Les déchets des uns font le bonheur des autres
Sur la zone Eurochannel, les entreprises n’ont pas attendu pour créer des liens entre elles, grâce à l’Association des Entreprises d’Eurochannel, l’AEE. Celle-ci propose, parmi ses actions, des rencontres mensuelles entre patrons autour d’un petitdéjeuner, dans une société différente à chaque fois. L’occasion de mieux connaître ses voisins et de pouvoir échanger, « car souvent nous avons les mêmes besoins, les mêmes problématiques » , explique Gilles Lorin, le patron de Crustafrais.
De discussion en discussion, ce dernier a découvert qu’il pouvait s’entendre avec Toshiba pour obtenir des palettes. En effet, cette entreprise reçoit des éléments sur palettes en bois dont elle n’a plus besoin ensuite pour ses activités. Il doit donc les faire détruire, ce qui lui coûte de l’argent.
« Consommateur de palettes perdues »
Gilles Lorin, de son côté, est un gros « consommateur de palettes perdues » , souligne-til. Des palettes non consignées, qui lorsqu’il envoie ses produits de la mer, ne reviennent pas. Cela représente l’équivalent de 15 à 20 par jour en période normale et cinq fois plus à Noël. Il doit donc soit en acheter soit en trouver dans d’autres entreprises, « ce que je suis capable de faire grâce à mon service logistique », poursuit-il. « Nous avons trouvé un accord avec Toshiba, nous allons une fois par mois ou tous les deux mois récupérer chez eux les palettes dont nous avons besoin. »
Sachant qu’une palette perdue coûte 3,50 €, il est gagnant. Et Toshiba aussi. « Nous avons commencé une démarche de réemploi de palettes avec l’entreprise Crustafrais depuis l’année 2014 à raison de 200 palettes ( soit 2 tonnes) en moyenne par an. Ces palettes étaient destinées à la destruction avec un coût moyen de 135 € la tonne » , précise Pascal Mendes, adjoint à la direction département qualité, responsable Qualité Hygiène Sécurité Environnement et formation chez Toshiba, également prési- dent de l’AEE.
Toshiba a rejoint le groupe du PNSI et a déjà beaucoup de choses à proposer aux autres entreprises : du big bag souillé par de la matière première non dangereuse à des PC en remplacement de leur parc informatique, en passant par 28 tonnes de déchets papier, 391 tonnes de déchets carton…
Pascal Mendes et Gilles Lorin croient beaucoup en ce type de coopération. « Elle se fait naturellement au cours de la discussion. Et c’est nécessaire d’être soudé » , conclut ce dernier.