À bicyclette… (air connu)
C’était en 2003. La Une de notre journal livrait une information surprenante : « Evénement à Dieppe : le tire-vélos débarque » : La rue Montigny et la rue du Mont-de-Neuville allaient être dotées de remontepentes pour vélos. Il s’agissait d’un projet du Lycée Neruda, mené en partenariat avec la Ville de Dieppe. La municipalité avait d’ailleurs confié son enthousiasme : « Ces types d’aménagement sont soutenus par l’Europe. Cela va représenter un progrès énorme pour les transports individuels » .
Quelques riverains s’en sont émus, on a échappé de peu au comité de soutien contre le projet, avant que l’on ne découvre qu’il s’agissait d’un poisson d’avril du journal concocté entre les adhérents de Dieppe à vélo, quelques profs du lycée Neruda avec la complicité de la municipalité.
Un photomontage improbable avait doté la rue Montigny d’un tire-fesses et quelques cyclistes dieppois avaient posé pour la photo. C’était une époque où l’humour permettait beaucoup de choses et le choix de ce canular témoignait déjà d’une préoccupation que l’on n’appelait pas encore les transports doux. Ces derniers ont fait leur entrée en ville 5 ans plus tard où, dans l’euphorie d’un renouvellement municipal, les initiatives les plus diverses furent imaginées. Un collectif éphémère : « Dieppe à roulettes » allait en faire voir de toutes les couleurs au bitume dieppois : vélos, rollers trottinettes furent conviés à investir les rues de la cité, tandis que l’élu en charge des transports évoquait des pédibus, poneybus, noctambus. Bref, une inflation de solutions raisonnables ou fantaisistes fut alléguée pour faire entrer les déplacements alternatifs dans nos vies. Dieppe serait un paradis pour cyclistes bien avant que l’on ne parle d’assistance électrique.
Depuis le vélo n’a toujours pas trouvé sa place dans la ville et certains tronçons de pistes sont franchement infréquentables comme celui du quai du Hâble qui, avec ses rustines de goudron, trous et rails apparents requiert un fessier endurci plus aguerri à supporter l’enfer des pavés d’un Paris-Roubaix qu’une balade en bord de mer.
La Ville de Dieppe vient de lancer une étude pour améliorer la pratique du vélo dans la cité : on ne peut qu’approuver ce projet en ne doutant pas qu’il sera à la hauteur de nos espérances… Enfin !