Les Informations Dieppoises

Une nouvelle saignée à venir

L’hôpital de Dieppe ne cesse d’accumuler les mauvaises nouvelles. Après la perte du fonds d’investisse­ment régional de 2 millions d’euros, l’État pourrait encore opérer une nouvelle saignée dans le budget 2017. Il manquerait alors près de 6 millions d’eur

- Camille Larher

« Le personnel a assez trinqué ! » . La CGT des hospitalie­rs de Dieppe s’inquiète d’une récente annonce faite le 7 avril, au cours du conseil de surveillan­ce de l’hôputal : l’État va revoir le système de la tarificati­on à l’activité (T2A). « Toute l’activité de l’hôpital est actée, souligne Bruno Ricque, secrétaire générale de la section dieppoise du syndicat. La T2A déclenche les versements de la sécurité sociale à l’établissem­ent. Et l’État a décidé de diminuer les tarifs » . L’hôpital aura donc la même activité mais sera moins payé. « Pourtant, nous l’avons augmentée de 50 % ! » , ajoute Bruno Ricque. Tous les ans, la T2A est revue par le ministère de la Santé. « Par exemple, l’hospitalis­ation de jour en médecine va être déclassifi­ée en consultati­on externe » , reprend- il. L’hôpital pourrait perdre jusqu’à 400 000 €.

Une situation difficile pour la direction de l’hôpital qui doit, chaque année, jongler avec de nouvelles directives. Et cette mauvaise nouvelle vient s’ajouter à celle annoncée dans nos colonnes le 4 avril 2017. L’Agence régionale de santé aurait décidé de ne pas attribuer un fonds d’investisse­ment de 2 millions d’euros à l’établissem­ent dieppois. Grâce à l’interventi­on d’élus, de la direction et des syndicats, l’ARS pourrait revenir en arrière mais pour l’instant rien n’a été confirmé par écrit. L’hôpital se trouve donc dans une situation délicate en ce début d’année 2017, le déficit dans le budget s’élevant à 3,6 millions d’euros. Si l’ARS et l’État ne revoient pas leur copie, il manquerait près de 6 millions d’euros à la structure. Le budget serait alors de 114 millions d’euros au lieu de 120 millions d’euros. « Sachant que c’est la somme minimum pour pouvoir payer tout le monde » , précise Bruno Ricque.

Des gains de productivi­té

Des nouvelles qui ne laissent rien présager de bon pour cette année 2017. Notamment pour le personnel. « Nous sommes là pour soigner les gens et nous n’allons pas commencer à choisir nos patients » , lance Bruno Ricque. Des services pourraient être touchés comme la gériatrie ou les urgences d’Eu, déjà sur la sellette depuis plusieurs années. « Nous ne voulons pas connaître la situation de Cherbourg et Valognes » , fait-il remarquer. L’année dernière, pour faire des économies, les urgences de Valognes, à 20 km de Cherbourg, ont été fermées. Engorgeant davantage encore les urgences de du Cotentin. « Ici, la situation serait la même et le personnel est déjà sous tension, explique le secrétaire général de la section CGT des hospitalie­rs. Les malades renonceron­t à se faire soigner, ils arriveraie­nt dans un état dégradé » . Des gains de productivi­té ont déjà été réalisés et des jours de RTT rendus.

« La durée moyenne de séjour a baissé (ce qui avait été demandé par le ministère N.D.L.R.) et cela se traduit forcément par plus de travail pour le personnel », poursuit-il. En chirurgie-orthopédie, les infirmière­s partent à 15 h au lieu de 14 h. « On nous dit alors que nous sommes mal organisés » , lance une syndiquée. Les médecins se sont aussi exprimés sur la question et « ils remarquent qu’ils répondent moins au besoin » , a noté Bruno Ricque. La section dieppoise de la CGT des hospitalie­rs ne compte rien lâcher. Elle ne veut rien remettre en cause, dans aucun service. Car les premiers à trinquer pourraient être le personnel des cuisines, des services techniques, tout ce qui concerne la logistique finalement. Pour l’instant, le syndicat veut sensibilis­er la population, le personnel et les médecins.

« Nous ne pensions jamais en arriver là, termine Bruno Ricque. Ça tourne mal, ça sent mauvais. Et dans les services, la situation est déjà dure. Il faut se préparer pour ne pas passer dans le rouleau compresseu­r ! » . Actuelleme­nt, l’hôpital de Dieppe compte 1 600 agents sans compter le nombre de médecins. Des actions pourraient être mises en place dans les semaines à venir.

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La CGT des hospitalie­rs veut alerter la population et le personnel sur la situation de l’hôpital.
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Il pourrait manquer près de 6 millions d’euros au budget 2017 de l’hôpital.

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