« C’est un projet injuste pour la population et la commune »
Pour les élus de Cottévrard, l’implantation d’éoliennes sur leur commune et à proximité, c’est la goutte d’eau. Des points obscurs dans le projet, des nuisances supplémentaires et une perte des pouvoirs du maire les ont conduits à déposer un recours.
« Trop c’est trop. On a déjà deux autoroutes à proximité, la ligne de chemin de fer Le Havre-Paris et celle de Serqueux-Gisors » , s’insurge Catherine Collet, adjointe à Cottévrard.
Le conseil municipal s’est prononcé, à l’unanimité, contre l’occupation par des éoliennes du domaine public et privé de la commune. Adjoints et conseillers municipaux ont autorisé le maire à contester l’arrêté préfectoral devant le tribunal administratif le 10 janvier 2017.
« Serqueux-Gisors et les éoliennes »
Catherine Collet est en charge du dossier qu’elle veut irréprochable pour passer devant le juge. « Je suis la première concernée par la présence d’éoliennes à côté de ma maison. Je ne me suis pas installée à la campagne pour avoir l’industrie sous les yeux, martèle l’élue, listant les autres sources de dépréciation des maisons à Cottévrard. Nous allons avoir une augmentation significative des transports ferroviaires de marchandises avec la modernisation de la ligne Serqueux-Gisors qui passe à proximité. Et maintenant, des éoliennes de 130 m de haut. C’est un projet injuste pour la population. C’est inadmissible ! » .
Pas d’éoliennes dans le permis de construire
Elle pointe ensuite du doigt le manque d’information des riverains et les insuffisances de l’étude d’impact : « L’ancienne municipalité n’en parlait pas. Sur les lotissements Bertin et Carpentier, il y a des gens qui ont acheté un terrain sans savoir qu’il allait y avoir un parc éolien dans leur champ de vision » .
Elle explique avoir découvert que la mention d’éoliennes était obligatoire sur le certificat d’urbanisme, mais pas sur le permis de construire. Donc, si le promoteur n’en fait pas mention et que les habitants ne font pas de démarches à la mairie, ils ne peuvent pas le savoir.
« Sans compter que ce genre de projet divise un village alors qu’on essaye de créer du lien » , soulignet-elle. Catherine Collet déplore « la perte de contrôle des collectivités locales qui n’ont plus la maîtrise des permis de construire d’éoliennes » .
Elle assure : « La vente de terrain va sérieusement ralentir, avec une baisse de la valeur locative. Cela va engen- drer une baisse des recettes fiscales » . Elle ajoute : « Les gens vont demander une décote des impôts de leur maison » .
Une perte financière pour la commune
La part communale de l’imposition forfaitaire pour les entreprises de réseaux (IFER) ne sera que de 20 %, contre 50 % pour les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI, comme les communautés de communes). « Ce sont les personnes les plus concernées qui touchent le moins » , souligne l’élue.
En cas de problème, les garanties financières de la société VSB, qui implantent les machines, sont considérées insuffisantes par les conseillers municipaux. « Elles sont de 245 436 €, mais rien que le démantèlement d’une éolienne c’est 413 781 € » , précise l’adjointe.