« Je ne voulais pas d’un parachuté »
La députée et frondeuse Dominique Chauvel ne se représente pas à sa succession. Le Parti socialiste a choisi d’envoyer au charbon Jean-Pierre Thévenot, le maire de Cany-Barville et ancien ingénieur à la centrale de Paluel, sur la 10e circonscription.
Les militants du Parti socialiste ont choisi d’accorder l’investiture à Jean-Pierre Thévenot, le maire de Cany-Barville, pour les législatives sur la 10e circonscription de Seine-Maritime. Le siège est actuellement occupé par Dominique Chauvel – « mon
amie » – qui s’est inscrite parmi les parlementaires frondeurs dès le début de son mandat. Elue maire de Saint-Valery-en-Caux, elle préfère conserver son mandat municipal.
Jean-Pierre Thévenot se présente comme « un homme de
gauche » qui a toujours voté PS. Fils d’un receveur des postes, ce qui explique son « attachement
aux services publics » , il a été amené à bouger pendant son enfance.
En 1976, il entre dans la vie active chez EDF comme ouvrier professionnel pour terminer sa carrière en 2009 comme ingénieur.
En mars 2008, dans un bastion acquis à la droite depuis au moins un demi-siècle, JeanPierre Thévenot a conduit une liste pour les municipales à Cany. Il les a gagnées. Il a été réélu en mars 2014, dès le 1er tour, avec 62 % des suffrages.
Père de deux filles, grand-père et jeune retraité, il se dit « être libre pour pouvoir travailler dans l’intérêt du territoire » et « pour les gens, sans sectarisme » . Il présentera son suppléant, début février, « ma volonté est qu’il soit implanté dans la partie du pays de Bray de la circonscription et qu’il soit pleinement intégré au travail parlementaire » .
Dimanche prochain, c’est le second tour des primaires du Parti socialiste. Entre Benoît Hamon et Manuel Valls, pour qui allez-vous voter ?
Déjà, je suis satisfait de la réussite de ces primaires, c’est un exercice démocratique qui permet à chacun de s’exprimer et de choisir son candidat. Il y a un débat qui s’est installé. Moi, je ne suis pas là pour orienter les gens mais je veux un candidat qui défende les valeurs de gauche, une gauche qui parle vrai, j’y tiens fortement. Je veux un candidat qui défend l’emploi et la ruralité. J’ai une préférence pour Benoît Hamon.
Dans l’hypothèse où Hamon ne sort pas vainqueur dimanche, soutiendrezvous Valls ?
Je suis fidèle à ma famille politique, celle du Parti socialiste. Manuel Valls a de l’expérience. Il a travaillé sur la sécurité les mains dans le cambouis, il a fait des actions pour les entreprises. Il faut aussi retrouver tout cela dans le programme, un programme adapté à la population.
Comment pouvez garantir à vos électeurs que si vous êtes élu député de la majorité, vous serez loyal au gouvernement et que vous ne vous inscrirez pas dans un mouvement de fronde comme l’a fait Dominique Chauvel ?
Dominique Chauvel a fait ce choix en accord avec les militants. Je travaillerai pour l’intérêt de la population. Mon style, c’est de défendre mes idées. Mais quand ça bloque, il faut faire bouger les lignes sans pour autant aller à l’affrontement.
Quel a été l’élément déclencheur pour présenter votre candidature ?
Dominique Chauvel, mon amie, a été élue à la mairie de Saint-Valery-en-Caux et elle a tenu sa parole en disant qu’elle ne se représentera pas à la députation si elle est élue maire. Je ne voulais pas d’un parachuté ; notre territoire mérite mieux que ça. Et quand on veut faire bouger les choses, il faut y aller alors je me suis présenté. Sur la dixième circonscription, les militants ont eu à choisir entre mon ami Jean-Yves Billoré (Ndlr - le maire de Tôtes) et moi.
Comment va s’organiser votre campagne ?
Jean-Marie Perche est mon directeur de campagne, c’est un élu de Doudeville, et à côté de ça, j’ai toute une équipe avec de nombreux jeunes qui travaillent pour organiser ma campagne. Je vais voir les gens sur les marchés, visiter des entreprises, des commerçants et des exploitants agricoles. Je veux aller au contact des gens sans sectarisme.
Quels seront vos dossiers prioritaires ?
Je veux faire gagner mon territoire. Il nous faut des centres bourgs dynamiques, actifs. Et pour qu’ils le soient, il faut des services de proximité, des services publics qu’il faut défendre, des commerces de proximité, des maisons de santé. Et puis il nous faut développer le numérique et le transport. Et à côté de tout ça, il nous faut aussi soutenir le bien vivre ensemble qui est incarné par les associations, il y en a 2 000 qui maillent le territoire de la 10e circonscription. Comment avez-vous vécu le chantage de François Hollande en faisant pression sur EDF pour que la reprise du réacteur n° 2 de Paluel puisse se faire en contrepartie de la fermeture de la centrale de Fes-
senheim (ndlr - révélations de nos confrères du Canard enchaîné) ?
Le chantage a été largement alimenté par les médias !
EDF est un producteur d’électricité. On n’a pas de système mirobolant pour faire de la production de masse en électricité. Il faudra bien un mix énergétique pour permettre de garantir la production dans notre pays.
Fessenheim, ça fait des années qu’on nous dit qu’il faut fermer cette centrale de première génération. Elle a la particularité de ne pas avoir assez d’espace entre le coeur et la nappe phréatique qui permettrait de contenir le corium en cas de fusion et elle est implantée sur une faille sismique.
Mais vous comprenez la colère des agents et des élus alsaciens ?
EDF emploie son personnel à vie mais en contrepartie il doit être mobile.
Après, je peux comprendre la colère des élus de Fassenheim. Mais il faut aussi voir que le démantèlement d’une centrale s’inscrit sur la durée. Il faut que nos entreprises se forment aussi là-dessus, il y a de l’emploi à créer dans ce domaine. Si ce n’est pas nous qui le faisons, ce sera des entreprises qui viennent d’ailleurs.
Et puis il y a des incidences sur les finances publiques. Par exemple, la tranche n° 2 de Paluel n’a pas de production en ce moment, c’est un manque à gagner de l’ordre de 500 000 € pour notre communauté de communes.
« Je suis fidèle à ma famille politique » « Je veux faire gagner mon territoire »