Pauline Accard et Benoît Arrachart
Basée à Bois-Robert près de Longueville, l’association Form’oser oeuvre pour le développement économique et la lutte contre la toxicomanie dans une région d’Argentine, Formosa. Rencontre avec Pauline Accard et Benoît Arrachart, à l’origine de ce projet.
Les deux jeunes Dieppois ont créé l’association Form’oser. Elle oeuvre pour le développement économique et la lutte contre la toxicomanie dans une région d’Argentine, Formosa. Tous deux ont vécu deux ans en Argentine dans le cadre d’un contrat de volontariat international.
Quel est le but de votre association ?
Nous avons deux projets pour la région de Formosa en Argentine : développer un réseau de microcrédit et lutter contre la toxicomanie. Formosa est une région sud tropicale, frontalière du Paraguay, à 18 heures de bus de Buenos Aires. Elle est un peu oubliée politiquement et soumise à une forte corruption. Votre but est donc d’aider les gens à créer leur propre activité ?
Oui, nous voulons générer de l’activité pour leur permettre de retrouver la dignité par le travail, à travers des remboursements étalés et des faibles taux d’intérêt. Nous appliquons la méthode particulière dite de la Banca comunal. Elle vise à développer localement l’épargne pour ensuite prêter aux entrepreneurs. Notre but est de créer un système qui devienne autonome. Et concernant la lutte contre la toxicomanie ?
Elle est particulièrement présente dans cette région, notamment le paco, la « drogue du pauvre ». Pour 50 pesos (environ 3 €), il est possible de se droguer avec ce produit similaire au crack, constitué de produits inflammables. Il fait des ravages. Des jeunes de 12-13 se prostituent pour financer l’achat de Paco. C’est en lien avec la misère sociale et économique, dans des quartiers complètement oubliés, à 10 km du centre-ville. Comment êtes-vous venu à créer Form’oser ?
Nous avons vécu deux ans làbas, au coeur des quartiers, dans le cadre d’un contrat de volontariat international. L’association avait été créée il y a 15 ans par une dame d’Amiens et nous avons repris le flambeau. Quels sont vos besoins ?
Aujourd’hui, nous avons des volontaires sur place, Clotilde et Niels, qui poursuivent le travail que nous avons commencé. Nous cherchons activement des fonds pour leur permettre de continuer leur mission. Comme beaucoup d’associations, nous devons faire face à la baisse des subventions publiques. Nous avons lancé une campagne de financement participatif, mais ce n’est pas quelque chose de durable. Il nous faut donc développer le mécénat d’entreprises. Sinon, nous serons obligés de rapatrier nos volontaires. Tout le travail commencé serait annihilé alors que nous obtenons des résultats concrets sur place. Localement, ici à Dieppe, vous avez déjà des soutiens ?
La Providence (NDLR : Pauline est une ancienne élève du lycée) nous soutient, financièrement et pour la logistique. Nous y avons fait plusieurs interventions et organisons des réunions publiques pour informer et aussi obtenir un soutien financier. Comment voyez-vous l’évolution de votre association ?
Notre objectif est qu’il y ait une prise de relais au niveau local. C’est tout l’objet de notre travail de formation des bénévoles sur place. Nous avons com- mencé le processus de création d’une association en Argentine, en lien avec les habitants. Elle s’appelle Ñémoiru, qui signifie « être solidaire » en Guarani, un nom choisi par les habitants. Il y a déjà un conseil d’administration localement. Mais le processus de création d’une association est très long en Argentine, c’est très complexe et surtout très politisé. Ce sont aujourd’hui nos deux blocages : l’argent en France et la politique en Argentine. Pourtant, ça marche : nous allons doubler le nombre de bénéficiaires du microcrédit en 2017, pareil pour le réseau de lutte contre la toxicomanie.
PRATIQUE
Plus d’informations sur formoser. org ou sur facebook. com/formoser. Campagne de financement participatif sur helloasso. com.