« La méningite n’est pas aussi contagieuse que dans l’imaginaire »
Benoit Cottrelle est responsable du pôle Veille et sécurité sanitaire à l’Agence régionale de santé de Normandie. Y a-t-il bien eu deux cas de méningite dans la région dieppoise en début d’année ?
Oui, un cas a été détecté à Dieppe où la jeune personne a survécu. L’autre, un enfant en bas âge vivant sur le canton d’Eu, est décédé. Ils ont tous les deux été pris en charge par le centre hospitalier de Dieppe. Il est important de noter qu’ils n’ont pas été touchés par la même bactérie. Ça n’a rien à voir avec un cas groupé. À Dieppe, la situation n’est pas anormale et n’est en rien comparable avec ce qui s’est passé dans les années 2000.
Dans le département de la Seine-Maritime, on s’attend à un chiffre oscillant entre 10 et 15 cas. L’année dernière, 11 cas dont deux décès ont été enregistrés. Pour la méningite, nous avons l’obligation de la déclarer. En Normandie, 36 cas ont été recensés en 2016 dont quatre décès. Comment la méningite se transmet-elle ?
Il y a différents types de méningocoques qui peuvent se transmettre de personne à personne par des gouttelettes libérées au moment de parler ou d’éternuer. Mais c’est une maladie assez rare. On dénombre 1 cas pour 100 000 habitants. C’est donc lié au hasard ?
Oui mais on sait également que 5 à 10 % des personnes portent un méningocoque au niveau de la gorge qui peut se transmettre. La méningite se caractérise par des maux de tête violents, des vomissements, de la fièvre, une septicémie (une infection grave de l’organisme N.D.L.R.). Les malades présentent des signes de choc avec une hospitalisation au service de réanimation. C’est une maladie qui fait peur car ça peut être vraiment brutal et aller très vite ! Elle touche davantage les enfants de moins de 5 ans et les jeunes de 15 à 24 ans. Les proches ont-ils eux aussi un traitement ?
Une enquête est systématiquement ouverte, la famille est toujours contactée. Elle peut effectivement être traitée par des antibiotiques. Mais un vac- cin existe pour les méningocoques C, Y et W 135. La méningite est une maladie grave mais pas épidémique. Elle n’est pas aussi contagieuse que dans l’imaginaire des gens. La vaccination aux méningocoques C est recommandée. En France, on a le taux le plus mauvais au monde de vaccination. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter ?
Non, car les choses sont très surveillées. Ces deux cas n’ont rien à voir avec la souche B14 qui avait touché Dieppe dans les années 2000. D’ailleurs, on ne sait toujours pas pourquoi cet épisode épidémique a eu lieu dans cette ville. Et même si des cas de méningite ont été constatés, ça ne veut pas dire que la maladie va revenir. Récemment des cas de méningite W 135 ont été enregistrés à la faculté de Dijon. Cette maladie reste très surveillée partout !