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La discussion tourne à la bagarre : prison ferme pour les agresseurs

Un habitant de Puys, hameau de Neuville-lès-Dieppe, et le compagnon de sa fille ont été victimes d’un déchaîneme­nt de violences, lundi 24 octobre. Les deux auteurs ont été interpellé­s et condamnés à une peine de prison ferme.

- A. B.

Sur le banc des parties civiles, jeudi dernier, ce Dieppois a le visage émacié. Rien physiqueme­nt ne laisse apparaître qu’il a été victime, quatre jours plus tôt, d’une violente agression à Puys, un hameau de Neuvillelè­s-Dieppe. C’est quand il a été amené à s’exprimer que son articulati­on lui a fait défaut. Il a peiné à parler tant ses blessures maxillo- faciales sont encore vives.

Jeudi dernier, au tribunal correction­nel de Dieppe, le quinquagén­aire se trouvait face à celui qui l’a violenté et à un second prévenu qui s’en est pris au compagnon de sa fille.

Il est un peu plus de 18 h, ce lundi 24 octobre, quand une Audi A3 arrive en trombe, rue Mathias-Duval, avec quatre hommes à son bord. Le quinquagén­aire est en train de changer la batterie du son véhicule. Les quatre individus descendent de la voiture : deux se rendent vers la maison pour voir le compagnon de sa fille, les deux autres entament une conversati­on avec lui sur la mécanique.

Le beau-père a voulu s’interposer

C’est à ce moment-là qu’il entend des cris et reconnaît la voix de son futur gendre. Ce dernier vient de se battre avec l’un des deux prévenus. Le beau-père s’interpose : « Arrête, où tu vas t’en prendre une », dit-il en direction de l’agresseur. Mais un jeune Dieppois lui donne un violent coup au visage : le père de famille tombe au sol, la bouche en sang.

Mais la scène de violence ne s’arrête pas là : l’homme et son beau-fils se retrouvent face à l’un des deux prévenus qui les met en joue avec un pistolet. Puis, les quatre hommes remontent en voiture pour prendre la poudre d’escampette. Les secours sont alertés et la police entame ses investigat­ions. Rapidement, le groupe est identifié et interpellé. Seuls les deux agresseurs présumés sont poursuivis par la justice.

Une louche histoire de dette

Jeudi dernier, le président du tribunal demande aux deux prévenus ce qu’ils sont venus faire chez les victimes. « Il y a 15 jours, je me suis fait agresser par des gars de Cléon, répond le Dieppois âgé de 23 ans. Puis ils m’ont menacé de mort sur Facebook, ils savent beaucoup de choses sur moi, ma famille. Ils m’ont dit que je devais payer pour [le beau-fils]. Mais je ne connais ni ces gars de Cléon, ni [le beau-fils] » . Le prévenu ajoute qu’il s’est fait accompagne­r d’un ami neuvillais, son acolyte dans le box des accusés qui, lui, savait où trouver le beau-fils : ils sont allés au collège ensemble. C’est par ailleurs le Neuvillaus qui a donné un violent coup au beau-père.

« Mais quel était votre objectif ? » interroge le juge au Dieppois. « Je voulais savoir pourquoi mon nom était mêlé à ses histoires de dette de produits stupéfiant­s de 2 000 € alors que je ne le connais même pas. Puis… j’ai paniqué, je lui ai mis une gifle » explique-t-il.

Le Dieppois n’est pas connu des services de justice, son casier judiciaire est vierge. Il est inséré et titulaire d’un baccalauré­at. Le Neuvillais qui a porté le coup au quinquagén­aire n’a qu’une mention à son casier judiciaire pour usage de produits stupéfiant­s. Diplômé en plomberie, il prévoit de s’installer à son compte. Ce sont deux garçons sans histoire, plutôt bien éduqués, qui ont dérapé.

Jeudi, en fin d’audience, ils ont présenté leurs excuses aux deux victimes.

Me Céline Lebourg, l’avocate des parties civiles, indique que son plus jeune client ne demande qu’un euro symbolique : « Il ne veut pas dramatiser la situation » . En revanche, elle souligne le choc psychologi­que et les conséquenc­es sur le plan physique pour le beau-père. « Je n’ai pas de quoi chiffrer son préjudice qui est très important, dit-elle. Je demande une expertise psychologi­que et dentaire et une provision de 2 000 € » .

Mandats de dépôt dans les réquisitio­ns

La procureure de la République requiert 18 mois de prison dont 12 avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans assortis d’une obligation de travailler, d’indemniser les victimes et de ne pas entrer en contact avec elles. Elle demande au tribunal le mandat de dépôt pour les deux prévenus

Finalement, le tribunal a décidé de condamner le Neuvillais, celui qui a frappé le beau-père, à 12 mois de prison dont six assortis d’un sursis et mise à l’épreuve. Le Dieppois écope pour sa part de huit mois dont quatre assortis également d’un sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Tous deux ont l’obligation de travailler, d’indemniser les victimes, de ne pas entrer en contact avec elles ou de paraître aux abords de leurs domiciles, et l’interdicti­on de détenir une arme.

En outre, les deux hommes devront solidairem­ent verser 1 € de dommages et intérêts à la jeune victime, ainsi qu’une provision de 2 000 € au beaupère et 500 € pour ses frais de justice. Il n’a pas été prononcé de mandat de dépôt, les deux prévenus sont sortis libre du palais de justice.

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