« Je vais me soigner, ça va trop loin »
Il est en larmes, décomposé. Au fond de la salle, sa compagne assiste à l’audience, le visage fermé. Lundi 30 janvier, Cédric Bodin, 30 ans, comparaît pour l’avoir frappée à plusieurs reprises. Dernier épisode en date : ce samedi 28 janvier aux Grandes-Ventes. Alors que des amis sont chez eux pour fêter un anniversaire, et qu’ils ont consommé de l’alcool, le prévenu s’énerve. Il s’agace lorsque l’amie de sa compagne lui fait remarquer qu’il n’est pas normal qu’il frappe sa femme – celleci porte alors une trace au visage – et qu’il donne des coups dans les portes. « C’était déplacé » , estime le prévenu. Le ton est monté. « Il a voulu s’en prendre à mon amie, je me suis interposée, il m’a bousculée, je suis tom-
, a expliqué le lendemain des faits la victime aux gendarmes. Il l’a également copieusement insultée, a balancé son verre dans la porte-fenêtre qui a explosé et a brisé la fenêtre de la cuisine.
Le prévenu ne se souvient pas d’avoir brutalisé sa compagne, samedi soir. Il estime juste l’avoir poussée.
10 heures par jour sur la console
Aux enquêteurs, la jeune femme, mère de trois enfants, a raconté que les violences étaient « habituelles » , surtout depuis que son compagnon ne travaillait plus. La juge note d’ailleurs que pour occuper ses journées, le prévenu passait plus de 10 heures par jour à jouer à la console de
jeux. « Ça me calme » , a-t-il expliqué. Il raconte devant les magistrats que s’il se comporte ainsi avec sa femme, « ce n’est pas pour lui faire du mal, juste pour lui parler, pour qu’elle m’écoute. »
Tout au long de l’audience, il n’a cessé de marteler qu’il allait « se soigner. Ça va trop
loin » . Il avait déjà été suivi psychologiquement suite à une précédente condamnation du tribunal de 2013. Mais les soins s’étaient arrêtés avec la mesure judiciaire. Il a également pris la décision de se séparer de la mère de ses enfants.
Le procureur pointe d’ailleurs son comportement irresponsable puisque les enfants ont assisté à des scènes de violence. Il note également la récidive et requiert 10 mois de prison dont cinq
de prison avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans, l’obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.
L’avocate du prévenu insiste sur le fait que son client a besoin d’être aidé. « Sa femme ne peut plus le faire car elle ne
supporte plus la situation » , situation qui s’est dégradée depuis la perte de son emploi.
Finalement le tribunal a condamné Cédric Bodin à 10 mois de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans avec les mêmes obligations et interdictions réclamées par le procureur. Un mandat de dépôt a été décerné à son encontre.