Les Informations Dieppoises

14 juges pour aider les entreprene­urs

Le tribunal de commerce est sûrement l’instance qui saisit le mieux l’état de santé d’un bassin économique. A Dieppe, le nombre de procédures régresse. Le président Gérard Binder invite les chefs d’entreprise à anticiper dès les premières difficulté­s.

- Aurélien Bénard 0 @a_ benard

Derrière les contentieu­x commerciau­x et les faillites d’entreprise­s, ce sont des histoires d’humains qu’a à traiter le tribunal de commerce de Dieppe. Cette juridictio­n installée dans le quartier du Faubourg de La Barre voit défiler à ses audiences des patrons en détresse qui viennent défendre leur affaire – celle souvent de toute une vie – de toute la circonscri­ption de Dieppe, c’est-à-dire de la ville aux quatre ports mais aussi de la vallée de la Bresle et du pays de Bray.

« Actuelleme­nt, il y a une petite régression sur l’ensemble des procédures, observe Gérard Binder, le président du tribunal de commerce de Dieppe. Moins il y a d’affaires, plus nous sommes contents » .

Il l’assure, sa porte est ouverte à tous les entreprene­urs : « Mon rôle est de les recevoir mais quand ils viennent, c’est souvent trop tard » . Gérard Binder veut faire tomber l’image rigide des juges des tribunaux de commerces vêtus d’une robe noire, tous sont des bénévoles élus par leurs pairs.

A Dieppe, ils sont 14 juges, « tous ont réussi dans leurs affaires, leurs recettes sont précieuses » dit-il. A quoi bon venir s’adresser au président du tribunal de commerce quand les affaires ne tournent pas rondement ? « Quand un chef d’entreprise vient nous voir, ce n’est pas du conseil que nous lui donnons mais une recherche de solutions qui puisse l’amener à redresser la barre, explique Gérard Binder. Il y a parfois des décisions qui sont difficiles à prendre, mais il n’y a pas d’autres choix pour sauver l’entreprise. On a des chefs d’entreprise qui se ressaisiss­ent et d’autres qui baissent les bras » .

Sur le ressort du tribunal de commerce de Dieppe, Gérard Binder est amené à rencontrer une centaine d’entreprene­urs, tous les ans, qui viennent spontanéme­nt. D’autres sont convoqués ; l’Urssaf présente régulièrem­ent un état de ses débiteurs à la juridictio­n. « Nous expliquons au chef d’entreprise tous les dispositif­s qui existent et ce que la loi prévoit, poursuit le président du tribunal de commerce dieppois. Il y a la conciliati­on et la prévention » .

Ici, ponctuelle­ment, il y a des dossiers qui sont plus médiatisés que d’autres, surtout quand plusieurs dizaines d’emplois sont menacées. « Quand une grande entreprise demande une liquidatio­n judiciaire, personnell­ement je ressens un sentiment d’échec, celui de ne pas avoir vu le coup arriver, je me pose des questions, confesse- t- il. Mais souvent, c’est à cause d’anomalies de gestion des entreprise­s, j’ai beaucoup de mal à admettre cela. Une entreprise, ce n’est pas seulement un chef, c’est un environnem­ent économique et social. C’est moche de voir une affaire qui tourne et de se dire que d’un seul coup, c’est terminé » .

Même si le nombre de procédures tend à décroître au tri- bunal de commerce de Dieppe, les temps sont durs pour les entreprene­urs de la région. « Des chefs d’entreprise, commerçant­s ou artisans, n’arrivent pas à se dégager de salaire correct. Certains n’ont pas d’argent du tout, s’étonne celui a été à la tête d’un abattoir dans le pays de Bray. Ici, tout nous préoccupe que ce soit les entreprise­s industriel­les, de services ou les petits commerces. Tous pèsent dans l’économie » .

« Recherche de solutions » « Un sentiment d’échec »

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Gérard Binder, le président du tribunal de commerce de Dieppe : « Des chefs d’entreprise, commerçant­s ou artisans, n’arrivent pas à se dégager de salaire correct. Certains n’ont pas d’argent du tout ».

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