Le Noël tourne au pugilat familial
Ce Noël 2014 ne restera pas gravé comme un grand moment de bonheur dans cette famille de Freulleville. Le beau-père, 60 ans, et son gendre, 35 ans, sont violemment entrés en conflit à cause du réglage d’une chaîne hi-fi.
Ce Noël 2014 a été cauchemardesque dans cette famille de Freulleville, une commune située sur le secteur d’Envermeu. Ce jour-là, la famille est réunie et festoie dans la sobriété jusqu’à ce qu’une dispute vienne gâcher la fête entre le beau-père et son gendre.
A-t-il voulu écraser son beau-père ?
L’origine de la querelle est anecdotique : la chaîne hi- fi qui vient d’être offerte à un jeune membre de la famille ne fonctionne pas correctement. Le gendre demande un cintre métallique pour procéder à des réglages. Son beau-père refuse, il y voit le risque d’abîmer l’équipement et préfère remettre au lendemain la quête d’une solution.
Le ton monte violemment entre les deux hommes à cause du réglage de cette chaîne hifi. Le plus jeune insulte son aîné et vice-versa. Le patriarche demande à son gendre de quitter son domicile. Lors des auditions et à la barre du tribunal correctionnel de Dieppe, mardi 14 février, le gendre admet avoir assené un coup de poing à son beau-père en représailles d’un couteau de cuisine qu’il aurait exhibé avant de le jeter dans sa direction.
Le beau-père accuse aussi son gendre d’avoir voulu l’écraser avec son véhicule. Ce qui vaut au gendre d’être poursuivi pour violences avec usage et menace d’une arme. Le jeune homme assure qu’il n’a jamais eu cette intention : « J’ai manoeuvré avec ma voiture pour partir, je n’ai pas cherché à le percuter » . En revanche, il admet avoir défoncé le portail de la propriété quand il est parti.
Des dédommagements « injustifiés et élevés »
A la barre du tribunal, les deux hommes sont à la fois prévenus et parties civiles. Leurs relations sont aujourd’hui très limitées puisque le jeune couple s’est séparé, les enfants restent le seul lien. Le beau-père réclame 2 000 € de préjudice moral, 1 057 € pour ses lunettes, 1 161 € pour les réparations du portail et 1 500 € de frais de justice.
Me Pietrizc, l’avocate du gendre, indique qu’elle n’avait pas l’intention de réclamer des dédommagements mais, face aux sollicitations, elle réclame également 2 000 € de dommages et intérêts et 1 500 € pour les frais de justice : « Je n’ai pas l’habitude de demander de pareilles sommes mais par principe, les deux doivent être sur un pied d’égalité » .
L’avocate n’a pas manqué de souligner « des sommes injustifiées et élevées » : « Il n’est pas évoqué dans la procédure que les lunettes [ du beau- père] ont été cassées lors de ces violences et le devis présenté date de 2010 ! Il faut écarter cette demande, plaide-t-elle. En ce qui concerne le portail, mon client n’est pas poursuivi pour des dégradations, le portail était très rudimentaire et le devis présenté a été établi un an après les faits » .
Et elle ajoute : « Il [Le beaupère] est excessif dans ses demandes ; s’il avait planté le couteau sur la personne de mon client, on ne serait pas devant votre tribunal aujourd’hui… »
Les deux sont condamnés et victimes
L’avocate du beau-père s’est étonné que le parquet n’ait pas retenu les circonstances aggravantes : l’homme est reconnu invalide et les faits n’auraient pas arrangé son état de santé : « Depuis ce Noël 2014, il a eu trois nouveaux infarctus, il en avait déjà fait un avant » souligne-t-elle.
A l’issue des débats, le tribunal a décidé de reconnaître l’un et l’autre coupables de violences avec usage ou menace d’une arme. Le beau-père écope de trois mois de prison avec sursis, le gendre de huit mois de prison avec sursis. Les deux sont également parties civiles, il leur est accordé 500 € pour le préjudice moral et 600 € pour les frais de justice, c’est ce qu’on appelle une opération blanche.