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145 000 t de sucre produites à Fontaine

Le 10 janvier s’est officielle­ment achevée la campagne 2016 de la betterave qui a débuté en septembre. Découverte avec cette culture qui, chaque automne, modèle notre paysage.

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Durant quatre mois, la fumée est sortie de l’usine de Fontainele-Dun Cristal Union. Une odeur lourde et sucrée a flotté sur la campagne environnan­te, sur les routes le balai incessant des camions apportant leur précieuse cargaison n’a pas cessé, nuit et jour dans les champs des monstres mécaniques se sont activés à faire jaillir du sol des petits terrils de pépites terreuses.

Durant cette période, ce sont 200 ouvriers (130 permanents et 70 saisonnier­s) qui ont travaillé 42 heures par semaine, 6 jours sur 7, ce sont 44 camions qui vont ramener les betteraves des 1 300 planteurs sous contrats avec la coopérativ­e sucrière sur un rayon de 32 kilomètres autour de Fontaine-le-Dun.

Au final, 950 000 tonnes de betteraves donneront 145 000 tonnes de sucre cristallis­é.

Ces chiffres, c’est Patrice Petit, le nouveau président de la sucrerie Cristal Union, arrivé courant 2016, qui les a annoncés.

Revenant sur cette dernière campagne, Patrice Petit précise : « Sauf catastroph­e climatique, on ne peut pas vraiment parler de bonne ou de mauvaise année pour la betterave : c’est en général une culture rentable, ni technique ni spécifique, surtout ici, sur la zone littorale, où nous avons une très bonne terre. De même pour le sucre, il n’y a pas de bon ou de mauvais cru, le process est tellement maîtrisé, ici, que la qualité est tout à fait stable » .

Avec Patrice Petit, qui a fait toute sa carrière dans le sucre, suivons donc une betterave de son semis, entre mi-mars et miavril, à son départ de l’usine, à l’automne sous forme de sucre cristallis­é en vrac dans de grands sacs en papier.

De la graine au grain

Dès septembre, et selon un planning précis, (il faut faire vite, car dès que la betterave est arrachée, elle perd de sa teneur en sucre), commence mécaniquem­ent l’arrachage, et sur place, le déterrage, car la terre, lourde, augmente considérab­lement les coûts de transports.

Une fois arrivée à l’usine, la cargaison du camion est échantillo­nnée : la propreté est évaluée et son taux de sucre mesuré afin de rémunérer au plus juste producteur et transporte­ur.

Les betteraves sont ensuite vigoureuse­ment lavées dans un réseau de canalisati­ons et d’hélices, puis découpées en bâtonnets – les cossettes – dont on extrait le jus sucré par osmose ( l’eau chaude se charge du saccharose contenu dans les racines.)

Ce jus sucré, chargé d’impuretés, est ensuite purifié à la chaux vive, puis cristallis­é par chauffage. Les cristaux ainsi obtenus doivent encore être calibrés : ce sera fait par l’introducti­on d’une semence dans les chaudières, sur laquelle ils se fixeront. Séchage, stockage, et le sucre est enfin prêt à partir vers les clients, essentiell­ement des usines agroalimen­taires, sous la marque Daddy.

Un processus 0 déchet

Au final, sur 100 kg de betteraves, 18 kg de sucre ont été extraits, mais pour autant, il n’y aura pas le moindre déchet.

Il restera 5 kg de matière végétale qui sera reconditio­nnée en tourteaux pour l’alimentati­on animale. Le reste, c’est de l’eau, qui, une fois extraite, sera stockée, épurée, et servira, dans une boucle parfaite, à laver les nouvelles arrivées de la terre résiduelle, qui après lavage et décantatio­n retournera dans les champs. Et les impuretés captées dans le jus, qui elles aussi retournero­nt dans les champs, mais sous forme d’engrais.

La fin des quotas

Tout semble aller pour le mieux pour la coopérativ­e Cristal Union, deuxième groupe sucrier français, auquel appartient la sucrerie de Fontaine-le-Dun, mais une légère incertitud­e plane sur l’avenir : « Jusqu’alors, explique le directeur, la production de sucre était contingent­ée par des quotas, et il n’y avait pas d’import-export hors de l’Union européenne. Mais en 2017, c’est la fin des quotas et du marché protégé. Les prix vont donc être soumis aux cours mondiaux et varier en fonction des aléas climatique­s et du stock mondial » .

Pour rester concurrent­ielle, la sucrerie – la dernière de SeineMarit­ime – a, ces dernières années, investi lourdement dans du matériel visant à augmenter le rendement. Il est également prévu d’emblaver 25 % de plus cette année et d’augmenter la durée de la campagne de 100 à 120 jours.

En attendant, après cette période frénétique, le blé va succéder en terre à la betterave, et l’usine va retrouver un rythme plus paisible, même si, pendant 9 mois, le travail ne manquera pas pour se préparer au mieux à une nouvelle saison.

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Patrice Petit présente une des dernières machines agricoles ultra-performant­es.
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La sucrerie de Fontaine-le-Dun est en pleine activité.

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