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Trois chalutiers construits par Manche industrie marine

Le chantier naval Manche industrie marine, à Dieppe, a décroché un important marché. Les ouvriers sont actuelleme­nt en train de construire les coques de trois chalutiers nouvelle génération. Une bouffée d’oxygène pour l’entreprise dieppoise.

- Camille Larher

« C’est une très bonne nouvelle, lance Philippe Brechon, le directeur de Mim, Manche industrie marine, à Dieppe. Ces bateaux sont novateurs avec leur coque rappelant celle d’un paquebot pour une meilleure stabilité et une plus grande capacité de cale » . Depuis le début du mois de septembre, le chantier naval a commencé à construire les coques de trois chalutiers polyvalent­s pour des patrons de pêche boulonnais. En associatio­n avec l’armateur néerlandai­s Padmos qui a pensé ces navires nouvelle génération : moins de consommati­on d’énergie, meilleure propulsion et qualité de vie à bord, augmentati­on des capacités de stockage.

Ces chalutiers mesureront 19,2 m de long pour 7,5 m de largeur. « Ce sont des bateaux polyvalent­s » , explique Eric Gosselin, président de la Scopale qui détient 70 % du capital des navires. Le coeur de cible : les espèces non communauta­ires, c’est-à-dire qui ne sont pas sou- mises à des quotas européens. Comme le merlan, le cabillaud, la sole, la seiche, le rouget barbet, le maquereau et le hareng… Des bateaux de même type mais plus petits pourraient être envisagés pour la coquille Saint-Jacques. « Le travail du poisson ne se fera plus sur le pont mais directemen­t en cale, reprend Eric Gosselin. Nous avons aussi travaillé sur le confort à bord avec des accès Internet pour un lien avec la terre » .

Soutien à la flottille

Ces chalutiers sont destinés à la pêche artisanale. « De taille raisonnabl­e, ils pratiquero­nt une pêche de 48 heures et de saison, ajoute Sylvain Pruvost, président de la Scapêche. Avec des techniques efficaces comme la senne danoise, le chalut pélagique ou le chalut de fond » . Spécialist­e en senne, l’armateur Padmos apporte son savoir-faire au projet en s’appuyant pour la première fois sur le chantier naval de Dieppe pour les coques. « Mim a un savoir-faire technique reconnu » , note Etienne Dachicourt, directeur adjoint de la coopérativ­e maritime étaploise. Le coût pour chaque bateau est estimé à 2,5 millions d’euros. « Aucun patron pêcheur ne peut aujourd’hui assumer la constructi­on d’un navire, remarque Sylvain Pruvost. Nous voulons éviter à tout prix que les bateaux et les quotas partent à l’étranger et que nos ports perdent des navires » .

Depuis plusieurs années, le port de Boulogne-sur-Mer perd de la débarque. « L’usine Capitaine Houat (NDRL : groupe Les Mousquetai­res, c’est-à-dire Intermarch­é et Netto) a du mal à trouver de la matière, poursuit-il. Et dans une criée plus il y a d’offre, plus il y a de la demande ! Ce n’est pas normal que la débarque du Guilvinec (29) soit envoyée à Boulogne-sur-Mer » . Pour soutenir le marché et la profession, la Scapêche (filiale d’Agromousqu­etaires), les Pêcheurs d’Opale (coopérativ­e maritime) et l’armateur boulonnais Le Garrec ont décidé de s’associer et de proposer « ces bateaux du futur », en copropriét­é avec des patrons de pêche.

Ne nous y trompons pas, une partie de la débarque approvisio­nnera les rayons des enseignes des Mousquetai­res. « Nous avons une priorité d’accès mais pas un droit de préemption, rappelle Sylvain Pruvost. Cela dégraderai­t la valeur de la ressource » .

Une telle initiative pourrait-elle voir le jour à Dieppe ? « Pourquoi pas… répond- il. Nous sommes en contact avec des candidats que l’on connaît bien » . Au chantier Mim, on savoure cette bouffée d’oxygène. D’autres commandes pourraient être passées pour ce type de navire… « Nous nous sommes recentrés sur notre coeur de métier, la chaudronne­rie, confie le directeur, Philippe Brechon. Nous gardons le cap ! »

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