses côtés, la chaise de son 1er Vice-Président était toujours vide.