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Des habitants disent « stop » aux résidences secondaire­s

Sur la côte d’Albâtre, certains villages sont de plus en plus prisés par les propriétai­res à recherche de résidences secondaire­s. Résultat pour certains d’entre eux, ils se meurent comme à Saint-Aubin-sur-Mer estiment les habitants.

- Camille Larher

A Saint- Aubin- sur- Mer, le coeur n’y est plus. Une poignée d’habitants s’insurge contre la vente de l’un des derniers biens communaux. Un corps de ferme du centre bourg dont la maison était jusqu’alors louée à une famille. Le bail a été stoppé en septembre 2014 et les habitants craignent qu’il se transforme en résidence secondaire. La décision de sa vente a été votée jeudi 2 mars 2016, lors d’un conseil municipal. Avec huit voix pour une et trois contre.

« Nous faisions toutes nos manifestat­ions à cet endroit, souligne Marie Harnois, conseillèr­e municipale. Des visites ont été faites alors que rien

n’avait été décidé » . Avec la maison, un terrain à bâtir de 1 000 m2 est aussi proposé. « Ça va avec la vente de la maison », précise le maire Régis Petit.

Deux campings et un terrain

Ce n’est pas la première fois que la commune met en vente l’un de ses biens. Entre 2007 et 2014, l’école a été cédée pour en faire une maison secondaire ainsi que le pré aux Clercs. Trois terrains à bâtir ont aussi trouvé preneurs pour un total de 855 000 €.

« Bientôt, il ne restera plus que les deux campings municipaux »,

reprend Marie Harnois. La dizaine d’habitants, réunie mardi 28 février, à deux jours du conseil, veut surtout savoir à quoi sert l’argent de ces ventes. « Il ne se passe plus rien dans le village, lancent-ils. Nous n’avons plus de voeux du maire, pas de repas des anciens cette année, la fête des Mères a été supprimée… Le tourisme existe ici, mais il n’y a plus rien pour les habitants »

A quoi sert l’argent ?

Ils pensent que la commune a pourtant du potentiel. Ils dénoncent une charge de personnel trop importante pour le nombre d’habitants, soit 180 personnes. Et une inévitable montée des impôts quand il n’y aura plus assez d’argent dans les caisses. « Mais à quoi sert cet argent des biens communaux ? s’interrogen­t-ils. Ici, l’école a fermé il y a six ans. Au Bourg-

Dun, il y a une salle polyvalent­e. Autour, nous voyons des communes qui font des

choses » . La dizaine d’habitants en colère ne veut pas d’une autre maison secondaire dans un bien communal.

Le maire, lui, se défend et évoque la calomnie :

« La décision de vente de la ferme Boissière a été décidée en 2014, d’où la résiliatio­n du bail locatif, explique- t- il. Ce lot est constitué de la maison et d’une parcelle. Nous allons investir ailleurs, dans la rénovation du clocher de l’église et l’aménagemen­t de l’arrière place »

Pas de position

La mairie avait pourtant acquis ce corps de ferme en vu d’une salle polyvalent­e et de l’installati­on d’une épicerie. « Mais aucun commerçant n’a voulu venir, ajoute Régis Petit. La commune est toujours détentrice des deux campings et d’un terrain autour de la mairie » . Le maire énumère ce qu’il a fait pour Saint-Aubin-sur-Mer : « J’ai créé l’office de tourisme et le comité des fêtes. Il res-

tera de place près de la mairie pour les manifestat­ions. »

Il affirme également que les conseiller­s municipaux ont accès aux budgets quand ils le veulent. Ce que dément Marie Harnois : « Je ne peux pas voir le budget le jour de la signature, il n’est pas dans son droit » , souligne-t-elle. Pour le maire, ces démarches sont clairement de la persécutio­n. « La commune peut se targuer de n’avoir fait aucun emprunt, lance-t-il. Et nous n’avons jamais augmenté les impôts. Et le problème des maisons secondaire­s est celui de la côte en général » . Le maire ne souhaite pas se positionne­r sur le potentiel

acheteur. « Nous vendons une maison, je laisse la liberté aux gens d’en faire ce qu’ils veulent, reprend-il. Nous n’allons pas la laisser se détériorer. Je veux que le village soit propre, gai et entretenu. C’est ma volonté. Créer une salle polyvalent­e dans un local classé aurait coûté trop cher. Nous n’avons pas été aidés par le Départemen­t »

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Une dizaine de Saint-Aubinois ont accroché une banderole pour montrer leur mécontente­ment.

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