Prison ferme pour le passeur DIEPPE. d’un couple afghan et de son bébé
Un jeune couple de ressortissants afghans et leur bébé de 18 mois ont été découverts, vendredi 24 février, dans une minuscule cachette aménagée à l’intérieur d’un fourgon au terminal transmanche de Dieppe.
Lundi après-midi, le conducteur du véhicule, Pierpaolo Melis, un Italien installé à Londres depuis 27 ans, était présenté au tribunal correctionnel de Dieppe dans le cadre d’une comparution immédiate. Tout au long de l’audience, il a nié être un passeur et s’est présenté comme un honnête homme.
Découpe au lapidaire
Les magistrats ont pris le temps d’examiner les faits. Vendredi 24 février, le fourgon Ford est sur la zone d’accès restreint du transmanche et s’apprête à embarquer sur le ferry en direction de l’Angleterre. Les douaniers procèdent à un contrôle.
Les agents sont interpellés par une cloison à l’intérieur du véhicule qui ne correspond pas au gabarit du fourgon, laissant une profondeur au plancher d’environ 50 cm et vissée grossièrement.
Les douaniers veulent en savoir davantage en découpant la cloison au lapidaire. Au mo- ment où ils commencent cette action, ils entendent les pleurs d’un nourrisson. Les agents s’arrêtent et alertent les policiers et les sapeurs-pompiers. Ce sont ces derniers qui ont terminé le travail pour libérer le couple et le bébé. Il n’y avait que quatre petites fentes d’aération.
« Quand les sapeurs-pompiers ont terminé le travail, les projections du lapidaire ont provoqué une intoxication du couple et de l’enfant. Il a fallu les évacuer tous les trois au centre hospitalier de Dieppe, rapporte le procureur de la République. Comment imaginer leur sort dans l’hypothèse d’un accident, d’un malaise ou de convulsions de l’enfant ? »
Pierpaolo Melis, 48 ans, travaille ponctuellement pour une société de transport. C’est la deuxième fois qu’il vient à Dieppe « pour livrer du matériel électrique près du McDo » . Il est convaincu que ce sont des tiers qui ont caché le couple et le bébé pendant sa pause sieste de trois heures et demie.
Une version qui ne convainc pas les magistrats. Les Afghans ont été auditionnés par les policiers et ont raconté qu’ils ont été chargés et cachés dans le camion les yeux bandés par un passeur dans une forêt des Hauts-de-France, afin qu’ils ne voient pas le chauffeur. « Pour eux, le camion ne s’est jamais arrêté entre le moment où ils sont montés et le moment où ils ont été découverts » relate le juge.
« Il a rempli une mission »
Le procureur de la République estime qu’il y a un faisceau d’indices suffisant pour déclarer coupable Pierpaolo Melis. Ce dernier a traversé la Manche en arrivant par le ferry via Calais, « ce qui est logique par rapport à la version des migrants » .
Et puis il y a les aménagements à l’intérieur du fourgon qui ne pouvaient pas passer inaperçus. « Il a rempli une mission pour amener des migrants en Angleterre, dit-il. C’est un maillon de la chaîne qui vise la misère humaine. Cacher des migrants dans un véhicule est le recours le plus fréquent sur Dieppe » .
Le procureur requiert 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt, une interdiction de paraître en France pendant cinq ans et la confiscation du fourgon, à l’encontre de Pierpaolo Melis.
Le prévenu était défendu par Anaïs Lemiegre, élève avocate. Elle est revenue sur l’itinéraire emprunté par Pierpaolo Melis en indiquant qu’il ne le choisit pas, c’est le patron de la société de transport qui le lui impose. Dans sa plaidoirie, elle a aussi précisé qu’il n’aurait jamais pris autant de risque pour gagner 310 livres sterling, soit environ 360 €.
Direction la prison
Finalement, le tribunal correctionnel de Dieppe a condamné Pierpaolo Melis à 15 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. « Le maintien en détention permet d’assurer l’exécution de la peine » est-il précisé. Il lui est interdit de paraître en France et le fourgon est confisqué. Pierpaolo Melis dispose d’un délai de dix jours pour faire appel de cette décision.