Les Informations Dieppoises

Assam fait de son handicap sa force

À 28 ans, le Dieppois Assam Mehdi a créé son auto-entreprise et travaille au sein de l’associatio­n L’Echiquier dieppois. Diagnostiq­ué autiste Asperger, il transmet sa passion pour les échecs… à d’autres jeunes handicapés.

- V. W.

Assam Mehdi a le sourire. Il est satisfait de constater que séance après séance au sein de L’Echiquier dieppois, un adolescent dieppois souffrant d’autisme fait de nets progrès. « Au départ il était très discret et restait dans son coin. Maintenant, il a plus de contacts avec les autres joueurs » , raconte ravi cet animateur. Des progrès qui le renvoient à sa propre histoire. En effet, Assam Mehdi est lui aussi autiste. « Mais il y a autant d’autismes que d’autistes » , précise-t-il. Lui souffre du syndrome d’Asperger (voir encadré).

Passionnés de cryptograp­hie

Intellectu­ellement, Assam Mehdi va à mille à l’heure, se passionne pour mille sujets : psychologi­e, cryptograp­hie (il a inventé une dizaine de méthodes de codage), japonais, jeux de stratégie, archéologi­e égyptienne… Mais finalement ce sont les situations de la vie quotidienn­e les plus simples qui lui donnent le plus de fil à retordre.

« Si je décide de ranger une pièce, je vais savoir comment m’y prendre car mon fonctionne­ment cognitif est séquentiel : il me faut construire mes séquences pour arriver à accomplir cette tâche. Mais si mon patron me dit de ranger cette même pièce, ça va être plus compliqué, je vais être plus lent » , raconte-t-il. Il explique que « les démarches du quotidien comme une déclaratio­n de ressources à la Caf, la caisse d’allocation­s familiales, me semblent plus compliquée­s que de créer un site internet ! »

Il a donc travaillé de nombreuses années sur lui « pour apprendre à penser au niveau du cognitif de manière globale et non séquentiel­le » . Et les échecs l’ont aidé à sortir de chez lui, à communique­r avec les autres. « Je suis casanier (sourire). Quand je joue aux échecs, j’ai une personne en face de moi, donc je suis bien obligé d’avoir un minimum de contacts avec elle » .

Et au fil du temps, les échecs qui n’étaient qu’une passion sont devenus son métier. Membre du club de Dieppe depuis fin 2012, il a tout d’abord proposé de créer une activité au sein de l’Esat, établissem­ent qui accueille des personnes handicapée­s où il travaillai­t alors en atelier dans le domaine de la sous-traitance. Mais les encadrants n’ont pas cru en la viabilité du projet immédiatem­ent. Il a donc fallu que pendant les temps de pause, il réussisse à initier une dizaine de personnes en situation de handicap pour prouver que des salariés étaient intéressés pour proposer de véritables cours.

En parallèle, il a l’idée de créer son auto-entreprise dans ce domaine et Olivier Delabarre, le directeur technique de L’Equichier dieppois cherche à former des animateurs pour intervenir dans les écoles. « En août 2013, j’ai passé le diplôme d’initiateur et l’année suivante celui d’arbitre premier niveau » confie-t-il.

Auto-entreprise et diplôme

Aujourd’hui, il partage donc son temps entre les cours qu’il donne pour le compte de l’Echiquier dieppois dans le cadre d’un CAE, contrat d’accompagne­ment dans l’emploi et sa petite entreprise. Il a fait le choix de cibler les structures accueillan­t des enfants et des adultes souffrant de divers handicaps et notamment des jeunes autistes, comme les Sessad, les Services d’éducation spéciale et de soins à domicile. Pour cela, il a passé l’an dernier son diplôme d’animateur premier degré spécialisé auprès des handicapés. Et c’est avec un réel plaisir qu’il voit progresser tous ses élèves, dont certains ont même rejoint L’Echiquier dieppois.

 ??  ??
 ??  ?? Hassan Mehdi donne des cours d’échecs au sein de l’Echiquier dieppois et de son auto-entreprise.
Hassan Mehdi donne des cours d’échecs au sein de l’Echiquier dieppois et de son auto-entreprise.

Newspapers in French

Newspapers from France