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Bellencomb­re est-elle devenue une ville-dortoir ?

Internet, grandes surfaces et travail dans les métropoles ont raison des petits commerces de Bellencomb­re, encore nombreux il y a vingt ans. Les derniers se battent pour rester, mais la fermeture du restaurant et du tabac pèsent sur leur avenir et la vie

- Anaïs Grammatico

Rideaux de fer baissés et panneaux à vendre : les petits commerces dans le centre bourg de Bellecombr­e ne se comptent plus que sur les doigts de la main. S’ajoute à cela, le déménageme­nt du centre social Caravelles et le départ en retraite du médecin.

Commerçant­s et maire sont désemparés et regrettent l’époque, pas si lointaine, où la commune possédait deux bouchers, un charcutier, un quincailli­er, trois cafés… Ex- cheflieu de canton, Bellencomb­re se transforme en ville-dortoir.

Derniers lieux de la vie locale

Les fermetures du restaurant « avant Noël » , du bar-tabac et de l’épicerie « il y a un mois » , selon le maire Thierry Prévost, ont porté un coup d’arrêt au centre bourg.

Les cafés et restaurant­s sont des hauts lieux de la vie locale, espaces de rencontres et d’échanges entre les habitants. Ce ne sont pas les anciens qui diront le contraire. Rémy Buron, l’un d’eux, témoin de l’âge d’or de la commune dans les années 50, se souvient : « Il y avait neuf cafés et beaucoup d’animations avec le comité des fêtes » .

Ces dernières années, le boucher et un marchand de chaussures ont baissé le rideau. Il reste dans le centre une boulangeri­e, un coiffeur, un magasin d’électromén­agers, une miroiterie et un garage.

En tant que maire et Bellencomb­rais depuis toujours, Thierry Prévost se désole : « C’est écoeurant. Après avoir connu le village très animé, c’est dommage. Mais, il confie : Bellencomb­re n’est pas le seul. Tous les villages voient leur bourg se vider aujourd’hui. Les gens vont travailler à Rouen, font leurs courses là- bas ou dans les villes où il y a des grandes surfaces » . Selon lui, la fermeture des trois scieries est également une des principale­s causes de ce déclin. « Il y a encore pas mal d’entreprise­s à Bellencomb­re. Mais ce n’est pas comme ces commerces ou les anciennes scieries qui ramenaient du monde dans le village » .

Le patrimoine

La commune conserve plusieurs atouts et reliquats de son ancienne position de chef-lieu comme son école ou un centre des impôts. L’édile compte sur « un repreneur pour le bar-tabac » . Il met également en avant son marché, « avec des emplacemen­ts gratuits » . Même si là aussi, il y a des défections. « Il y avait un traiteur, mais il ne gagnait pas assez pour continuer » , regrette-t-il.

La Saint-Christophe, même si elle ne rameute plus 3 000 personnes, est une fête qui attire toujours une centaine de visiteurs. La nostalgie de la belle époque et le désir de faire perdurer les souvenirs des anciens sont des filons que cherche à exploiter la première adjointe, Michaele Vasselin. « Il ne faut pas perdre tout cela. Il faut le transmettr­e aux génération­s futures, leur montrer à quel point le village était animé » , confie-t-elle. Son idée est d’imprimer un recueil avec les souve- nirs des anciens du village, des vieilles cartes postales et photos. Elle aimerait aussi organiser des visites dans le village, avec des panneaux à certains endroits, montrant comment était le village et ce qu’on y faisait il y a soixante ans.

La très jeune associatio­n de sauvegarde du château de Bellencomb­re « peut aider à redynamise­r le village » , confie le maire. Son président, Lionel Gaudefroy, voudrait nettoyer et mettre en valeur les ruines afin de le faire visiter et raconter l’histoire de son illustre ancêtre, Guillaume de Varenne, bras droit de Guillaume Le Conquérant. Un château identique en Angleterre, bien entretenu, attire régulièrem­ent des visiteurs et fait l’objet de plusieurs manifestat­ions. C’est l’objectif qu’il vise. Les dernières réunions de l’associatio­n ont attiré des habitants des villages alentour et même au-delà. Il met en avant le fait que des Anglais viennent à Bellencomb­re pour voir le château.

Faire redécouvri­r leur commune aux habitants ou attirer des touristes normands ou étrangers est peut-être une chance pour Bellencomb­re. Et si le passé du village lui offrait un avenir ?

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Le restaurant, le bar-tabac ou l’épicerie sont les derniers commerces à avoir fermé leurs portes à Bellencomb­re.

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