Les Alpes Mancelles

« De plus en plus de saccages »

- F.A.

« Oui, ce type de faits, ça arrive sur mon secteur tout pareil… et c’est même un phénomène qu’on constate de plus en plus ». Roland Contrel est conciliate­ur de justice dans le Pays de Sillé-le-Guillaume, en Sarthe. L’explosion des conflits entre particulie­rs vient de l’obliger à réduire le périmètre de ses interventi­ons. Jusqu’à la mi-janvier 2018, il exerçait son métier sur l’ensemble du territoire de la communauté de communes de la Champagne conlinoise et du Pays de Sillé, autrement dit deux fois plus grand. « 70 à 80 » de ses visites, sur un total de 192 affaires en main tous genres confondus pendant 2017, relevaient de conflits entre bailleurs et locataires. « Seules 34 ont été conciliées, dans toutes les autres, on est allé au clash ».

Radiateurs ou urinoirs ?

« En 2017, j’ai visité une vingtaine de logements saccagés ». Il est aussi tout récemment arrivé que Roland Contrel… ne puisse tout simplement pas entrer dans une habitation, tellement elle était encombrée de vieillerie­s et/ou détritus. En cause le plus souvent selon lui : la présence d’animaux, depuis le chien jusqu’à l’oiseau. « A Sillé-le-Guillaume, j’ai vu un logement où il y avait trois chiens qui pissaient sur les radiateurs et 5 ou 6 chats ». Les locataires qui dévastent leur location ne la quittent pas pour autant à la sauvette, comme dans le cas d’Evron (voir ci-dessus). Le problème ne se pose que dans le cas où le propriétai­re a par exemple dans l’idée d’entreprend­re des travaux de rafraîchis­sement… et qu’il faut lui faire a minima place nette.

« Ce n’est pas chez eux »

« Ce phénomène de dégradatio­n du logement augmente. C’est que, déjà, il y a de plus en plus de gens qui ne travaillen­t pas ». Au regard des statistiqu­es de Roland Contrel, il se produit en effet surtout chez les catégories socio profession­nelles les plus défavorisé­es. A chaque fois, trois mécanismes lui paraissent se répliquer, isolément ou en se cumulant. « De toute façon, la maison qu’ils habitent, ce n’est pas chez eux ». La misère aurait, là, attaqué la considérat­ion qu’on attache à autrui. « Ces gens qui dévastent une maison, savent-ils seulement ce que signifie faire du ménage ? ». Cette fois, c’est la perception de la vie au quotidien qui serait atteinte. Et puis donc, la misère pourrait bien pousser à avoir besoin de quantité d’animaux pour vivre. Or, contenir ceux-ci dans un logement, c’est forcément s’exposer à ce qu’il y laisse beaucoup de son lustre. « Ces locataires qui détérioren­t gravement leur location, on les appelle, on les rappelle, on les menace… si tant est qu’ils soient encore dans le logement. Puis on appelle les services sociaux…quand on n’est pas obligé d’alerter l’Agence régionale de santé s’ils provoquent un risque sanitaire ».

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Dans le Pays de Sillé-leGuillaum­e, Roland Contrel est rompu à retrouver des logements réduits à peu de choses.

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