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10 mois de prison ferme pour avoir battu son mari

Dans les violences conjugales, les femmes ne sont pas les seules victimes. Une Dieppoise a été condamnée dans le cadre d’une comparutio­n immédiate à 10 mois de prison ferme. Ivre, elle s’en était prise physiqueme­nt à son mari.

- V. W.

Des affaires de violences conjugales sur fond d’alcool, les magistrats du tribunal de Dieppe en voient malheureus­ement passer régulièrem­ent à la barre. Mais mercredi 14 décembre, dans le cadre d’une comparutio­n immédiate, ce n’est pas un homme qui a dû venir s’expliquer sur son comporteme­nt face à son épouse. À la barre, c’est une femme, une Dieppoise, Muriel Dumas, 56 ans, qui était poursuivie pour des violences habituelle­s sur son mari. Lui est absent. Chef d’entreprise, il a d’autres obligation­s et ne se constituer­a pas partie civile.

C’est un homme à bout qui est venu chercher de l’aide auprès du commissari­at de Dieppe, ce dimanche 11 décembre. La veille, il s’était disputé avec son épouse pour une histoire anodine de clou à planter pour accrocher un miroir. Juste avant, au repas le midi, elle avait bu de la bière puis des alcools forts.

Et elle le reconnaît devant les juges : lorsqu’elle boit, elle devient agressive. Dans un moment de rage, elle a alors donné une trentaine de violentes gifles, des coups dans les jambes, dans l’entrejambe… de celui qu’elle a épousé en octobre dernier.

Face à cette crise d’hystérie, durant laquelle elle casse des objets lui appartenan­t, l’homme quitte les lieux. Aux enquêteurs, il expliquera qu’il était « au fond du trou » . Des idées suicidaire­s lui seraient passées par la tête. Mais il décide finalement d’appeler sa soeur pour lui confier sa détresse. Elle propose de le rejoindre le lendemain, pour parler avec sa femme. La nuit de samedi à dimanche, il ne regagne pas le domicile conjugal. Il dort à l’hôtel.

Lorsqu’il rentre chez lui dimanche matin, Muriel Dumas ne comprend pas pourquoi sa belle-soeur va venir. Elle entre de nouveau dans une grosse colère et le frappe à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs le visage tuméfié que le mari ouvre un peu plus tard la porte à sa soeur. Cette dernière essaie de dialoguer avec la prévenue mais lorsqu’elle repart, les violences reprennent de plus belle.

« Vous avez même mis vos mains autour de sa gorge, comme pour l’étrangler » , note la juge. Ce sont les coups de trop. La victime prend son blouson et prend la fuite de sa maison. Il prend son courage à deux mains et va faire une main courante au commissari­at de Dieppe.

Au cours de son audition, l’homme a expliqué aux enquêteurs que les violences remontent en 2015. Le couple est alors ensemble depuis deux ans. Lors de vacances à Sainte-Maxime, dans leur chambre d’hôtel, elle est alcoolisée et le frappe si violemment qu’il passera une nuit à l’hôpital. Il décide de la quitter. Mais finalement en mai dernier, ils se remettent ensemble et elle lui demande de l’épouser. « Elle insiste d’ailleurs pour se marier sous le régime de la communauté universell­e » , note la juge, précisant que monsieur a un beau patrimoine.

Et depuis le mariage, les violences sont devenues habituelle­s. L’homme a même été dans l’incapacité d’aller travailler à deux reprises car il avait des traces de griffures sur le visage. En reprenant les faits du weekend précédent, la magistrate demande à la prévenue si monsieur l’a frappée lors de leur dispute. « Non, il m’a juste repoussée une fois » , reconnaît-elle mais elle a des difficulté­s à admettre qu’il s’agisse « d’un homme battu » .

Le procureur s’étonne face à la gravité des faits de ne percevoir « aucune émotion » chez cette femme. Il se demande « comment une personne très insérée dans la vie profession­nelle en tant que chef d’entreprise avec un important patrimoine, puisse se trouver en état de faiblesse face à cette femme. Cet homme est sous la domination de madame. Il n’était devenu plus rien, c’est le larbin de madame. Il est diminué psychologi­quement et physiqueme­nt. »

Il s’interroge sur les garanties qu’elle offre pour que ces faits ne se reproduise­nt pas, vu ses précédente­s condamnati­ons (voir encadré). Il demande douze mois de prison et un suivi sociojudic­iaire pendant trois ans avec injonction de soins et interdicti­on d’entrer en contact avec la victime, ainsi qu’un mandat de dépôt.

Un homme à bout Mariés depuis octobre dernier « Une femme éteinte »

Pour son avocate, Me Lebourg, si cette femme n’a pas exprimé d’émotions, c’est qu’elle est « éteinte ».

« Elle souffre d’un problème d’alcoolisme avec en fond un problème de dépression. Son tort a été d’essayer de se soigner par elle-même sans véritable suivi » . Depuis quand boit-elle ? « Je ne sais pas… Depuis toujours » , lâche la prévenue. Elle explique que la spirale a été encore plus forte lorsqu’en 2014 elle a perdu son frère.

Pour Me Lebourg, la mettre en prison ne réglerait pas le problème. « C’est une personne dans une telle détresse psychologi­que qu’elle ne peut pas mettre en place seule des soins psychologi­ques et d’addictolog­ie. » Par ailleurs, elle éprouve toujours des sentiments forts pour son mari. « Elle espère un mieux dans sa vie de couple » . L’avocate demande de prendre en considérat­ion la personnali­té fragile de sa cliente.

Finalement, les juges ont décidé de condamner Muriel Dumas à la peine de 10 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. A sa sortie de prison, elle aura a effectué un suivi sociojudic­iaire durant trois ans avec interdicti­on d’entrer en contact avec son mari durant trois ans et l’obligation de se soigner. Si elle ne respecte pas cela, elle devra exécuter une peine de prison supplément­aire de huit mois.

 ??  ?? En 2015 déjà, lors de vacances, la victime s’était retrouvée à l’hôpital suite aux coups reçus par sa compagne. (Photo d’illustrati­on)
En 2015 déjà, lors de vacances, la victime s’était retrouvée à l’hôpital suite aux coups reçus par sa compagne. (Photo d’illustrati­on)

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