Les musées s’enrichissent de vos dons
La plupart des objets présentés dans nos musées proviennent de dons privés. Mais avant d’être acceptés, ils doivent passer devant une commission de spécialistes.
« Il y a encore beaucoup de pièces de collection chez les particuliers, souligne Maïté Ducornetz, directrice du musée de l’Horlogerie de Saint-Nicolas-d’Aliermont. Elles se transmettent parfois de génération en génération » . Des chaussures de créateurs, des pendulettes de voyage, une mallette de médecin, une cuvette de toilette liée à l’architecte Georges Feray… Autant d’objets qui font partie du patrimoine et peuvent entrer dans les collections des musées de la région dieppoise grâce aux dons privés. Des dons privés qui « font partie de notre ADN », ajoute Maïté Ducornetz.
Le musée de l’Horlogerie est géré par la commune, tout comme le Château-Musée de Dieppe, le MVHQ, le musée d’Histoire de la vie quotidienne de Saint-Martin-en-Campagne ou encore le musée JacquesEmile-Blanche d’Offranville. La Cité de la mer, à Dieppe, est quant à elle administrée par une association, l’Estran. Et parmi ces structures, une autre distinction peut-être faite : le label Musée de France. Seuls le Château-Musée et le musée de l’Horlogerie en font partie. Et pour ces derniers, la procédure d’acquisition est différente.
Alors comment faire si vous trouvez dans votre grenier ou que vous héritez d’objets rares ? « La première chose, c’est de nous envoyer un mail avec des photographies pour que nous puissions les évaluer », indique Apolline Rouget, responsable des collections et des expositions au MVHQ. Une pratique également privilégiée dans les autres musées du territoire. « Les critères de choix sont les suivants : l’état général de l’objet, les informations qui permettent de l’identifier, la cohérence avec le thème du musée, le format et la manière dont il peut être intégré aux collections » , ajoute-t-elle.
Objets familiaux
Ensuite l’objet doit passer devant une commission d’acquisition composée de différentes personnes suivant le statut du musée. Pour les Musées de France, la Drac, la Direction régionale des affaires culturelles, est présente, accompagnée de membres du ministère de la Culture, de spécialistes du monde de la conservation et de la restauration, de représentants de la Région Normandie et de conservateurs spécialistes de différentes disciplines. « Nous devons remplir un dossier très précis et illustré, explique Pierre Ickowicz, le conservateur du Château-Musée. A savoir si c’est un don, un leg, un achat par la Ville… » . A noter que depuis 2010, la municipalité dieppoise n’a plus de budget d’acquisition pour le musée.
« La procédure est assez longue et peut faire peur » , note Maïté Ducornetz. En effet, pas question de déposer l’objet sans explication car c’est aussi son histoire qui intéresse les responsables de collections. « Ce sont souvent des objets ayant appartenu aux grands- parents, précise Apolline Rouget. On les retrouve quand ils vont en maison de retraite. Certaines personnes découvrent également des raretés en chinant, mais généralement ce sont des objets familiaux » .
Néanmoins, les musées n’ont aucune obligation d’intégrer un objet dans leur collection. Le manque de place se fait sentir. « J’ai reçu une machine à coudre Singer mais nous en avons déjà, alors je l’ai refusée » , reprend la responsable des collections du MVHQ. Une remarque partagée par les autres établissements. « L’époque où les musées prenaient tout est définitivement révolue ! » , lance Maïté Ducornetz. A moins que vous découvriez des modèles exceptionnels…