Sophie Lebrun, la première femme qui prend la mer
La Boulonnaise Sophie Lebrun est la première femme à faire partie de l’équipage de la SNSM de Dieppe. Âgée de 24 ans, cette passionnée a mis la mer au coeur de ses priorités. Animatrice à l’Estran-Cité de la mer, Sophie revêt maintenant le gilet orange.
« J’ai toujours rencontré les bonnes personnes au bon moment » , lance Sophie Lebrun. La jeune femme âgée de 24 ans, venue tout droit de Boulogne-sur-Mer, s’est installée à Dieppe il y a deux ans. Elle a quitté un port de pêche pour un autre. « Je me sens chez moi ici » , ajoute-t-elle. Et quand on vit près de la mer difficile de la quitter.
« Je suis une passionnée ! » , poursuit la jeune femme vêtue de son gilet orange de sauveteuse en mer. Depuis septembre 2016, Sophie Lebrun a intégré la SNSM de Dieppe. Elle est la première femme équipière à embarquer. Pour le plus grand plaisir des bénévoles de longue date qui ne la lâchent pas d’une semelle. « Ils sont aux petits soins avec moi, souligne- telle. Ils m’apprennent énormément de choses avec une extrême bienveillance » .
Sophie Lebrun a toujours connu la mer. Petite, elle sortait déjà avec son père et son frère pêcher. L’aîné est passionné de surf, la petite dernière a voulu faire de la mer son métier. Après un bac STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant), à Calais, elle intègre l’Ulco (université du littoral de la côte d’Opale) pour suivre une formation de technicienne de la mer et du littoral.
Rapidement, elle ressent un vif intérêt pour les mammifères marins. « J’ai choisi de réaliser mon stage à Dunkerque, au sein de l’association Oceamm, l’observatoire pour la conservation et l’étude des animaux et milieux marins » , précise-telle. Depuis, la structure n’existe plus suite à une liquidation judiciaire, écrivent nos confrères de la Voix du Nord le 20 avril 2015. « Elle s’occupait des mammifères marins et des échouages » , poursuit-elle.
Plusieurs fois, Sophie Lebrun a pris la mer à bord d’un ferry reliant le port de Dunkerque à Douvres. De nombreuses observations ont été réalisées. « Mais il y avait aussi beaucoup d’échouages de marsouins, de phoques, de veaux marins… Avec eux, j’ai tout appris » . Elle refuse qu’on la caractérise de scientifique. « Je n’ai pas fait les études pour être qualifiée ainsi, relève la jeune femme. Mais j’ai été au contact de passionnés, pour moi c’est encore mieux » . Toujours humble, Sophie Lebrun doit beaucoup à ceux qui l’entourent mais aussi à sa force de caractère. Toujours avide de connaissances, elle étudie encore les comportements des mammifères marins. Depuis deux ans, la Dieppoise officie au sein de l’association l’Estran-Cité de la mer. L’animatrice scientifique du littoral ne cesse de transmettre sa passion.
Son emploi du temps lui permet de se libérer tous les mer- credis. « Au début, je les aidais à faire leur communication et puis un jour les gars m’ont proposé de venir avec eux, confie Sophie Lebrun. Ça m’a plu ! » . En octobre 2016, elle devient sauveteur embarqué. Son employeur donnant son accord pour qu’elle puisse s’absenter en cas d’alerte. « Je ne quitte plus mon portable ! » . La jeune femme apprend les noeuds marins, les cartes… « Je n’avais aucune notion, j’étais parfois un peu inquiète » .
Sophie est toujours en formation mais participe tout de même aux exercices en mer qui ont lieu deux fois par mois. Dans l’équipage chacun à sa spécialisation et sait précisément où est sa place. Pour le moment, la nouvelle recrue n’a pas choisi son camp. « J’ai encore tellement de choses à apprendre » , songe-t-elle.
Depuis qu’elle a revêtu le gilet orange, Sophie est intervenu sur neuf assistances et un sauvetage en mer, à Varengeville-sur-Mer. « Le jour de la foire aux harengs, se souvient la Dieppoise. Des gens étaient coincés sur la plage. Nous avons dû sortir le Zodiac pour aller les récupérer » . Une intervention qui a marqué la recrue, il faut aller vite, la vie des personnes est en danger. « C’était très impressionnant, continue-t-elle. Là, nous n’avons pas le choix, il faut y aller. J’ai pu me rendre compte de la compétence de l’équipe. À partir de ce moment, j’étais sûre de mon choix. Ce sont eux qui m’ont donné cette confiance. » . Pour parrain, elle peut compter sur le soutien de Jean-Luc Delacroix, un ancien marin-pêcheur dieppois.
Transmettre sa passion « Je fais la même chose qu’un mec ! »
La jeune femme a lié une relation très forte avec ces hommes de la mer. Même si la moyenne d’âge atteint les 50 ans. « Pour être sauveteur, il faut avoir de l’expérience, note Sophie. Je ne pensais pas trouver une équipe aussi gentille et attentionnée. Ils m’ont donné ma chance » . D’ailleurs pas question de la traiter différemment. « Je fais la même chose qu’un mec ! » .
La clé du succès : une forte implication et un réel engagement. Même si son contrat à l’Estran se termine en avril prochain, Sophie restera accrochée à son rocher. Pas question de quitter Dieppe ni ses gars en orangé. « Je me sens à ma place ici ! » .