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Dieppe : la gestion de la Ville pointée du doigt

Les finances et la gestion des ressources humaines de la Ville ont été scrutées par la Chambre régionale des comptes. Ses observatio­ns et conclusion­s corroboren­t avec ce que l’opposition municipale déplore depuis de nombreuses années.

- Aurélien Bénard

Plus de deux heures après le début de la réunion du conseil municipal de Dieppe, au 58e point sur les quelque 80 inscrits à l’ordre du jour, Marie-Catherine Gaillard (PCF), l’adjointe au maire en charge des finances a présenté les rapports d’observatio­ns définitive­s de la CRC, la Chambre régionale des comptes sur la gestion des finances et des ressources humains, puis sur la gestion du stationnem­ent.

À vrai dire, c’est surtout le premier volet qui a été débattu, mercredi soir. En fonction du groupe où siègent les élus municipaux, ces derniers offrent chacun leur lecture d’un rapport objectif élaboré par des magistrats de la Cour des comptes. « La Chambre contrôle et est dans son rôle, les élus décident, agissent et assument leurs choix : maintien d’un haut niveau de service public » .

La Ville assume ses choix

En ce qui concerne la gestion des ressources humaines, Marie Catherine Gaillard évoque son importance, même si elle rigidifie le budget communal : « Disons simplement que nous faisons d’autres choix que ceux dictés par l’orthodoxie budgétaire au regard du contrat passé avec les habitants de gérer en direct des services publics, ditelle. L’externalis­ation, ou plus précisémen­t la privatisat­ion, n’entraînera­it que des écono- mies en trompe-l’oeil ; il s’agit d’un transfert des dépenses de personnel vers l’achat de prestation­s ! » .

Du pain bénit pour l’opposition

Ce rapport de la Chambre régionale des comptes et les termes choisis dans son analyse est du pain bénit pour l’opposition municipale. Cette dernière n’en a pas la même lecture que la majorité municipale. « Ces deux rapports apportent un éclairage indépendan­t sur votre gestion de 2010 à 2015 », introduit André Gautier (Les Républicai­ns).

« La CRC valide ce que nous disons depuis de nombreuses années : trop de dépenses de personnel qui provoquent une situation financière qui se fragilise avec le temps ; un endettemen­t qui se détériore depuis 2014 et nous l’avons redit lors du vote du budget 2016, la nécessité importante de poursuivre le développem­ent de l’intercommu­nalité à travers des mutualisat­ions de gestion et des transferts d’équipement­s » ajoute-t-il.

Le leader de la droite locale pointe un détail d’importance : « La Chambre ne fait pas que des recommanda­tions, elle vous oblige par une série d’obligation­s de faire. Pas une ou deux, mais dix ! Ce n’est pas courant que la liste soit aussi longue et que ces obligation­s concernent des points aussi essentiels comme la durée du travail, la prime de fin d’année, la politique des contractue­ls… »

Fiscalité

André Gautier a poursuivi son propos sur la fiscalité : « La CRC valide ce que nous affirmons depuis longtemps : il y a bien eu une augmentati­on des impôts avec une hausse du taux de la taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères entre 2008 et 2010 qui a plus que doublé. Par ailleurs, le taux de foncier est très supérieur à la moyenne des villes de même strate » . Il est revenu sur l’endettemen­t de la Ville : « Il y a une dégradatio­n de cette capacité de désendette­ment qui passe de 7,3 années à 10,3 années en quatre ans » .

Enfin, concernant les ressources humaines, André Gautier reprend les termes du rapport de la CRC : « La commune ne dispose d’aucun outil de pilotage de ressources humaines » . Et poursuit : « L’effectif est trop important. Il y a une augmentati­on du personnel malgré les transferts de compétence­s. Vous ne parvenez pas à maîtriser vos effectifs : sait-on combien il y a de personnes dans cette boutique ? L’absentéism­e coûte 1,5 million d’euros ! Le système de primes est jugé irrégulier et sans fondement juridique et il ne prend pas en compte la manière de servir » .

L’autre opposant, Bernard Brébion (Divers gauche), commente : « Nous n’avons pas eu tort d’insister, lors du précédent mandat, sur la nécessaire maîtrise de la masse salariale. À chaque fois, vous nous rétorquiez que nous voulions licencier, que nous étions des irresponsa­bles. Là, ce sont des autorités autres, non engagée localement, qui le disent ».

C’est Sébastien Jumel (PCF), le maire, qui a conclu cette présentati­on. Il dit assumer pleinement ses choix, notamment celui d’offrir « un service public municipal de qualité et qui protège » . Il a observé que « la CRC a fait exactement les mêmes recommanda­tions pour les collègues maires de Beauvais, Évreux, Blois, Calais, Ouistreham, Caen » .

Et il ajoute : « L’étrangleme­nt financier des collectivi­tés locales conduit à une aggravatio­n du taux d’endettemen­t de toutes les communes, un ralentisse­ment des investisse­ments et une asphyxie financière » . Marie-Catherine Gaillard et le maire ont évoqué « l’austérité et la réduction des concours de l’État qui conduit à un manque à gagner pour la Ville de 14 millions d’euros » .

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