Les élus disent non aux éoliennes
Les membres du conseil municipal de Tôtes, sous la présidence de Jean-Yves Billoré, le maire, ont participé jeudi 5 janvier à une réunion sur le projet éolien prévu sur la commune.
Pour cette réunion du conseil municipal à Tôtes, le jeudi 5 janvier, de nombreux habitants et associations avaient fait le déplacement afin de faire pression contre le futur projet éolien. Projet qui prévoit l’implantation de quatre éoliennes géantes de 150 mètres de hauteur prévue à 500 mètres des habitations. Certains habitants ont d’ailleurs commencé à monter des dossiers et une pétition est en cours avec déjà plusieurs centaines de signatures récoltées.
Les Tôtais n’avaient jusqu’ici rien contre les éoliennes, mais depuis quelques mois la présence de mâts de mesure à l’ouest et à l’est du village ont poussé les habitants à commencer à poser des questions. Des habitants qui ont reçu mi-décembre une lettre les avertissant d’une enquête publique sur le premier projet à l’ouest de Tôtes.
La plupart ont été surpris de découvrir que le promoteur avait situé les éoliennes géantes à une distance de 500 mètres du village. Pire, le plan utilisé pour situer l’implantation des éoliennes, n’est pas à jour… « On ne voit pas le nouveau lotissement Les Alizés sur le plan, explique l’une des personnes présentes. Même s’il respecte la distance de 500 mètres par rapport au lotissement, ce n’est pas normal. Le lotissement ne date pas d’hier ». La moitié du village située à l’ouest se trouve donc dans la zone des 500 mètres à l’ouest et l’autre moitié à l’est dans la zone des 1 000 à 1 500 mètres.
Jusqu’au 14 avril 2015, la distance à respecter était de 1 000 mètres par rapport aux habitations, depuis un amendement législatif a autorisé une distance minimale de 500 mètres dans le cas où une ou deux maisons bloquaient un projet. « Seulement à Tôtes, le cas par cas correspond à la moitié du village de 1 400 habitants… » , explique un opposant.
Depuis une quinzaine de jours, les pancartes de mécontentement ont été installées à l’entrée de la commune, des autocollants ont été réalisés et sont collés sur les voitures et enfin l’association Cervantès, nouvellement créée pour lutter contre les éoliennes, voit le nombre de ses adhérents exploser. L’autre association qui défend la plaine de l’Etantôt est également en pleine expansion. « Tout le monde est conscient du problème de l’énergie, mais aujourd’hui il y a des solutions en mer qui sont nettement plus performantes, on ne comprend pas pourquoi les promoteurs continuent à miner le paysage avec des aérogénérateurs qui génèrent plus de nuisances que d’énergie » , scande-t-on.
Ce jeudi soir, Jean-Yves Billoré et son équipe ont donc procédé au vote du projet. « Le maire n’a jamais vu autant de monde pour assister à une séance de conseil municipal » , souligne un des participants. Le représentant de la société Valorem visiblement n’a pas su convaincre les élus en leur affirmant qu’il n’y aurait pas d’impact négatif. En particulier pour les maisons neuves des Alizés, pas de bruit, même par vent de nord ouest par 40 km/h, pas de troubles visuels malgré la hauteur de 150 mètres des machines nouvelles générations…
Celui-ci à d’ailleurs proposé la plantation d’une hêtraie le long des Alizés plus ou moins efficaces dans 30 ans (N.D.L.R. : Un hêtre mesure 35 mètres de hauteur, l’éolienne en question 150 mètres). Jean-Yves Billoré a fait remarquer que la municipalité n’avait jamais donné son avis sur ce projet et le maire précédent n’avait pas pu refuser qu’une étude soit entreprise. Les promoteurs ayant toujours fait croire que la municipalité y était favorable.
« Ce qui aurait pu influencer les élus, c’est une contrepartie financière pour la commune, mais celle annoncée au départ ne correspond plus à la réalité, car elle serait maintenant versée à la communauté de communes », a expliqué Jean-Yves Billoré. Chacun des membres du conseil municipal s’est donc dirigé vers l’isoloir. Au terme du dépouillement le résultat est sans appel, 14 voix contre, un blanc. Un soulagement et des applaudissements ont clôturé ce conseil municipal du 5 janvier.
Reste qu’aujourd’hui malgré la décision du conseil municipal, ce vote n’a qu’un avis consultatif, la préfecture est en droit d’imposer ce projet « ce qui représente une hypocrisie majeure » , lance un participant. La préfète va demander l’avis des autres communes de la com com qui pourraient bénéficier d’une contrepartie financière sans en avoir les inconvénients… Les Tôtais mécontents du projet sont de plus en plus mobilisés et motivés surtout depuis qu’ils viennent de se rendre compte que la municipalité est de leur côté. Avant la réunion, un esprit de discorde était sur le point de s’établir.
Une loi qui a du mal à passer Le projet n’est pourtant pas enterré
PRATIQUE
Les prochaines réunions publiques : samedi 14 janvier de 9 h à 12 h à la mairie de Tôtes, le jeudi 19 janvier de 15 h 30 à 18 h 30 en mairie de Calleville-les-DeuxEglises et le lundi 23 janvier de 15 h à 18 h en mairie de Tôtes. À l’issue de l’enquête publique, le préfet pourra statuer sur le projet éolien.