Les Grands Dossiers de Diplomatie
Tokyo – Séoul : un persistant malaise
Si les relations entre le Japon et la péninsule coréenne n’ont jamais été harmonieuses 1), la montée des tensions depuis quelques années est telle ( que les dirigeants coréens ont pu apparaître arc-boutés sur des exigences morales de réparation et ceux du Japon sur une posture intransigeante de respect des accords passés, au point d’ignorer leurs intérêts communs et de ne pas rechercher une issue positive à leurs différends.
Pendant les années qui ont suivi la guerre de Corée (1950-1953) et jusqu’à la fin du XXe siècle, les relations entre Séoul et Tokyo avaient trouvé un semblant de stabilité, malgré des incidents. Le Japon était alors la grande et incontournable puissance économique et financière de l’Asie. Une puissance sans leadership politique régional mais avec un modèle de développement à imiter, alors que la Corée du Sud n’était encore qu’une économie de second rang sortant des guerres qui l’avaient ravagée. Les dirigeants de Séoul gardaient des liens de proximité avec ceux de Tokyo, d’autant plus étroits parfois qu’ils avaient été éduqués au Japon ou par des Japonais, qu’ils avaient pu servir dans l’Armée impériale et tous étant souvent unis par un anticommunisme affirmé et une hostilité forte à l’égard de la Corée du Nord. Et ce, malgré la discrimination de fait et de droit dont faisaient l’objet les Japonais d’origine coréenne au Japon.
Le temps passant, les générations de l’après-guerre se sont effacées de part et d’autre et la Corée est devenue une puissance économique concurrente. Ces relations ont alors perdu de cette apparente stabilité et les anciens griefs sont réapparus.
Un passé difficile à surmonter
Les tensions actuelles ont un fondement historique indéniable. Ce sont d’abord les tentatives d’invasion de la péninsule coréenne par le shôgun Hideyoshi Toyotomi (1592-1598). C’est ensuite et surtout la colonisation du royaume de Corée par l’empire du Japon, du début du XXe siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale [voir p. 66]. Cette colonisation a pris