Pauline Michel, une femme en mouvement
Pauline Michel, directrice de projets de l’association organisatrice du Festival du lin qui a lieu chaque année en juillet dans la vallée du Dun, est sur le départ. Elle se sera animée et passionnée pour l’événement durant cinq ans.
Sur la photo, elle applaudit. Naturellement, Pauline Michel aime l’action. À 34 ans, c’est la femme du mouvement. Même une image, à l’instar de celle qu’elle a retenue pour l’affiche du prochain Festival du lin et de la fibre artistique, est quelque chose qui bouge. Comment bouge une image ? « Ça raconte une histoire », expliquet-elle depuis son bureau, à Fontaine-le-Dun.
L’association organisatrice Alliance et Culture aurait aimé la retenir. Mais sa décision est prise. Pauline Michel s’en va le 16 juin. L’émotion était palpable lors de la dernière assemblée générale quand Patrick Ouvry, le président, a annoncé son départ. Comment ne pas s’attacher à celle qui, « entière » et saisissante, reconnaît s’investir à 300 % dans ce qu’elle fait ?
Créative et mesurée
C’est clair. En cinq ans, Pauline Michel, débordante d’énergie, a su créer, réaliser, passer à l’acte. Rien ne semble approximatif, brumeux ou laissé au hasard autour d’elle. Voilà pourquoi on y tient. Les insaisissables, eux, nous échappent. Une directrice de projets comme cette jeune femme doit évidemment avoir des idées, mais surtout accomplir et réaliser. Elle est catégorique : « Pas de plans sur la comète » . Ni procrastination. Elle aime barrer d’un trait au stylo ce qui n’est plus à faire. C’est son côté pratique, mathématique même.
Un côté qu’elle s’est découvert après avoir suivi des études de lettres et de théâtre. Mais aussi après avoir passé une année aux États-Unis comme fille au pair, afin de « se remettre en question » , dit-elle, lorsqu’elle bascule vers une licence professionnelle en commerce international. Pas simple comme parcours.
Elle aime les lettres, mais les chiffres aussi. Son ambivalence, c’est sa force. Son équilibre. Elle est poussée par l’ivresse de la création, la passion du beau, mais pas exaltée ou mystique. Enthousiaste mais sobre, pour atteindre son but, il lui faut maîtriser la situation. Une personne complexe comme une roue carrée. À la fois droite et courbe. Créative, imaginative, inattendue, mais aussi stable et mesurée. Et l’engagement. Une sorte d’actrice, au pur sens du terme, parce qu’elle agit et qu’elle croit fort en ce qu’elle fait. Echo à sa première passion : le théâtre ; bien qu’elle soit plus sensible à l’écriture et à la mise en scène qu’au métier de comédien. Une réalisatrice.
De nouvelles pages
Cinq ans de travail pour Alliance et Culture, c’est comme si on était au cinquième et dernier acte d’une pièce. Mais coup de théâtre. La pièce n’est pas classique. Il y aura un sixième acte, ailleurs. Avec d’autres personnages, d’autres décors. Le côté créatif reprend le dessus. Un risque à prendre. Il faut écrire de nouvelles pages.
Celle qui aime Beckett et Brecht connaît la dramaturgie moderne. Pas toujours facile à suivre. Il y a des digressions dans la vie de quelqu’un qui la fait, sa vie. Mais pas question d’en être le spectateur. Si ça devait être le cas, elle serait une spectatrice éveillée et critique, comme le voulait Brecht.
Elle avait un emploi, une maison. Elle part à Amiens, tombe amoureuse, trouve un emploi làbas, reconstruit. Rien de grave. Un virage seulement. Pauline Michel est dans la courbe. C’est tout droit. Bon vent !