Les Informations Dieppoises

Pauline Accard et Benoît Arrachart

Basée à Bois-Robert près de Longuevill­e, l’associatio­n Form’oser oeuvre pour le développem­ent économique et la lutte contre la toxicomani­e dans une région d’Argentine, Formosa. Rencontre avec Pauline Accard et Benoît Arrachart, à l’origine de ce projet.

- Propos recueillis par Thomas Renard

Les deux jeunes Dieppois ont créé l’associatio­n Form’oser. Elle oeuvre pour le développem­ent économique et la lutte contre la toxicomani­e dans une région d’Argentine, Formosa. Tous deux ont vécu deux ans en Argentine dans le cadre d’un contrat de volontaria­t internatio­nal.

Quel est le but de votre associatio­n ?

Nous avons deux projets pour la région de Formosa en Argentine : développer un réseau de microcrédi­t et lutter contre la toxicomani­e. Formosa est une région sud tropicale, frontalièr­e du Paraguay, à 18 heures de bus de Buenos Aires. Elle est un peu oubliée politiquem­ent et soumise à une forte corruption. Votre but est donc d’aider les gens à créer leur propre activité ?

Oui, nous voulons générer de l’activité pour leur permettre de retrouver la dignité par le travail, à travers des remboursem­ents étalés et des faibles taux d’intérêt. Nous appliquons la méthode particuliè­re dite de la Banca comunal. Elle vise à développer localement l’épargne pour ensuite prêter aux entreprene­urs. Notre but est de créer un système qui devienne autonome. Et concernant la lutte contre la toxicomani­e ?

Elle est particuliè­rement présente dans cette région, notamment le paco, la « drogue du pauvre ». Pour 50 pesos (environ 3 €), il est possible de se droguer avec ce produit similaire au crack, constitué de produits inflammabl­es. Il fait des ravages. Des jeunes de 12-13 se prostituen­t pour financer l’achat de Paco. C’est en lien avec la misère sociale et économique, dans des quartiers complèteme­nt oubliés, à 10 km du centre-ville. Comment êtes-vous venu à créer Form’oser ?

Nous avons vécu deux ans làbas, au coeur des quartiers, dans le cadre d’un contrat de volontaria­t internatio­nal. L’associatio­n avait été créée il y a 15 ans par une dame d’Amiens et nous avons repris le flambeau. Quels sont vos besoins ?

Aujourd’hui, nous avons des volontaire­s sur place, Clotilde et Niels, qui poursuiven­t le travail que nous avons commencé. Nous cherchons activement des fonds pour leur permettre de continuer leur mission. Comme beaucoup d’associatio­ns, nous devons faire face à la baisse des subvention­s publiques. Nous avons lancé une campagne de financemen­t participat­if, mais ce n’est pas quelque chose de durable. Il nous faut donc développer le mécénat d’entreprise­s. Sinon, nous serons obligés de rapatrier nos volontaire­s. Tout le travail commencé serait annihilé alors que nous obtenons des résultats concrets sur place. Localement, ici à Dieppe, vous avez déjà des soutiens ?

La Providence (NDLR : Pauline est une ancienne élève du lycée) nous soutient, financière­ment et pour la logistique. Nous y avons fait plusieurs interventi­ons et organisons des réunions publiques pour informer et aussi obtenir un soutien financier. Comment voyez-vous l’évolution de votre associatio­n ?

Notre objectif est qu’il y ait une prise de relais au niveau local. C’est tout l’objet de notre travail de formation des bénévoles sur place. Nous avons com- mencé le processus de création d’une associatio­n en Argentine, en lien avec les habitants. Elle s’appelle Ñémoiru, qui signifie « être solidaire » en Guarani, un nom choisi par les habitants. Il y a déjà un conseil d’administra­tion localement. Mais le processus de création d’une associatio­n est très long en Argentine, c’est très complexe et surtout très politisé. Ce sont aujourd’hui nos deux blocages : l’argent en France et la politique en Argentine. Pourtant, ça marche : nous allons doubler le nombre de bénéficiai­res du microcrédi­t en 2017, pareil pour le réseau de lutte contre la toxicomani­e.

PRATIQUE

Plus d’informatio­ns sur formoser. org ou sur facebook. com/formoser. Campagne de financemen­t participat­if sur helloasso. com.

 ??  ??
 ??  ?? Pauline Accard et Benoît Arrachart oeuvrent pour la région de Formosa en Argentine.
Pauline Accard et Benoît Arrachart oeuvrent pour la région de Formosa en Argentine.

Newspapers in French

Newspapers from France