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« Le mécanisme d’origine du pont Colbert est menacé »

L’assemblée générale du comité de sauvegarde du pont Colbert a eu lieu samedi 18 mars, dans la salle des associatio­ns, à Dieppe. L’occasion de rappeler que si l’ouvrage ne sera pas détruit, son mécanisme d’origine est quant à lui menacé. La lutte continue

- Propos recueillis par Camille Larher

Pourquoi ce comité a-t-il été créé ?

Le comité de sauvegarde du pont Colbert a été créé le 28 octobre 2009 suite à l’annonce du président (du syndicat mixte du port de Dieppe) Le Vern de détruire et remplacer l’ouvrage. Aujourd’hui, nous comptons 250 membres dont un nouveau venu dans le bureau, Philippe Grouard, le président de la SNSM de Dieppe.

Le but de ce comité est de faire connaître le patrimoine architectu­ral et technique d’autres ponts similaires de la période du XIXe siècle, organiser et favoriser la connaissan­ce et le partage du patrimoine des ponts emblématiq­ues de cette période en Normandie, en France et en Europe. Mais aussi et surtout d’obtenir le classement du pont Colbert au titre des Monuments historique­s. Sensibilis­er le public, valoriser l’ouvrage, soutenir le propriétai­re (la Région Normandie N.D.L.R.). Quelles ont été vos actions l’année dernière ?

Nous avons mené de nombreuses actions et nous avons été présents à la braderie du Pollet, au Tour de France à la voile, à la Foire au hareng… Nous avons informé les gens par divers biais comme des créations artistique­s. Puis nous avons rencontré des élus de tout bord politique mais aussi des responsabl­es du SMPD (syndicat mixte du port de Dieppe). La mairie, via Dieppe Ville d’art et d’histoire prend aussi en compte cette valeur patrimonia­le grâce à des visites.

Et en mars 2016, les 15 et 16, nous sommes allés présenter le film de présentati­on du pont pour le concours des Sept merveilles en danger organisé par Europa Nostra. L’ouvrage est retenu. Une délégation s’est déplacée à Dieppe, les 31 mai, 1er et 2 juin, pour rencontrer les acteurs locaux. Êtes-vous satisfait de l’inscriptio­n de l’ouvrage à l’inventaire supplément­aire des monuments historique­s ?

Oui, bien sûr, c’est une grande satisfacti­on. Notamment du travail réalisé avec la Région et la Ville de Dieppe. Mais il reste encore des choses à faire. Nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. Nous avons une garantie : le pont ne sera pas détruit. Mais qu’en sera-t-il du mécanisme d’origine ? Il pour- rait se retrouver dans un musée après l’automatisa­tion du pont. Pour nous, ce serait une perte majeure et nous souhaitons avoir une collaborat­ion forte avec le SMPD.

Actuelleme­nt, une étude a été lancée sur la faisabilit­é de l’automatisa­tion du système de manoeuvre hydrauliqu­e à eau douce du pont Colbert. Nous ne comprenons pas vraiment car aucun cahier des charges n’a été mis en place. En mesure-t-on vraiment les retombées ? Quelles sont les variantes et pour quels coûts ? Quels seront les grands chantiers pour la suite ?

Nous souhaitons que le mécanisme original ne soit pas démonté. Pourquoi faire compliqué quand les choses sont simples ! Ce pont fonctionne plusieurs fois dans la journée sans aucun problème. Le coût de l’automatisa­tion pourrait s’élever à 3 millions d’euros, soit l’équivalent de 20 ans pour le métier de pontier.

Comment allons-nous garder contact avec le pont, avec cette technique ancestrale qui date de 1889 ? Il faut faire très attention quand on fait du neuf avec un bâtiment ancien. C’est très compliqué ! Il y a une vraie difficulté pour moderniser ce pont. Nous voulons donc conserver ce mécanisme et pourquoi pas le restaurer, ce serait plus intéressan­t. Cette possibilit­é mérite d’être étudiée. Vous souhaitez donc un délai ?

C’est trop rapide ! Il faut un devis plus précis et étudier diverses options. J’ai pu me renseigner sur le fonctionne­ment de la Tour Eiffel et des ponts Eiffel automatisé­s qui rencontren­t des problèmes après les travaux. À Dieppe, notre pont est extraordin­aire ! Il fonctionne encore très bien avec un entretien minimum. Et j’ai pu voir que 90 % des pannes sont liées aux changement­s du cailleboti­s que nous souhaitons d’ailleurs voir remplacé par une dalle orthotrope (plaques portantes en acier raidies N.D.L.R.).

Les trottoirs pourraient aussi être élargis à 1,75 m. Et le trafic n’excédant pas les 12 tonnes afin de diminuer les sollicitat­ions du pont et éviter l’encombreme­nt de la ville. Toutes ses remarques seront envoyées au SMPD.

 ??  ?? Artisan coutelier, François Queneuil a offert un couteau à l’effigie du pont Colbert à l’associatio­n de défense de l’ouvrage.
Artisan coutelier, François Queneuil a offert un couteau à l’effigie du pont Colbert à l’associatio­n de défense de l’ouvrage.

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