La mécanique du moindre mal
Tout a commencé avec cette interrogation : mais que pouvait bien faire le portrait de Nicolas Bay placardé sur les murs de notre ville ? La réponse n’a pas tardé : le secrétaire général du FN postule pour un mandat sur la 6e circonscription après avoir relégué l’ancienne prétendante à sa suppléance.
En réaction à cette nouvelle et dans un ensemble touchant, les candidats déjà en piste plaident l’unité pour faire front. Marie Le Vern candidate autoproclamée de la majorité présidentielle, « appelle chacun à mettre son ego de côté » tout en ajoutant sans rire être la plus à même de porter le drapeau du rassemblement. Une opinion partagée par Blandine Lefebvre roulant pour la droite et le centre, à ce détail près que c’est elle qui se pose en rassembleuse.
De son côté Sébastien Jumel, mélanchonien subliminal, estime que voter pour lui « est le meilleur moyen de faire obstacle au FN » . Enfin, Philippe Dufour flanqué de sa suppléante « En marche » depuis le 8 mai (on dirait que ça ne se bouscule pas chez les marcheurs !) n’envisage pas son retrait. Seul Frédéric Weisz de chez Les Verts évoque une possible candidature commune avec Sébastien Jumel, mais cela est tout sauf un scoop.
Bref, unissons-nous pour faire face, mais sans que personne ne se désiste au profit d’un autre, on connaît la chanson. Ces prochaines élections vont donc se jouer comme un remake de la présidentielle. Chaque cheval va partir dans son couloir persuadé d’être le meilleur, puis lors des résultats prévisibles du premier tour, on va s’affoler, menacer, brandir la grande peur de l’extrême droite et il nous faudra « voter utile » comme d’habitude.
Il y aura peut- être des alliances, peut-être des triangulaires, peut-être des quadrangulaires, peut-être… Bien des scénarios sont possibles et nous, simples citoyens, devrons nous accommoder de ces arrangements imposés.
Dans un pays usé par des campagnes électorales qui n’en finissent pas, avec toujours les mêmes éléments de langage sur le rassemblement pour vaincre le Front national, c’est la résignation au moindre mal qui, pour beaucoup déterminera le choix final d’un candidat. Un pis-aller porteur de ressentiments et déconvenues qui risquent de nourrir et faire prospérer dans l’avenir cette extrême droite que l’on voulait combattre au départ.