Pour le repos et le souvenir
Conformément à la nature d’un cimetière qui doit servir de lieu de repos et de souvenir, la mairie de Fontaine-le-Dun a ouvert au mois d’avril 2016 une procédure de reprise de plusieurs concessions jugées à l’abandon.
Au mois d’avril 2016, la municipalité de Fontaine-le-Dun a engagé une procédure de reprise de plusieurs concessions, lesquelles, en raison de leur état de délabrement, ont été jugées à l’abandon par une commission et ont fait l’objet d’un procèsverbal qui, à compter du constat, donne trois ans aux familles pour les remettre en bon état.
Si la concession est entretenue à nouveau, la procédure tombe d’elle-même tandis que si rien n’est fait passé le délai, la concession revient automatiquement à la mairie. Certaines concessions ont été réentretenues, mais pour la plupart remarque Claude Noël, adjoint au maire, « nous n’avons pas pu retrouver les descendants » .
Concession
Une concession funéraire est un emplacement dans un cimetière dont on peut acheter l’usage, mais non le terrain. On n’est donc pas propriétaire de l’emplacement, le cimetière appartenant en tant que tel au domaine public, donc à la mairie. La concession est reprise par la commune, sur décision du conseil municipal si celleci, à durée limitée, est arrivée à expiration et que son renouvellement n’a pas été demandé ou si elle est jugée à l’abandon. Dans ce cas, elle doit avoir plus de trente ans et la dernière inhumation remonter à au moins dix ans.
Ensuite, la procédure est rigoureuse : exhumation des restes des personnes inhumées, réinhumation dans l’ossuaire ou crémation et dispersion des cendres dans le jardin du souvenir. Après quoi, la mairie peut enlever les monuments et le terrain être à nouveau concédé.
Interrogée à propos de ce sujet délicat, Christiane, Rouennaise de passage à Fontaine-le-Dun, confie qu’elle a choisi l’incinération, donc « une inhumation, une bonne fois pour toutes » , déclare-t-elle. Et puis elle reconnaît que l’état de certaines sépultures et leur abandon peuvent influencer. D’autant plus que ses enfants ne veulent pas entendre parler de cimetière, si bien qu’ « incinéré, on est tranquille » justifie-t-elle.
Eloignement
Les concessions visées par la procédure à Fontaine- le- Dun sont pour la majorité des concessions dites à perpétuité ou de longue durée (100 ans), datant de la première moitié du siècle dernier. Et phénomène certes délicat mais naturel, comme le fait constater l’adjoint au maire : « Au bout d’un certain temps, les sépultures ne sont plus en- tretenues. On ne relève plus aucune trace de visite. »
Pour des concessions datant du début du 20e siècle, plusieurs générations séparent les défunts de leurs descendants vivants. Et l’éloignement, qui peut être géographique, mais temporel surtout, est déterminant.
Souvenir
Bernard Grillon, curé à la retraite depuis cinq ans, rappelle que le cimetière participe traditionnellement à ce qu’il est convenu d’appeler « le culte des morts », ce qui se manifeste à travers les regrets, les considérations, les hommages et les reconnaissances, c’est- à- dire toutes les marques d’amour que les vivants accordent à leurs proches disparus. Si bien que loin de se limiter au lieu où reposent les défunts comme le voudraient son sens étymologique ainsi que les personnes interrogées répondant spontanément à la question « qu’est-ce qu’un cimetière ? », le cimetière est d’abord et avant tout destiné au recueillement des vivants où ceux-ci cultivent le souvenir.
Désormais, la plupart des municipalités fixent la durée des concessions à 30 ou 50 ans renouvelables et ont abandonné les modes perpétuels et de longue durée afin de donner à tous le droit au repos et surtout de rester dans ce lieu vivant où l’on se recueille et se souvient.