L’urbanisation à marche forcée
« Quand le bâtiment va tout va ! » Il faut croire que tout va bien dans la région, parce que suivant les accords du SCOT*, (mais qui dans la population sait ce qu’est le SCOT ?) ça va bétonner sévère autour de Dieppe dans le Pays dieppois-Terroir de Caux. Les Zones à Urbaniser : ZAC, ZUP, ZUS (vous suivez ?) vont irrémédiablement s’étendre jusqu’à la ligne d’horizon affichée par le SCOT c’est-à-dire l’année 2036. On appelle ça de la prospective et celle-ci annonce la création de 7000 nouveaux emplois dans le Pays dieppois-Terroir de Caux d’ici 2036, ce qui demanderait la création de 13 000 logements.
7000 nouveaux emplois, ce chiffre ne sort pas du chapeau des décideurs, mais d’un savant calcul opéré entre 1999 et 2009 qui donne une moyenne de 245 emplois créés par an. Vous vous souvenez de 1999 ? C’était une époque antédiluvienne avant l’arrivée de l’euro, avant la faillite en 2008 de la banque américaine Lehman qui a marqué le début de la « crise » mondiale. Rien à voir avec aujourd’hui en termes d’économie et d’emploi, mais c’est pourtant là-dessus que se basent les calculs de nos autorités compétentes pour annoncer la création de 7000 emplois dans la région d’ici 20 ans.
Allons-y pour une création de 7000 emplois donc. À ce stade, l’histoire ne nous dit pas de quels emplois il s’agit mais avec la précarisation généralisée sur le marché du travail, il y a fort à parier que ce chiffre contient son lot de temps très partiels, de CDD débouchant sur des pertes d’emplois qui, je suppose ne sont pas comptabilisées dans ce résultat fatal. On nous prévoit donc un fort développement économique qui va induire des constructions et « consommer de l’espace » rural (ah ! que le terme est joli !) à raison de 32 à 33 hectares par an. Qu’on apporte les bulldozers et autres pelleteuses, le dynamisme d’un pays se mesure à l’aune des tentacules de béton qui prennent le pas sur les cultures !
Et si ces messieurs du SCOT se trompaient avec leurs chiffres aléatoires ? Et si dans 20 ans on s’apercevait que le progrès ne passe pas par une urbanisation à marche forcée mais par une réhabilitation intelligente de l’existant ? Et s’il fallait abandonner la partie de Lego engagée sur le futur et tout reprendre à zéro ?
*SCOT : Schéma de COhérence Territoriale