Jugés pour une rixe et un coup de couteau huit ans après
Vendredi, le tribunal de Dieppe a jugé une affaire de rixe s’étant déroulée dans le quartier de Janval, à Dieppe, en août 2009. Elle s’était soldée par un coup de couteau. Les prévenus ont été condamnés à de la prison avec sursis.
Ils avaient 18 ans à l’époque des faits. Vendredi matin au tribunal de Dieppe, ces trois jeunes Dieppois comparaissaient au côté d’un autre habitant de la commune, âgé de 40 ans, pour une affaire qui remonte à août 2009. Les trois premiers étaient poursuivis pour des dégradations et des violences en réunion, le dernier pour avoir mis un coup de couteau à l’un d’eux .
Rue Paul-Simon
Tout débute ce soir- là vers minuit, lorsque les trois jeunes, bien alcoolisés, passent rue Paul- Simon dans le quartier de Janval à Dieppe. Sans raison précise, l’un d’eux lance sa canette de bière sur le mur d’un immeuble. Dans l’appartement, un couple et ses amis font une soirée. L’habitante des lieux se met au balcon pour demander aux jeunes de se calmer. Le ton monte, elle décide de sortir pour aller s’expliquer.
Elle se fait alors copieusement insulter et prendre à partie. Pendant ce temps, son compagnon qui craint pour sa sécurité, dé- cide de la rejoindre et au préalable prend un couteau, « au cas où » , dit-il.
C’est là que les positions divergent entre les différents protagonistes et les déclarations des témoins. Lui dit s’être fait frapper en premier. Ce qui est certain, c’est qu’il a reçu des coups : des photos d’hématomes sur son corps en attestent. Mais il a donné un coup de couteau à l’un des jeunes, après avoir été, selon lui, victime d’une première agression. « C’était de la légitime défense » , estime-t-il.
À la barre du tribunal, l’un des jeunes explique au contraire que c’est lui qui a pris « le premier coup de boule » de la part de ce Janvalais. Et alors qu’il voulait à son tour entrer dans la rixe, il s’est rendu compte que son assaillant venait de mettre un coup de couteau à son ami.
Ce dernier se verra prescrire 30 jours d’interruption totale de travail, après avoir été opéré le soir même pour une blessure importante. « La lame est passée près du coeur » insiste son avocate.
Des jeunes maintenant insérés
Pour la procureure, en huit ans, « beaucoup de déclarations ont varié » . Elle décide donc de prendre en compte les dépositions de chacun faites en garde à vue juste après la rixe. Dépositions qui attestent bien qu’il y a eu des coups donnés par les jeunes sur le Janvalais. Mais pour elle, il n’est pas certain que celui-ci ait agi en état de légitime défense, car il ne se souvient plus s’il a donné le coup de couteau à celui qui l’a frappé le premier.
Vu l’ancienneté des faits, le casier vierge des jeunes et leur insertion, elle demande des peines de sursis simple à l’encontre de tous les prévenus.
L’avocat du jeune qui a été frappé avec le couteau note que son client n’a pas été violent et qu’il a été handicapé suite à cet événement dans sa vie profes- sionnelle et personnelle durant un an. Il estime que la femme a été insultante et que le couple aurait pu rester chez lui pour éviter que la situation ne dégénère.
L’avocate de ce dernier martèle pour sa part que son client se trouvait en état de légitime défense et se demande ce qu’il aurait pu subir s’il n’avait pas donné ce coup de couteau. Enfin, l’avocate des deux autres jeunes reconnaît pour sa part que la responsabilité de ses clients dans la bagarre ne peut être qu’établie mais qu’en revanche, ils n’ont pas dégradé l’appartement de leurs victimes.
Finalement, la juge a estimé que l’auteur du coup de couteau n’était pas en état de légitime défense. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis. Celui qui a été blessé a pour sa part été condamné à quatre mois avec sursis comme l’un de ses amis, tandis que le dernier a écopé de trois mois avec sursis. Tous les protagonistes ont interdiction de posséder une arme dans les deux ans à venir.