Ils arrosaient la ville de cannabis
Un réseau de trafiquants de cannabis a été démantelé à Dieppe, la semaine dernière. Trois hommes ont été condamnés. Le fournisseur et le revendeur sont écroués. Celui qui faisait le transport écope d’une peine d’emprisonnement avec sursis
Les services de police et de justice ont fait tomber une partie du trafic de cannabis qui sévissaient, ces derniers jours, sur Dieppe. Trois jeunes hommes ont été condamnés, lundi soir, dans le cadre d’une comparution immédiate. Deux d’entre eux, Abdou- Karim Gueye et Zine Zenati, ont été incarcérés à l’issue de l’audience.
Ces deux habitants du PetitQuevilly écopent de 18 mois de prison dont six avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Ils devront l’un et l’autre se soigner, travailler, et payer une amende de 800 €.
Les policiers reçus par un homme armé
Celui qui a été identifié comme la mule de ce réseau, un judoka marocain de haut niveau pressenti pour porter les couleurs de son pays aux Jeux olympiques, a pris dix mois de prison avec sursis, 140 heures de travail d’intérêt général et 800 € d’amende.
Les faits débutent mercredi 9 novembre. Ce jour-là, des policiers dieppois se rendent dans un appartement du centre-ville pour y interpeller un jeune homme qui a insulté et craché sur l’un de leur collègue dans le hall du commissariat. La personne recherchée n’était pas là. En revanche, l’occupante de l’appartement accueillait d’autres amis ce jour-là : le judoka marocain et un jeune mineur.
Quand les policiers se sont présentés, le judoka leur a ouvert la porte, muni d’une arme, la réplique d’un Colt 45. « Je croyais que c’était Zine qui revenait de faire une course, je voulais rigoler et crâner avec lui » justifie-t-il à la barre du tribunal.
La panoplie du parfait trafiquant
Les policiers intrigués par cette manière d’accueillir les visiteurs ont pénétré dans l’appartement et vu qu’une centaine de grammes de résine de cannabis conditionnée traînait sur un meuble du salon. Les agents décident alors d’interpeller et de placer en garde à vue les trois personnes présentes dans l’appartement.
L’enquête a amené les policiers à procéder à des interpellations en région rouennaise, samedi et dimanche derniers. Les investigations ont permis d’identifier Abdou-Karim Gueye, 38 ans, comme le fournisseur ; le judoka marocain âgé de 24 ans comme une mule – c’est-à-dire celui qui assure le transport de la drogue – et Zine Zenati, 18 ans, comme le trafiquant sur la ville de Dieppe. La fille qui l’héberge et le mineur assuraient le conditionnement.
Lors de la perquisition, di- manche aux aurores, chez Abdou-Karin Gueye au Petit-Quevilly, les policiers ont découvert 2,140 kg de résine de cannabis, 340 € en espèces, une balance de précision, un couteau prévu pour couper la marchandise illicite et un cahier de tenue de compte. La présidente l’a interrogé à propos de ce carnet : « Ce sont mes achats et mes ventes de parfums et de cigarettes qui viennent d’Espagne » répond-il. Ce qui n’a pas manqué de déclencher des rictus dans la salle d’audience.
Les trois prévenus se rejettent les responsabilités. Gueye s’autodésigne comme une nourrice – celui qui stocke la drogue – mais en aucun cas comme le fournisseur principal. Il désigne le judoka comme le propriétaire des kilos de cannabis retrouvés chez lui.
Les casiers judiciaires du fournisseur et du revendeur sont fournis : le premier présente trois mentions pour des affaires liées au trafic de stupéfiant ; le second, tout juste majeur, aligne neuf condamnations pour vols et trafic de stupéfiants.
Quant au judoka, arrivé en France pour les besoins de la fédération marocaine de judo dans le courant de l’été 2015, il n’est pas connu des services judiciaires : « Je passe une période dure, explique- t- il. En contrepartie d’un billet et de me donner à manger, j’allais chercher le cannabis chez Gueye au Petit-Quevilly et je le ramenai à Zine Zenati à Dieppe. Je l’ai fait pendant une semaine à trois reprises » .
280 € les 100 grammes
Le judoka raconte également le procédé : le fournisseur l’attendait en bas de son immeuble, les deux hommes montaient jusqu’au 4e étage, les échanges et de marchandises se faisaient directement dans l’ascenseur. À chaque fois que le judoka a assuré le transport, il a remis 280 € au fournisseur pour revenir dans la ville aux quatre ports avec 100 g de marchandises.