Paul Noël raconte la bataille de Veules
Pour son discours du 8 mai commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale, le maire de Veules-les-Roses a choisi de rappeler à la mémoire la bataille de Veules du mois de juin 1940. Paul Noël, qui avait 14 ans à l’époque, s’en souvient personnellement.
Paul Noël joue au ballon avec des copains sur la plage, après l’estacade. Soudain, des fumées qui sortent des falaises attirent leurs attentions. Ils ne jouent plus, ils regardent. « Mais vous êtes fous, vous allez vous faire tuer ! » s’exclame un passant. Des avions allemands ont tiré sur un avion allié qui tombera vers Blosseville.
Paul Noël avait 14 ans en 1940. La bataille de Veules, il s’en souvient et la raconte à l’occasion de la commémoration du 8 mai.
Dimanche 9 juin 1940
La messe finit à peine qu’un avion rase le clocher, poursuivi par des chasseurs allemands. Tout le quartier de l’église se réfugie dans la cavée du marché. A travers les branches des arbres, les chasseurs allemands. Paul retrouve des copains du quartier. Quelqu’un s’inquiète : « Allez- vous vous taire, ils vont vous entendre ! »
Le soir du 10 juin, la famille Noël couchera chez Prudence, une vieille Veulaise qui habite dans la cour du vieux château. Dans la cour du vieux château, il y a une cave, avec deux issues.
Mardi 11 juin 1940
Le marchand de fruits et légumes rentre en camion de Rouen. Il annonce au quartier de l’église qu’il est sans doute un des derniers à avoir pu passer. « J’ai un chargement de cerises que j’pourrai pas vendre, dit-il à Paul, veux-tu des cerises ? »
Selon l’intensité du bruit que font les canons, ils se représentent la distance : « Ça, c’est Doudeville ! » estime untel. 18 kilomètres.
Les Allemands commencent à bombarder Veules. Désormais, dans la cave de Prudence, il y a quasiment tout le quartier. Une bombe incendiaire tombe sur la maison et la cave s’enfume. Tout le monde sort et dehors ça mitraille. Direction la cavée de la croix la dame. A l’abri déjà, la brave Berthes finit de manger un os de poulet. Elle a mis un plat sur sa tête, comme un casque. Des branches cassent. Le père de Paul pense que les Allemands tirent du haut de la cavée. Pour protéger son fils, il le recouvre de tout son corps.
La nuit tombe et voilà un détachement anglais- français qui pénètre dans la cavée. Un officier engueule les gens : « Vous voulez vous faire tuer ! Une maison, ça ne brûle pas deux fois, retournez dans la cave ! »
Dans la cave, ils entendent siffler des bombes. Il y en a qui pleurent, d’autres qui prient avec leurs chapelets.
Mercredi 12 juin
Vers 5 ou 6 h du matin, plus aucun sifflement. Une fois le jour levé, quelqu’un décide de sortir et d’aller voir. « J’en ai vu qu’un, dit-il quand il revient, il est en vert. » « Il est en vert, ah ! s’écrie un autre, c’est un Canadien. » . Tout le monde rentre à la maison.
Le Canadien en vert parlait allemand. La mère de Paul se remet de ses émotions. Arrive un Allemand, armé. Il regarde Paul profondément qui est resté devant la maison. « Merde ! Comment ça va se passer ? » pense le jeune homme de 14 ans. Mais celui qui faisait l’inspection de toutes les maisons ne rentrera pas chez les Noël. « Et voilà, Paul se souvient, 77 ans plus tard, nous étions occupés » .