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La ferme du Bourbon a du goût

Brigitte et Bernard Tailleux, à la ferme du Bourbon de Crasville-la-Roquefort, assurent l’élevage d’un authentiqu­e poulet fermier. Ils sont chaque semaine sur les marchés de Luneray, Doudeville et Veules-les-Roses.

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Suite au cas de grippe aviaire dans le sud ouest de la France, le gouverneme­nt a imposé l’année dernière un vide sanitaire aux éleveurs de volaille, leur imposant l’enfermemen­t des animaux.

Si la claustrati­on ne change pas la vie des volailles élevées en batterie, pour Brigitte et Bernard Tailleux qui possèdent 10 000 m2 de parcours arboré pour l’élevage d’un poulet fermier, quelle frustratio­n. Ils ont fait une demande de dérogation et le 11 avril, ils ont reçu l’avis favorable du Départemen­t. Ils vont donc enfin pouvoir remettre les poulets dehors.

Prendre le temps

Depuis une petite dizaine d’années, ils sont chaque semaine sur les marchés de Luneray, Doudeville et Veulesles-Roses.

Accompagné­s du drapeau normand, ils revendique­nt l’entière production à la ferme, valorisent le terroir et un bon traitement de l’animal.

En effet, la ferme du Bourbon, sur les hauteurs de Crasville-laRoquefor­t, près de Fontaine-leDun, est loin des conditions de production­s intensives du poulet dit standard.

Un poulet fermier, ça demande du temps. « Une centaine de jours », indique Brigitte Tailleux. Longévité exceptionn­elle par rapport à un poulet en batterie qui atteint son poids d’abattage en 40 jours. Son époux, qui a l’expérience d’un élevage de poulet de qualité, énonce la règle d’or : « Ici, on ne presse pas » . Le temps, c’est précieux. Et le respecter, c’est faire en sorte que les choses se fassent bien, comme elles sont.

Il y a des signes. Le saule pleureur dans la cour et le magnolia qui perd peu à peu ses grosses fleurs.

Le bosseron qui garde la maison et salue tranquille­ment. Un noyer centenaire enlacé par un rosier liane qui « au mois de juin parfume toute la cour » , fait savoir Bernard Tailleux.

Cette sensibilit­é aux fleurs, aux arbres, au temps n’est pas rien. Elle montre qu’à la ferme du Bourbon se trame une histoire, une histoire de goût.

L’élevage de poulets, ça fait une trentaine d’années que Bernard Tailleux le pratique. Dix ans de label rouge. Aujourd’hui, sans la certificat­ion, l’élevage reste le même, un poulet roux type label. Pourquoi label ? Parce que sa chair est ferme et goûteuse. En un mot, parce qu’il est bon.

De l’espace

Si les poulets du Bourbon ont du temps, ils ont aussi de l’espace. Et du plein air puisqu’ils peuvent jouir d’un hectare de parcours enherbé. Pas les uns sur les autres : « Ils ont de quoi se faire les pattes et les muscles, et satisfaire leurs besoins omnivores en se nourrissan­t d’herbe, d’insectes et de vers de terre » , précise l’éleveur.

Le terrain parsemé d’arbres et de pommiers majoritair­ement, profite aux poulets car ils leur donnent de l’ombre par temps chaud, des nutriments variés, des pommes à picorer. Et les arbres servent d’abri, le poulet étant comme la plupart des oiseaux extrêmemen­t sensibles, s’il se sent menacé par un rapace, il trouvera refuge aussitôt sous un arbre si bien qu’un parcours arboré garantit l’apaisement.

Enfin, depuis 2009, Brigitte et Bernard Tailleux abattent euxmêmes les poulets. Un atout supplément­aire pour la ferme du Bourbon, puisque comme le fait remarquer l’éleveur « les bêtes restant sur place, il suffit de les transporte­r en brouette du poulailler à l’abattoir » . Ni gros voyage, ni camion où l’entassemen­t des animaux génère un stress considérab­le.

Les maisons à colombage, le puits dans la cour, l’arbre centenaire, le foin, la paille, le blé et le lin cultivés par Bernard et Brigitte, les poulets dans l’herbe… la ferme du Bourbon a tout d’une ferme authentiqu­e où les choses naturellem­ent ont l’air du temps.

 ??  ?? Un poulet d’un mois dans les mains de Bernard Tailleux. Le dossier concernant la réserve d’eau, située en face de la maison de Jean-Louis Guérou à Rosay, est aujourd’hui entre les mains d’un juge administra­tif. (Photos d’archives).
Un poulet d’un mois dans les mains de Bernard Tailleux. Le dossier concernant la réserve d’eau, située en face de la maison de Jean-Louis Guérou à Rosay, est aujourd’hui entre les mains d’un juge administra­tif. (Photos d’archives).

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