Les Informations Dieppoises

Le moniteur avait des relations avec des mineures

Un moniteur de centre équestre de la région dieppoise a été condamné par le tribunal de Dieppe pour des atteintes sexuelles sur deux mineures en abusant de l’autorité de sa fonction, entre 2006 et 2012.

- V. W.

Elle avait 15 ans, lui 30 ans de plus. Elle était son élève puis son apprentie. Lui était moniteur d’équitation dans un centre de la région dieppoise. Cinq ans après les faits, ce mardi 16 mai, ils se sont retrouvés au tribunal de Dieppe. Elle sur le banc des parties civiles ; lui à la barre pour répondre de faits d’atteintes sexuelles sur mineure de plus de 15 ans par personne abusant de l’autorité de sa fonction, sur cette jeune fille à partir de 2011, mais aussi sur une autre victime, en 2006.

Abus d’autorité ?

La majorité sexuelle en France est fixée à 15 ans, c’est l’âge à partir duquel un mineur peut entretenir une relation sexuelle avec un adulte n’ayant pas autorité sur lui, sans que cet adulte commette une infraction pénalement réprimée. Toute la question débattue lors de cette audience était donc de déterminer si oui ou non le moniteur avait abusé de sa position.

Toute l’affaire a été révélée en novembre 2012 lorsque la mère de la jeune fille a porté plainte quand elle a découvert que cette dernière avait des relations sexuelles avec son professeur d’équitation et maître de stage. L’adolescent­e fréquentai­t ce centre depuis ses 11 ans et était formée par une monitrice, jusqu’au jour où le prévenu a tout fait pour la prendre dans son cours, « sous son aile » , prétextant un potentiel à développer. Une relation de confiance s’instaure entre l’homme et les parents de son élève, qui passe de plus en plus de temps au centre équestre. Le moniteur la favorise, lui donnant par exemple les meilleurs chevaux à monter…

Lui confie être tombé amoureux de la jeune fille. Elle explique qu’elle aussi l’aimait, mais plus à la fin qu’au début… Toutefois leurs versions diffèrent lorsque les enquêteurs s’intéressen­t à qui a pris les premières initiative­s : pour elle, c’est lui qui l’a embrassée le premier, puis l’a menée à avoir des relations sexuelles. Lui n’est pas aussi clair.

« Les dieux de la boutique »

Au fil des auditions se dessine le portrait d’un moniteur bénéfician­t d’une certaine aura, qui fascine les jeunes filles du centre équestre. « Tous les moniteurs sont les dieux de la boutique. Les élèves les admirent » , avait même expliqué celui-ci aux gendarmes. « J’étais tellement passionnée par le cheval que je l’ai mis sur un piédestal » raconte la victime.

Suite à cette affaire, la réputation de l’adolescent­e a été entachée, car elle a eu plusieurs petits amis à cette période, ce qui fait dire à certaines personnes qu’elle est une aguicheuse. Lui passe pour la victime qui s’est fait séduire. « Mais où est l’adulte ? » , s’interroge la juge notant une nouvelle fois la différence d’âge.

D’autant plus que les enquêteurs sont parvenus à mettre au jour une relation entretenue entre le prévenu et une autre adolescent­e, mais cette fois en 2006. Les magistrats pointent du doigt le même mode opé- ratoire : une élève de 15 ans fascinée par son moniteur. Il propose à ses parents avec qui il s’est lié d’amitié de la faire entrer comme apprentie au centre équestre. Elle se retrouve seule dans un appartemen­t à plusieurs kilomètres du domicile de ses parents. Puis un jour, il prend l’initiative de l’embrasser, profite de sa fragilité et commence à entretenir une relation avec elle.

« Si vous n’aviez pas fait ce métier, pensez-vous qu’elles seraient tombées amoureuses de vous ? » , demande la juge au prévenu. C’est la jeune fille qui répond à cette interrogat­ion : « S’il n’avait pas été moniteur, je pense que ça ne se serait pas passé. Quand on le regarde au bord de la carrière, on flashe, parce qu’il est doué pour le cheval. » La juge note : « L’amour ne permet pas tout. Une jeune fille de 15 ans n’a pas la même maturité qu’un homme de 45 ans. C’est à l’adulte de poser les choses. »

« Elles lui ont donné leur virginité »

« Adulé, admiré, il a profité du prestige de sa fonction, de son autorité, pour abuser de la fragilité et de la crédulité de ces jeunes filles, lance la procureure. Sous son emprise, elles lui ont donné leur virginité. Il dit qu’il n’a pas pu résister à ces jeunes filles. Il essaie de faire croire qu’il est faible, il n’en est rien. Son stratagème était bien rodé. »

Elle parle d’un coureur qui aurait attiré les victimes dans ses filets. Elle demande deux ans de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans, d’une obligation de soins et d’indemniser la victime. « Et vu son profil, je demande en peine complément­aire l’interdicti­on définitive d’exercer une activité profession­nelle avec des mineurs » ajoute-t-elle.

La dernière partie des réquisitio­ns du ministère public fait bondir Me Capitaine, l’avocate du prévenu. Elle met en avant des mensonges qu’aurait racontés la jeune fille lorsqu’elle était adolescent­e, notant qu’il ne fallait peut-être pas tout croire dans ce dossier et qu’il ne fallait pas « confondre le pénal et la morale dans cette affaire » . Elle glisse alors un parallèle avec Emmanuel Macron qui a été l’élève de sa femme Brigitte avec le même écart d’âge.

Pour elle, il est certain que son client dispose d’une certaine aura auprès de ses élèves, mais il n’aurait pas abusé de son autorité. S’il a favorisé les deux jeunes filles, c’est dans le cadre de son travail car elles étaient prometteus­es. Et surtout, elle martèle que l’adolescent­e était aguicheuse, qu’elle n’était « pas totalement naïve et soumise » .

Finalement, le tribunal a condamné le prévenu à un an de prison avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve de deux ans, l’obligation de soins et d’indemniser la victime à qui il doit verser 3 000 € de dommages et intérêts et 1 000 € de frais de justice. En revanche, il peut continuer à travailler auprès de mineurs car durant les quatre ans de contrôle judiciaire, il n’a pas fait d’écarts.

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Le moniteur équestre avait des relations sexuelles avec deux jeunes filles de 15 ans. (Photo d’archives)

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