Des riverains de la rue DIEPPE. d’Ecosse à bout de nerfs
Des habitants de la rue d’Ecosse à Dieppe n’en peuvent plus. Un homme souvent ivre squatte sur le trottoir, se montre bruyant et est dangereux pour lui-même.
A Dieppe, la rue d’Ecosse est loin d’être l’une des rues les plus attractives du centre-ville. Et depuis un mois, les habitants et les quelque commerçants doivent faire face au comportement inapproprié d’un homme qui erre dans le quartier : il commet des tapages, il s’alcoolise et dort sur le trottoir, il y défèque aussi sans discrétion.
Les habitants veulent bien admettre les difficultés sociales que vit cet homme. En revanche, ils regrettent que les pouvoirs publics restent inertes ou impuissants devant ce cas. « Depuis un mois environ, cet homme se rend dans l’immeuble d’à côté, sa copine habitait au deuxième étage, et il tambourine à la porte de l’appartement de nuit comme de jour, racontent les voisins. Ça fait un barouf impressionnant, ça fait caisse de résonance dans notre immeuble » . Il a beau frapper à la porte, cette dernière ne s’ouvrira jamais pour la simple et bonne raison que sa copine a déménagé, il y a trois semaines environ.
« On peut être réveillé à tout moment »
Les voisins sont en grande majorité des actifs qui vont travailler en horaires décalés. L’une exerce dans la restauration, l’autre est ouvrier, une autre travaille dans une maison de retraite… Tous ont besoin de se reposer et sont amenés à dormir à différents moments. Mais depuis un mois, c’est quasiment impossible : « Dès qu’on commence à s’endormir, on peut être réveillé à tout moment par les coups qu’il donne dans la porte, regrettent-ils. Il crie et peut-être malpoli aussi quand il est saoul. C’est infernal » . Un voisin ajoute même qu’avant d’aller se coucher, il regarde sys- tématiquement par la fenêtre s’il est dans le quartier…
Les voisins ne stigmatisent cet homme qui est placé sous la protection d’une tutelle ou d’une curatelle, mais ils aimeraient qu’il puisse être pris en charge : « Quand on lui parle, il n’est pas cohérent, il ne sait même pas son âge » .
À plusieurs reprises, des habitants ont alerté les services de police. Ces derniers se déplacent, l’interpellent quand cela s’avère nécessaire, « mais il ressort rapidement et reste livré à lui-même » . Le Samu social passe aussi de temps en temps lui tenir compagnie un court instant et lui amène à manger.
« Il fait ses besoins sur le trottoir »
Une commerçante du quartier raconte qu’elle aussi a souvent peur pour lui : « On le voit traverser la rue à quatre pattes, il fait ses besoins à vue de tout le monde sur le trottoir, à deux pas du magasin, détaille-t-elle, elle aussi impuissante face à cette situation. Des clients nous disent que c’est scandaleux mais, à notre niveau, on ne peut pas y faire grand-chose » .
La Ville connaît la situation
Dernièrement, les habitants d’un immeuble voisin ont collectivement adressé un courrier au procureur de la République pour l’alerter des nuisances que provoque cet homme. Ils ont également été reçus par Sébastien Jumel, le maire de Dieppe : « Il nous a dit que cet homme avait été hospitalisé et ramené ensuite à son domicile à Notre-Dame- d’Aliermont mais le lendemain, il était revenu dans la rue d’Ecosse » .
Des propos confirmés par Marie-Luce Buiche, l’adjointe au maire en charge des solidarités. « Les services de la Ville se sont souvent déplacés auprès de lui et on a alerté les services de sous-préfecture, indiquet- elle. On l’a même ramené dans son logement sur le plateau aliermontais mais, à chaque fois, il revient dans la rue d’Ecosse. A notre niveau, on ne peut le contraindre à rester chez lui » . L’élue ajoute : « Cet homme est sous tutelle, c’est aussi à son tuteur de trouver une solution » .
Udaf : « On n’est pas tout puissant »
A l’Udaf, l’Union départementale des associations familiales de Dieppe qui se doit de protéger cet homme, la responsable explique succinctement que son organisme assure des mesures de protection juridique de la personne ou des mesures de représentation, « mais la personne garde des droits et des libertés même si elle est sous tutelle » . Elle poursuit : « La personne choisit son lieu de vie et de se déplacer comment elle l’entend » . Et de conclure : « On fait ce que l’on peut mais on n’est pas tout puissant » .
Cet homme qui perturbe la quiétude de la rue d’Ecosse a été emmené mercredi dernier par les sapeurs-pompiers à l’hôpital de Dieppe. « C’est une infirmière qui est passée et qui a vu qu’il était complètement déshydraté. On ne se fait pas d’illusion, quand il va ressortir, il reviendra » rapportait, vendredi dernier, une habitante du quartier.
Face à l’impuissance de différents interlocuteurs, les riverains comptent maintenant sur l’action du pouvoir judiciaire : « maintenant que le procureur de la République a été prévenu, ça va peut-être bouger » espère un habitant. Une voisine enchérit : « La justice, c’est long. On n’a pas fini d’en passer des nuits blanches… » . Certains d’entre eux comptent déménager si la situation vient à se poursuivre.