La comédie dans la peau
Pour la première fois depuis de nombreuses années, la comédienne Claire Conty va venir jouer dans sa ville natale dans une pièce qui a inspiré le film Les Tuche. Très attachée à Dieppe, cette « chauvine » connaît la ville comme sa poche. Et pour cause…
Claire Conty a le visage de la bonhomie. Elle affiche un large sourire sous un regard rieur. Elle joue la maman dans une pièce qui a inspiré le film Les Tuche. Une femme d’origine populaire qui, pour l’amour de sa fille, se transforme en ce qu’elle n’est pas. « Je me suis mise au boulevard assez tard » , souligne-telle. Après un parcours classique, elle se révèle en faisant rire. «À l’époque, Jacques Fabbri cherchait une jeune première de caractère… » , ajoute- t- elle. L’aventure commence : feuilletons, doublages… Puis des pièces de théâtre mais de manière plus sporadique. Un réseau à se créer avant de décrocher des rôles à Paris. Sans jamais rien lâcher.
Aussi loin qu’elle se souvienne, Claire Conty a toujours voulu jouer la comédie. Née à Dieppe à l’aube des années 60, elle est passée par le collège Georges-Braque avant de rejoindre le lycée Ango. « Je voulais absolument faire partie de la troupe de théâtre de l’établissement » , se souvientelle. Pourtant, elle y arrive par un concours de circonstance. « La fille qui devait jouer dans La maison Bernardin est tombée malade, raconte la comédienne. Je suis allée voir Francine Her- melin, qui dirigeait la compagnie. J’ai fait un essai et elle m’a prise » . Claire Conty est alors en classe de seconde et ne tarit pas d’éloge sur cette femme qui lui a tant appris. « Elle avait une rigueur incroyable ! » , reprend-elle.
De grands noms
Passe ton bac d’abord ! La fameuse phrase que beaucoup d’artistes ont entendue avant de pouvoir voler de leur propre aile. Les parents de la jeune fille de l’époque pensent à son avenir. Papa est urbaniste à la Ville de Dieppe, maman occupe un poste de principale au collège Braque. Elle parle de quatre générations de Dieppois, de ses aïeux comme Jean-Baptiste Cassel qui était pharmacien, météorologue. Son arrière-grand-tante, une artistepeintre de l’école de Rouen. Claire Conty connaît l’histoire de chaque rue, à Dieppe. « Et pour cause, c’est mon père qui a créé la rue piétonne, le square des Canadiens et dessiné les plans du futur port de plaisance » , annonce-t-elle, avec fierté. Impossible donc de répertorier intégralement le tra- vail du paternel.
Après le lycée, elle réussit le concours du conservatoire à Rouen. Claire côtoie de grands noms : la Dieppoise Valérie Lemercier, Virginie Lemoigne. Elle joue Célimène, le Misanthrope, Abigaël de Sartre… Mais l’appel du boulevard est plus fort, à l’image de l’émission Au théâtre ce soir, sur la première chaîne de l’ORTF.
Intermittente du spectacle, elle a aussi un pied dans le monde de la production pour faire tourner des pièces. Elle est aussi passée devant la caméra, comme à Dieppe avec Chabrol pour Une affaire de femmes, avec Jean-Paul Rappeneau pour Belles familles, et plus récemment dans La fille de Brest et le Grand bain de Gilles Lellouche. Autant de films dans lesquels Claire Conty apparaît. Avant de revenir à la maison, à Dieppe, pour se replonger dans le grand bain : celui du rire.