Un « budget de résistance » se dessine
Le rapport d’orientation budgétaire a été présenté par la majorité municipale lors du conseil de jeudi. Un budget qui doit faire face à la baisse de dotations. L’opposition estime que l’une des solutions pour avancer serait de ne plus bloquer les projets
« Jamais le niveau de sacrifice demandé aux collectivités n’a été aussi élevé ! » , lance Marie- Catherine Gaillard au cours de la présentation du rapport d’orientation budgétaire, ce jeudi 9 mars devant les élus du conseil municipal de Dieppe. L’adjointe en charge des finances a l’importante tâche de présenter la situation financière de la commune mais surtout de donner les orientations pour l’année 2017 et les projets structurants que la majorité se propose de mettre en place. Un préalable avant le vote du budget à la fin du mois, « un budget de résistance » comme le nomment les élus de la majorité.
Chute de la dotation globale de fonctionnement « Pas de véritables surprises »
Premier point martelé comme depuis plusieurs années : la chute de la dotation générale de fonctionnement. « Elle est passée de 9,4 millions d’euros en 2013 à 6,4 millions en 2017. Cela équivaut à la construction de la maison de quartier du Val Druel et du centre Oscar-Niemeyer. Les autres dotations sont en baisse de 1,5 million d’euros » . Baisse de dotations de l’Etat qui ont un impact sur le volume d’épargne de la Ville. Celle-ci a dû davantage emprunter pour financer ses investissements. « Cependant la collectivité bénéficie d’un taux d’emprunt très bas » , souligne l’élue.
Et pas question d’augmenter les taux des impôts. Un dernier point sur lequel, Bernard Brébion, élu d’opposition du groupe Unis pour Dieppe n’est pas d’accord. Il demande « une baisse progressive et substantielle de ces taux et en tout premier lieu de la taxe foncière qui est fixé à 38,90 % » . Pour lui, « c’est une condition impérative pour retrouver de l’attractivité, enrayer les départs et encourager les activités ! »
Marie- Catherine Gaillard insiste par ailleurs sur la maîtrise des dépenses de fonctionnement permise par « un regard attentif sur toutes dépenses, la renégociation de la dette… » . Elle souligne également « la mise en oeuvre d’une politique d’optimisation des ressources humaines porte ses fruits avec un effec- tif total en diminution depuis 2014, sans remise en cause du service public : de 916 postes équivalent temps plein en 2014, nous sommes passés à 886 en 2016 » .
Mais André Gautier du groupe Dieppe au coeur n’interprète pas les données de la même manière. « Le budget est impacté par le poids des dépenses en personnel qui augmentent chaque année, les effectifs n’ont pas baissé alors que 60 équivalents temps pleins ont été transférés à l’agglo en 2012. » Et selon lui, en 2016, les effectifs sont seulement passés de 888 à 886.
Côté recette, Marie-Catherine Gaillard explique que la Ville cherche à « optimiser ses ressources par la recherche de financements » . En s’appuyant sur les subventions, en poursuivant la vente d’une partie de son patrimoine (comme les logements de l’école Langevin, l’école Sévigné…).
Au niveau des investissements, elle met en avant la moyenne de 15 millions d’euros injectés par an qui « marquent la capacité sans pareil de la Ville à aménager et équiper le territoire » . Pour 2017, « la Ville se refuse à mettre en oeuvre une politique d’austérité et de réduction du service public communal qui conduirait à renforcer le sentiment d’abandon éprouvé par une trop grande partie de la population » . Elle a décidé de « résister » et de poursuivre son aide aux associations à travers ses subventions, à maintenir la priorité accordée à l’éducation et la jeunesse, à poursuivre la rénovation urbaine de Neuville, du Val Druel, du centre ancien, « à s’engager sur la modernisation du front de mer » …
Pour André Gautier, il n’y a donc « pas de véritables surprises » côté projets. Comme depuis de nombreux mois, il remet sur la table le blocage des projets de l’agglo qu’il impute à la majorité dieppoise « Vous pénalisez Dieppe et les Dieppois ! » Bernard Brébion argumente dans le même sens : « Là où on devrait être gagnant/gagnant, on est perdant/perdant et les difficultés sont aussi importantes pour notre ville que pour notre Agglomération qui ne s’est pas encore dotée d’un Projet d’agglomération afin de donner de l’ambition et des perspectives à notre territoire » .
Ce qui amène Sébastien Jumel, le maire, à répondre, comme à chaque fois qu’il en a l’occasion, que ceux qui sont à la tête de l’agglo « sont les porteurs d’un projet vide alors qu’ils disposent des éléments pour le faire, à travers les fiches actions. Il leur appartient de bâtir ce Projet d’agglo ! »
Pour lui, « ce rapport montre un sérieux budgétaire. » Il repousse d’un revers de main ceux qui veulent « peindre la ville en noir » ! Et tacle la droite à de multiples reprises en évoquant son soutien pour François Fillon. Finalement le rapport a été voté par la majorité municipale, l’opposition votant contre.