Chloé, dieppoise, donne la réplique à Jaoui et Bacri
La jeune Dieppoise Chloé Lorphelin est élève à l’École supérieure de comédiens par alternance. Elle vient de décrocher son premier rôle de professionnelle aux côtés de Jean-Pierre Bacri et d’Agnès Jaoui.
Elle est encore sur un petit nuage même si, depuis le 8 janvier dernier, le rideau est tombé et les projecteurs se sont éteints. Il y a deux semaines encore, la jeune Dieppoise Chloé Lorphelin était sur la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris.
Toute jeune comédienne de 23 ans, elle a donné la réplique pendant quatre mois au célèbre duo d’acteurs Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri dans Les Femmes savantes. Une pièce de Molière mise en scène par Catherine Hiegel.
« C’est mon premier rôle en tant que professionnelle » sourit la jeune femme. Un premier rôle décroché suite à une audition que Chloé Lorphelin a pu passer par l’intermédiaire de l’Esca, l’École supérieure de comédiens par alternance qui se trouve à Asnières. Une école aux portes de Paris où elle se prépare à devenir comédienne professionnelle depuis un an et demi.
« Catherine Hiegel voulait travailler avec l’Esca, c’est comme ça que j’ai pu accéder à l’audition » confie Chloé Lorphelin. Une audition où la jeune femme a dû convaincre, car bien sûr d’autres élèves étaient sur « le coup ». « J’ai tout donné, je voulais absolument que ce soit moi » dit-elle.
Lorsque l’assistante de Catherine Hiegel lui téléphone quelque temps plus tard pour lui annoncer que c’est elle qui a été choisie, « j’en ai pleuré. Et puis tout de suite, j’ai appelé mes parents à Dieppe pour leur faire part de la nouvelle » se souvient-elle.
En juin dernier, elle se retrouve donc sur les planches pour répéter avec les 13 autres comédiens. Quinze jours de travail intense, avant trois autres semaines de répétitions en août et la première, le 10 septembre, devant le public cette fois.
Chloé Lorphelin se souvient encore de cette première : « Évi- demment, j’avais le trac, mais nous l’avions tous. Le Théâtre de la Porte Saint-Martin, c’est 1 000 personnes. Et pendant quatre mois, il n’a pas désempli » .
Elle se souvient aussi de sa première rencontre avec Agnès Jaoui et Jean- Pierre Bacri : « C’était à l’occasion de la première lecture, nous étions tous ensemble autour d’une table. J’étais très impressionnée au début, mais il a fallu très vite que j’abandonne mon côté groupie pour me concentrer » s’amuse-t-elle.
Sur scène, Chloé Lorphelin jouait le rôle de la domestique d’Agnès Jaoui. Mais dans la vraie vie, l’actrice et son ancien compagnon Jean-Pierre Bacri « sont très humains et tournés vers l’autre » confie-t-elle. Même si, les premières fois sur scène, elle avoue s’être sentie « toute ridicule et riquiqui au milieu de ces acteurs que j’admire » .
Chloé Lorphelin a rejoint l’Esca en 2015 après avoir passé trois années aux célèbres cours Florent à Paris. Pourtant lorsqu’elle était adolescente, le théâtre n’était pas une vocation : « Lorsque j’étais en 3e, ma prof de latin m’avait fait remarquer que j’avais beaucoup de choses à dire, mais qu’elle ne voulait pas que je les dise en classe. Elle m’a sug- géré de faire du théâtre, mais pour moi le théâtre, c’était quelque chose de vieillot » .
Arrivée au lycée Ango, elle décide néanmoins de rejoindre le club théâtre animé par Gérard Gaiddon : « Je me suis tout de suite sentie à ma place, dans un endroit fait pour moi. Je pouvais effectivement dire tout ce que j’avais à dire, mais avec de jolis mots car ils ont été écrits par des poètes et de grands auteurs » .
Devant 1 000 personnes tous les soirs La révélation à Ango « Passe ton bac d’abord »
Enthousiaste, elle confie à ses parents qu’elle veut devenir comédienne. « Et comme beaucoup, ils m’ont répondu : passe ton bac d’abord. C’était le deal » .
Le bac en poche, l’audition pour les cours Florent décrochée, la Dieppoise s’installe à Paris pour y suivre sa formation de future comédienne. Et avec ce rôle tout récent aux côtés de Jaoui-Bacri sous la direction de Catherine Hiegel, ses premiers pas sur scène sont prometteurs.
Mais la jeune femme sait que tout reste à faire : « Cette pièce est la première marche d’un grand escalier qu’il me faudra monter » dit-elle. « Je ne dois pas attendre les choses, mais les provoquer » . Déjà, elle répète pour une nouvelle pièce et travaille sur une création qui mettra en scène des morceaux de pièces de Courteline et Guitry.
Et prochainement, elle doit dîner avec Agnès Jaoui avec laquelle elle est restée en contact. Qui sait ?