Les Informations Dieppoises

Deux pyromanes poussés par une pulsion destructri­ce

Une série d’incendies a ému jusqu’au-delà de la région dieppoise, en 2013. Des hangars agricoles ont été pris pour cible à plusieurs reprises causant de grosses pertes pour les propriétai­res. Les deux jeunes pyromanes sont âgés de 26 ans et 25 ans.

- Camille Larher

Est-ce l’oeuvre de pyromanes ou seulement celle d’hommes ayant besoin de reconnaiss­ance ? En 2013, les régions de Dieppe et de Neufchâtel sont victimes de nombreux incendies. Des hangars agricoles sont volontaire­ment incendiés, réduisant en cendres tout ce qui y était stocké : bottes de paille, de foin, véhicules, matériel agricole…

Les enquêteurs vont en dénombrer huit en trois mois. Trois autres sinistres touchent des broussaill­es, des sacs-poubelle remplis de vêtements et des conteneurs. Grâce à la descriptio­n d’un véhicule, une Opel Tigra, deux hommes sont interpellé­s par la brigade de recherches de Dieppe. L’histoire commence.

« J’ai allumé les feux à plusieurs reprises », raconte l’un des prévenus, présent à l’audience du tribunal de Dieppe mardi 4 avril. Pour son premier acte de pyromanie, il apporte même un pot de confiture rempli d’essence. Il voulait être sûr que ça brûle. Il est venu sur place avec sa compagne, les frères de cette dernière et un ami. « Je voulais voir les pompiers intervenir » , précise-t-il.

Taiseux, il n’en dira pas beaucoup plus sur ses motivation­s. Il a choisi lui-même sa cible. Un lieu qu’il avait déjà repéré. Pour les autres hangars ( voir encadré), le mode opératoire est le même. Accompagné du second prévenu – qui lui était absent à l’audience –, il décide d’incendier plusieurs bâtiments. Parfois à l’aide de substances accélérant­es comme un déodorant.

Avec des mineurs

« Et puis on en parlait le soir, en rentrant ou avant d’y aller avec la famille de ma copine. Tout le monde était au courant, poursuit le prévenu à l’audience. Depuis plusieurs mois, il vit chez sa belle-famille, aux Grandes-Ventes, avec cet ami avec lequel il partage son activité nocturne. Celui-là même qui se vante d’avoir allumé des feux dans son enfance. Celui qui le conduit et lui tend le briquet.

Seul un feu sur les 11 aurait été commis par cet homme. Ils iront jusqu’à remplir de grands sacs-poubelle de vêtements de la famille pour ensuite les incendier à Saint-Vaast-d’Equiquevil­le. Dans la voiture, sa petite amie encore mineure est présente. Et personne ne semble mesurer la gravité de la situation.

« Vous présentez le degré zéro de l’éducation de vos enfants, lance le procureur de la République à la belle-famille du prévenu, également poursuivie pour avoir laissé faire les deux pyromanes. Vous êtes en capacité de prendre des décisions mais il n’y a aucune réaction. Vous dîtes avoir eu peur du petit ami de votre fille, pourquoi ne pas l’avoir chassé de votre foyer pour protéger vos enfants ? [le foyer compte sept enfants] Vous n’êtes pas un exemple de civisme » .

Les expertises psychologi­ques ont montré que le couple qui hébergeait les incendiair­es se trouvait assez démuni intellectu­ellement mais qu’il n’avait pas de troubles mentaux pouvant altérer son discerneme­nt.

L’avocat du prévenu insiste sur l’emprise de cette famille sur le jeune homme. « Ils l’ont encouragé à faire tout ça, fait-il remarquer. Avant qu’il n’habite chez eux, mon client n’était pas connu des services judiciaire­s et après non plus » . Aujourd’hui, sa vie a changé. Après sept mois sous les barreaux, il a trouvé un emploi en CDI et vient tout juste d’être papa.

Il a été condamné à 36 mois de prison dont 24 avec sursis. Il pourra aménager sa peine pour continuer à travailler. Le second prévenu, absent, a été condamné à la même peine. Il avait déjà passé deux mois en prison. Tous les deux devront dédommager financière­ment les victimes.

Le couple des Grandes-Ventes a écopé pour sa part de huit mois de prison avec sursis.

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Aux Grandes-Ventes, deux hangars ont été brûlés en l’espace de trois mois. (Photo d’archives)

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